24_INT_25 - Interpellation Nathalie Jaccard et consorts - Bibliothèques scolaires vaudoises en péril : Quid d’une réforme urgente et novatrice ? (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 20 février 2024, point 8 de l'ordre du jour
Texte déposé
Les normes IFLA/UNESCO qui édictent les principes fondamentaux du développement des bibliothèques scolaires énoncent dans son manifeste :
« La bibliothèque scolaire fournit l’information et les idées indispensables à quiconque veut réussir sa vie dans la société́ d’aujourd’hui, qui repose sur l’information et le savoir. En procurant aux élèves les outils qui leur permettront d’apprendre tout au long de leur vie et en développant leur imagination, la bibliothèque scolaire leur offre les moyens de devenir des citoyens responsables. »
Or, les bibliothèques scolaires vaudoises traversent visiblement une zone de turbulences inquiétantes. En effet, des difficultés persistantes entravent la qualité des services fournis aux élèves et aux enseignant-e-s et ne leur permettent pas de remplir pleinement leur mission, pour plusieurs raisons décrites ci-dessous :
- Les EPT sont alloués par bibliothèque en fonction du nombre d’élèves. Or ce calcul ne répond pas aux besoins et compromet la capacité des bibliothécaires à répondre de manière adéquate et efficace aux besoins spécifiques. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le métier de bibliothécaire scolaire exige une polyvalence exceptionnelle, couvrant des domaines tels que la gestion des collections, le service aux lecteurs, l'animation pédagogique, la planification d'événements, et la gestion administrative. Il semblerait que la pression mise sur ce personnel entraîne une surcharge mentale qui provoque des absences maladie ou des démissions. Ces situations de défections mettent les bibliothèques dans des situations délicates, d’autant plus que la complexité de la procédure pour le recrutement et les diverses exigences qui l’accompagne ralenti significativement les possibilités de remplacements, surchargeant ainsi encore plus le personnel restant en poste.
- Une formation lacunaire qui ne prend pas complètement en compte les enjeux primordiaux de la profession et la méconnaissance du métier est également un point majeur de préoccupation. Particulièrement chez les jeunes diplômé-e-s. Les diverses spécificités du métier de bibliothécaire scolaire ne sont pas pleinement abordées dans le cadre des formations HES, créant ainsi une lacune significative dans la préparation des professionnel-le-s à leurs responsabilités variées. Cette méconnaissance est exacerbée par le caractère polyvalent du métier, nécessitant des compétences d'enseignant-e, d'animateur-trice et de gestionnaire, qui sont souvent négligées dans les formations actuelles.
- Les attentes et besoins spécifiques des enseignant-e-s et des élèves divergent selon les communes, ainsi les nécessités ne sont pas les mêmes selon les régions du Canton et diffèrent sensiblement des normes très générales édictées par la Direction Générale de l'Enseignement Obligatoire (DGEO). Lors d’échanges avec les enseignant-e-s, ils-elles révèlent un écart important entre les demandes locales et les missions définies par le Département pour les bibliothécaires scolaires, qui priorisent les animations pédagogiques au détriment des visites de classe ou autres prestations (mises à disposition de sélections thématiques par exemple) qui correspondent plus aux besoins des élèves.
En effet, la priorisation de la quantité d'animations au détriment de la qualité du programme proposé crée un sentiment d'incompréhension et d'injustice parmi les bibliothécaires qui s'efforcent de bien accomplir leur métier et en saisissent toutes les implications.
Dès lors, les questions suivantes se posent :
- Le Conseil d’État a-t-il conscience de ces diverses problématiques auxquelles sont confrontées les bibliothécaires scolaires ?
- Dans l’affirmative qu’entend-il mettre en place pour améliorer la situation tant dans le cadre de la formation, que l’adaptation des missions des bibliothèques scolaires ?
- Pour faciliter la procédure de recrutement ?
- Ou encore le calcul pour l’allocation des EPT ?
- A combien est estimé le nombre de bibliothécaires scolaires manquant-e-s ?
- Quel est le taux de rotation des bibliothécaires scolaires et le taux d’absence pour maladie longue durée ?
En remerciant par avance le Conseil d’État pour l’attention portée à cette interpellation et pour ses futures réponses.
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Alice Genoud | VER |
Céline Baux | UDC |
Yolanda Müller Chabloz | VER |
Marc Vuilleumier | EP |
Elodie Lopez | EP |
Rebecca Joly | VER |
Géraldine Dubuis | VER |
Muriel Thalmann | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Pierre Wahlen | VER |
Blaise Vionnet | V'L |
Graziella Schaller | V'L |
Claire Attinger Doepper | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Sylvie Podio | VER |
Felix Stürner | VER |
Hadrien Buclin | EP |
Didier Lohri | VER |
Yannick Maury | VER |
Claude Nicole Grin | VER |
Kilian Duggan | VER |
Vincent Bonvin | VER |
Théophile Schenker | VER |
Nathalie Vez | VER |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLe métier de bibliothécaire scolaire exige une polyvalence exceptionnelle puisqu’il couvre les domaines de la gestion des collections, le service au lecteur, l’animation pédagogique, la planification d’événements et la gestion administrative. Or, les bibliothécaires scolaires vaudois sont actuellement chahutés ! Plusieurs difficultés entravent la qualité des services fournis, aux élèves et aux enseignants, et l’accomplissement de leurs missions. Le nombre de postes (EPT) est alloué aux bibliothèques en fonction du nombre d’élèves, mais le calcul ne correspond pas aux besoins et ne permet pas de répondre de manière appropriée et efficace aux demandes spécifiques. Cette situation entraîne une surcharge, provoquant des absences pour raison de maladie ou des démissions. Ces défections placent les bibliothèques dans une situation délicate, d’autant plus que la complexité de la procédure de recrutement s’accompagne de diverses exigences, ce qui ralentit significativement les possibilités de remplacement et surcharge ainsi encore plus le personnel qui reste en poste.
Une formation lacunaire qui ne prend pas complètement en compte les enjeux primordiaux de la profession et la méconnaissance du métier sont également des points de préoccupation majeurs. En effet, les diverses spécificités du métier ne sont pas abordées, dans le cadre des formations HES, créant ainsi une lacune significative dans la préparation des professionnels à leurs responsabilités variées. Les attentes et besoins spécifiques des enseignants et des élèves diffèrent selon les communes et les régions du canton, car les nécessités n’y sont pas les mêmes et diffèrent sensiblement des normes très générales édictées par la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO). Les écarts entre les demandes locales et les missions définies par le département sont importants et la priorisation de la quantité d’animations au détriment de la qualité du programme proposé crée un sentiment d’incompréhension et d’injustice parmi les bibliothécaires. Enfin, que dire des conditions salariales de ces professionnels qui ont au minimum un bachelor, puis une formation spécifique de bibliothécaire en milieu scolaire et qui sont colloqués en classe 8 et 9 ? N’est-ce pas un scandale ?
Dès lors, la présente interpellation questionne le Conseil d’Etat à propos des diverses problématiques auxquelles sont confrontés les bibliothécaires scolaires, sur ce qu’il entend mettre en place pour améliorer la situation, tant dans le cadre de la formation que de l’adaptation des missions des bibliothèques scolaires, ou encore pour faciliter la procédure de recrutement, le calcul d’allocation des EPT, le nombre de bibliothécaires scolaires manquants, et enfin sur les taux de rotation et d’absence pour maladies de longue durée. D’avance, je remercie le Conseil d’Etat pour ses prochaines réponses.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.