22_INT_139 - Interpellation Nicola Di Giulio et consorts - CVP 117 « ne répond plus » ! (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 1er novembre 2022, point 4 de l'ordre du jour
Texte déposé
Je souhaite interpeller le Conseil d’Etat au sujet du fonctionnement de la police dans notre canton.
Depuis plusieurs années on constate de nombreux problèmes au sein des corps de police vaudois, les tensions qui existent à la Police de l’Est Lausannois, de Lavaux, les nombreuses démissions à la Police municipale de Lausanne, en 2021 le licenciement du commandant Rochat de la Police de Nyon Régions, les critiques apparemment faites de mauvaise foi contre l’Académie de Police à Savatan.
La récente éviction du commandant Schaer de la Police de l’Ouest Lausannois qui fait actuellement polémique ou encore les problèmes relatifs au fonctionnement de la Centrale Vaudoise de Police, issue de la fusion de la Centrale de la Police Vaudoise (CET) et de la Centrale d’engagement de la Police de Lausanne (CAE) du 1er mars 2022. Cette nouvelle centrale est désignée ci-après par l’acronyme « CVP ».
Par rapport à toutes ces difficultés, le monde de la politique semble se réfugier prudemment derrière des notions de confidentialité, de protection de la personne et d’interminables enquêtes en cours. Le commandement des polices concernées utilise aisément la même langue de bois pour affirmer que tout va bien et que les problèmes sont sous contrôle.
En ce qui concerne la CVP, il est bien réel que la vérité semble également sérieusement édulcorée. Dans le site de l’Etat de Vaud, il est dit « Depuis le 1er mars 2022 à 4h, la Centrale Vaudoise de Police (CVP), répond à tous les appels d’urgence 117 du canton. »
Eh ! bien non, elle ne parvient plus à répondre à tous les appels émanant du 117.
Plusieurs citoyens se sont plaints de devoir attendre plusieurs minutes avant d’avoir un opérateur en ligne. Parfois personne ne répond et le temps étant écoulé, la ligne téléphonique tombe.
Cette latence pourrait engendrer un drame duquel le Conseil d’État devra répondre.
Des révélations mentionnées dans le journal « LE TEMPS » il apparaît que le nombre d’opérateurs prévus pour œuvrer à la CVP est clairement inférieur à celui qui était programmé initialement, ce qui expliquerait ces retards ou ces absences de réponses aux lignes 117.
Toujours des mêmes révélations de ce média, il semble ressortir que du côté des policiers œuvrant dans ce service, on constate une augmentation de l’absentéisme et de burnouts. De nombreuses tensions au sein de la troupe seraient apparues à la suite de congés annulés, de vacances déplacées et autres problèmes d’intendance.
En outre, des ajustements salariaux ont été effectués pour des policiers lausannois, moins bien payés que leurs collègues vaudois. Il est mentionné également que nombre de personnes par CDD ont été engagé. Vu la complexité du travail et de l’utilisation de matériel de pointe, six mois semblent nécessaire à ces nouvelles recrues pour qu’elles soient opérationnelles.
Durant cette formation, leurs aînés supporte une charge de travail supplémentaire, car enseigner c’est apprendre deux fois. Côté gestion, si tel est vraiment le cas, il est invraisemblable d’engager des personnes par contrat de trois ans alors qu’elles perdent déjà 1/6 de leur temps à être formées.
Après ces trois ans, c’est un nouveau parcours du combattant qui recommence pour les anciens. Ces continuels départs de zéro usent la patience et la motivation du personnel, d’autant plus que tous les nouveaux arrivés ne terminent pas le cursus de formation.
Si ces problèmes de périodicités sont désagréables pour le personnel, ils le sont également pour le public, pour le citoyen, pour les vaudoises et les vaudois qui ne reçoivent pas toujours la réponse qu’ils seraient en droit d’attendre de la police, en cause parfois le manque d’expérience de certains « apprenants ».
Au niveau de l’intervention il est indispensable d’avoir des policiers d’expérience. Ce sont les premiers au contact du public. Ils doivent immédiatement évaluer la situation qui leur est présentée et prendre les dispositions nécessaires. Une petite erreur d’appréciation de leur part peut conduire à une catastrophe.
C’est le risque qui doit être assumé en laissant travailler des opérateurs épuisés et en nombre insuffisant. Enfin, ses collaborateurs sont la « vitrine » téléphonique de notre police et si l’image est mauvaise, tous les Corps en pâtiront. Finalement ces divers dysfonctionnements pourraient mettre en exergue la gestion de la Direction des Services généraux et particulièrement son chef. Je me permets de faire remarquer au Conseil d’État qu’il est de la dernière urgence d’intervenir et ceci afin de réparer si négligence il y’a eu durant la dernière législature les carences relevées.
Si d’aventure la situation venait à se péjorer ou s’aggraver d’avantage encore à la CVP, ce nouveau gouvernement pourraît en être tenu pour responsable par les vaudoises et les vaudois lésés.
Dès lors permettez-moi de vous suggérer qu’un audit indépendant de l’administration et apolitique soit mis sur pied à brève échéance, sans tenir compte de l’avis de certains cadres qui prétendraient immanquablement que tout va bien dans le meilleur des mondes.
C’est pourquoi, je me propose de poser les questions suivantes au Conseil d’État, à savoir :
Q1 : Le Conseil d’Etat était-il informé que le BRP qui gère notamment toutes les
demandes d’identification lors de contrôles de rue était tout simplement
fermé de minuit à six heures du matin durant tout l'été?
Q2 : Le Conseil d’Etat était-il informé des graves dysfonctionnements à la CVP ?
Q3 : Le Conseil d’État prévoit-il de réformer la gestion de la CVP ?
Q4 : Le Conseil d’État prévoit-il d’augmenter les effectifs de la CVP ?
En effet, la récurrence des manifestations épuise les policiers et gendarmes en rue, lesquels pourraient être utilisés de manière plus rationnelle. Et que dire des citoyennes et des citoyens vaudois se rendant à leurs activités professionnelles, devenant malgré eux, otages de ces manifestants idéalistes.
Enfin les collaborateurs de la CVP sont particulièrement impactés devant la récurrence de ces agissements et se doivent d’ « encaisser » certes de manière compréhensible, la mauvaise humeur du public qui les utilisent bien souvent comme déversoir de leur haine, en raison de l’immobilisme politique en la matière.
Je remercie donc par avance le Conseil d’État pour ses réponses éclairées.
Nicola Di Giulio
Député UDC Lausanne, le 11 octobre 2022
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Nicolas Bolay | UDC |
Laurence Cretegny | PLR |
Mathieu Balsiger | PLR |
Jerome De Benedictis | V'L |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe déclare mes intérêts : je suis enquêteur à la Police municipale de Lausanne et également formateur occasionnel à l’Académie de police de Savatan.
Cette interpellation a été déposée à la suite des récentes informations parues dans la presse quant à la situation préoccupante de la Centrale vaudoise de police (CVP) qui gère les appels d’urgence, ainsi que du Bureau de renseignement de police (BRP). La situation actuelle est la résultante des politiques menées par les conseillers d’Etat successifs à la tête de la police, dont certains ont eu plus d’égards pour des activistes de la désobéissance civile que pour nos propres forces de l’ordre. D’après plusieurs articles de presse, le service serait sous-doté en personnel et des centaines d’appels d’urgence ne seraient tout simplement pas pris en charge. Cette situation est tout bonnement inacceptable et ne doit pas être tolérée plus longtemps par le Conseil d’Etat. Et ce n’est pas tout : le BRP, qui gère notamment toutes les demandes d’identification et les contrôles en rue, était tout simplement fermé de minuit à 6h du matin durant tout l’été !
Aux yeux de l’UDC, la décision de fermer le BRP revêt une importance politique. Les policiers chargés frontalement, sur le terrain, de la sécurité des Vaudois, à la CVP ou ailleurs, sont trop souvent abandonnés par le pouvoir politique. Certains partis n’hésitent même pas à mettre l’intégrité des policiers en doute et, souvent, à jeter l’opprobre sur les forces de l’ordre, préférant entre autres soutenir des actes de désobéissance civile, comme je l’ai dit. A cet égard, il serait souhaitable de requérir du nouveau Conseil d’Etat un soutien sans faille aux forces de police. Oui, mesdames et messieurs, les policiers vaudois s’engagent à 100 % pour la sécurité de la population. Ils méritent donc que leurs chefs politiques s’engagent également à 100 % pour les soutenir.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.