20_POS_224 - Postulat Anne-Laure Métraux-Botteron - et consorts - Pour que le provisoire ne dure pas.
Séance du Grand Conseil du mardi 16 mars 2021, point 30 de l'ordre du jour
Texte déposé
-Documents
- Rapport de minorité de la commission (20_POS_224) - Jean-François Thuillard
- Rapport de majorité de la commission (20_POS_224) - Alice Genoud
- Objet et développement
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa Commission thématique des infrastructures liées aux transports et à la mobilité a traité ce postulat lors de sa séance du 29 octobre 2020, dont j’ai le plaisir de présenter le rapport de majorité. Au sortir de la première vague, le 2 juin 2020, déjà, le canton et plus particulièrement la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) nous mettait en garde contre les risques d’une augmentation importante du trafic individuel motorisé. En effet, il était sérieusement à craindre que les pendulaires préfèrent massivement prendre leur voiture plutôt que les transports publics, promettant ainsi de surcharger nos routes, mais aussi de mettre en danger les objectifs climatiques du canton. Quelque 100 kilomètres (km) de bandes cyclables devaient donc être tracés à travers tout le territoire, afin de préparer la mobilité post confinement. Nous avons pu saluer une grande avancée pour la sécurisation des cyclistes et la promotion du vélo comme moyen de locomotion sûr et durable.
Ce postulat, déposé en septembre 2020, vise à demander la pérennisation de ces nouvelles infrastructures. Il souhaite également susciter une réflexion à plus long terme sur le rôle du vélo dans la mobilité post Covid. Par exemple, cela peut passer par des itinéraires continus dans tout le canton et pas uniquement dans les agglomérations. Cela implique aussi de réfléchir au financement de ces mesures, qu’elles soient équitables, notamment par rapport aux communes, et à réfléchir aux possibilités de subventionnement. La séance de commission a permis de faire le point sur ce sujet et d’apprécier le travail accompli par le Conseil d’État en ce qui concerne la mise en place du dispositif à travers le canton, mais relativement au suivi et aux retours sécuritaires. Un bilan des 100 km des pistes cyclables sera également réalisé, ce qui permettra, nous l’espérons, d’accéder à une meilleure vision sur le futur de ses pistes et, finalement, une meilleure qualité.
Pour la majorité de la commission, il est maintenant important de pouvoir renvoyer ce postulat au Conseil d’État, pour continuer à développer la pratique cycliste, que ce soit dans une vision de mobilité post Covid ou simplement pour décarboner notre mobilité. Le vélo constitue un outil important pour la mobilité de demain, et le canton de Vaud reste, malgré ses efforts, en retard par rapport à la demande d’infrastructures cyclistes. Les efforts visant à s’assurer de la réalisation des objectifs du Plan climat devraient également être massivement encouragés, notamment dans le domaine de la mobilité douce. Cet effort relève de notre responsabilité vis-à-vis des usagers de la route, de la santé de la population, mais aussi vis-à-vis de nos enfants, s’inscrit dans la « stratégie vélo » en cours de réflexion et de concertation avec toutes les parties prenantes permettant d’actualiser l’actuelle stratégie qui date de 2010.
Pour toutes ces raisons, la majorité de la commission vous recommande de renvoyer ce postulat au Conseil d’État.
Un gros point noir a été relevé suite à la mise en place de ces mesures. Il s’agit de leur continuité à l’intérieur des localités. La minorité de la commission a estimé que certaines des mesures, prises rapidement et sans concertation, ne sont pas toujours adaptées à la situation. En effet, elles ne sont pas forcément appliquées aux endroits opportuns et risquent de poser des problèmes lorsqu’elles devront être pérennisées, que ce soit par les surfaces d’assolement (SDA) qu’il faudra compenser ou simplement par l’entretien de ces bandes cyclables. La minorité exprime également une peur relativement aux coûts des infrastructures dans cette période difficile. Des craintes ont également été exprimées sur la véritable sécurité offerte par ces bandes cyclables. La minorité se dit consciente des attentes toujours plus fortes des milieux du vélo. Enfin, pour la minorité, ce postulat comporte trop de points : pérenniser, subventionner, modifier les lois, mobilité douce qui englobe d’autres moyens de se déplacer, etc. En conclusion, nous vous recommandons de ne pas prendre en considération ce postulat.
La discussion est ouverte.
En préambule, je salue la pose de pistes cyclables qui a eu lieu jusqu’à la fin de l’année 2020. Bien que pour certains, les bandes cyclables sur les routes étroites puissent paraître inutiles, elles permettent toutefois aux cyclistes de se sentir à leur place et aux automobilistes de prendre conscience du fait qu’il peut y avoir des vélos sur la route ; ainsi, ils sont plus vigilants. L’augmentation des cyclistes sur nos routes n’est pas négligeable, et ils ont besoin d’un réseau sécurisé et continu, qui n’est pas possible sans l’appui et la participation des communes.
Par conséquent, je vous invite à prendre en considération ce postulat et à le renvoyer au Conseil d’État afin qu’il puisse étudier l’opportunité de modifier la Loi sur les subventions et que toutes les communes puissent bénéficier de subventions pour les aménagements cyclables à l’intérieur des localités. De plus, ce postulat demande à ce que le canton prenne à sa charge l’entretien des voies cyclables cantonales, comme il le fait pour les routes, cet aspect étant également un frein important à un développement cohérent du réseau. Enfin, je vous demande aussi de prendre en considération ce postulat, car le vélo et la mobilité douce en général font partie intégrante de la solution au réchauffement climatique, puisqu’il permet de faire baisser le nombre de véhicules et donc les émissions de CO2.
En préambule, j’aimerais dire que nous sommes favorables à une solution réfléchie pour les vélos. Tout le monde est d’accord sur ce point. Néanmoins, les bandes cyclables ont été organisées dans l’urgence, n’ont pas été étudiées par la Commission des infrastructures qui, en passant, a toujours fait preuve de sa volonté de suivre le Conseil d’État sur la question des bandes cyclables. Cette dernière possède les informations nécessaires pour accepter la création de routes, les liaisons avec les entrées des communes, etc. Or, dans le cas qui nous occupe, des centaines de milliers de francs ont été dépensés pour marquer les routes, alors que toutes les études n’avaient pas abouti ou été menées, de surcroît, souvent sans concertation démocratique avec les communes, dont certaines ont été mises devant le fait accompli. De plus, parfois, le travail fait a déjà été détruit, après à peine quelques mois d’utilisation, à cause de travaux, par exemple la route du lac sur le Dézaley. En effet, des pistes cyclables y ont été installées, mais quatre mois plus tard, tout se voit détruit, car des travaux — prévus, c’est à préciser — doivent être entrepris. Je me demande bien quelle est l’utilité de cette manœuvre !
Je ne suis, pour ma part, pas du tout favorable à cette pratique. Par conséquent, il s’agira de trouver un équilibre entre pistes cyclables et l’utilisation des terrains, soit les SDA. Pour cette raison, chaque projet doit être étudié puis approuvé par la commission. Cela prend peut-être un peu plus de temps, mais s’avère plus réfléchi. Il faut réfléchir en amont, consulter les communes ; cela est parfaitement inutile d’avoir des pistes cyclables, pour ensuite se retrouver bloqués aux entrées des communes, car cela ne suit pas ; c’est complètement idiot. Enfin, je déplore que Mme Gorrite, cheffe du département, en ait pris l’initiative, alors que nous lui avions toujours fait confiance ; je le perçois comme une trahison vis-à-vis de la Commission des infrastructures.
D’entrée de cause, j’aimerais préciser faire partie des personnes conscientes de l’évolution de la mobilité douce, des attentes d’une partie grandissante de la population à ce sujet, certainement plus marquées en ville qu’en campagne. Lors de la dernière assemblée des syndics du district, j’ai pu ressentir au travers des remarques l’étonnement de la majorité des municipalités qui s’interrogeaient sur la manière dont le traçage des lignes jaunes avait été effectué par le canton l’été dernier. Même si je partage cet avis, je me suis exprimé pour relever les côtés positifs de la démarche et le caractère sans doute urgent lié à la période de pandémie. Ceci n’excusant pas cela, force est pourtant de constater avec un peu de recul que, si certains tronçons balisés sont utilisés et appréciés par les cyclistes, d’autres, par contre, le sont beaucoup moins, voire carrément inutilisés à moins de se porter candidat au suicide.
Je ne suis pas opposé à la mise en place d'aménagements qui facilitent, voire favorisent la mobilité douce. Toutefois, cela doit s’accomplir de manière ciblée, après concertation avec les acteurs locaux concernés. Je demeure aussi certain que des solutions plus sécurisantes encore pourraient être envisagées aux endroits rendus possibles par les conditions techniques et légales.
Enfin, ce postulat comporte trop de points pour l’accepter sous cette forme, car proposer de pérenniser les infrastructures installées en ce moment par le biais de pistes cyclables, les mettre en relation avec d’autres bandes cyclables, modifier la Loi sur les subventions accordées aux communes, modifier la Loi sur les routes, engager la création ou le renouvellement d’aménagements cyclables également hors réfection des routes… tout cela en faisant abstraction des priorités des dépenses dans cette période Covid, me paraît représenter un fourre-tout, alors que chaque point évoqué mériterait d’être traité indépendamment, raison pour laquelle je m’oppose à sa prise en considération et vous invite à en faire de même.
À la suite du premier semi-confinement, en juin 2020, beaucoup craignaient un report modal des transports publics vers la voiture. Le Conseil d’État a réagi en aménageant, de façon provisoire, des bandes cyclables. De leur côté, beaucoup de pendulaires se sont équipés d’un vélo traditionnel ou électrique, comme l’atteste l’augmentation marquée des ventes. Je vous rassure, madame la conseillère d’État, je n’ai pas pris cette action comme une trahison de notre chère commission, mais plutôt comme une très bonne surprise !
Afin de continuer sur cette lancée, une majorité du groupe vert’libéral soutiendra ce postulat et vous recommande d’en faire de même. En effet, il ne s’agit pas de donner nos routes aux cyclistes, mais de les partager, afin que chacun puisse se déplacer comme il le souhaite. Je suis également contente d’entendre ces messieurs de la Commission des infrastructures répéter à quel point ils sont conscients de l’évolution du trafic sur nos routes, de l’arrivée du vélo et du vélo électrique ; je me réjouis d’ores déjà de voir ceci traduit par leur vote, acceptant de franchir un pas vers la mobilité douce.
Pourquoi ne pas inverser le titre de ce postulat et plutôt dire « faire durer le provisoire », afin de permettre un bilan probablement plus précis de cette mise en place à la hâte sur certains tronçons de routes cantonales ? Certes, il faut admettre que sur certaines routes, notamment l’agglomération lausannoise, le trafic est devenu très important. Si les mesures sécurisent primordialement les cyclistes — et ce n’est que justice — elles servent aussi aux automobilistes. Nous sommes tous concernés. Mais il ne faut pas généraliser — parfois en les doublant — ces bandes dites de sécurité aux endroits où le trafic ne les exige pas. Comme cité dans le rapport de minorité, ce postulat contient trop de points, occasionne de longues procédures administratives et les coûts engendrés sont importants. Au nom du groupe UDC, je vous recommande de ne pas prendre en considération ce postulat.
D’abord, je déclare mes intérêts notamment comme président de l’Association transports et environnement Vaud (ATE), qui a été en partie informée et associée, qui a demandé la création de ces aménagements cyclables temporaires en temps de Covid — le terme temporaire ayant été relevé par beaucoup d’intervenants. Ces aménagements sécurisés ont été très bénéfiques, ont joué un rôle central, même si, naturellement, nous espérons l’annonce d’autres aménagements plus et mieux sécurisés. Cela a permis de marquer la place grandissante du vélo sur la route, qui fait de plus en plus d’adeptes, de plus en plus de situations dans lesquelles il est utilisé. Ces aménagements sont également importants, car ils permettent d’améliorer la sécurité des usagers ; tout aménagement, dans ce contexte, étant bon à prendre. Ainsi, lorsqu’on entend certains et certaines s’y opposer, arguant qu’ils ne seraient pas assez pensés ou réfléchis, qu’il faudrait véritablement prendre le temps de se coordonner, c’est en réalité tout ce que nous demandons, notamment à l’ATE Vaud.
On ne peut s’empêcher de tirer un parallèle avec un concept bien connu : la paréidolie, c’est-à-dire le fait de voir des formes dans les nuages. Souvent, à entendre certaines personnes, on se dit que la paréidolie s’applique aux aménagements cyclables. En effet, on voit des pistes cyclables là où il n’y a que des bandes cyclables, et des aménagements « vélo » où il n’y a rien d’autre qu’une route. Finalement, avec quoi nous retrouvons-nous ? De la sculpture sur nuages…et c’est bien le problème, car la sculpture sur nuages n’est de loin pas suffisante pour assurer la sécurité des cyclistes. Par ailleurs, Platon nous a permis de distinguer le monde des idées de celui des formes. Les formes réelles, terrestres n’existent que dans la mesure où elles expriment nos idées. Malheureusement, souvent, on peut entendre beaucoup d’idées dans ce Parlement et très peu de formes qui y correspondent par la suite.
Enfin, il existe une volonté de coordination, de sécurisation, d’avancement par des aménagements cyclables sécurisés à laquelle tous les bords politiques sont favorables. Nous nous réjouissons de pouvoir coordonner des aménagements distincts séparés du trafic en conformité avec la Loi fédérale sur les voies cyclables qui va arriver en 2023.
Nulle trahison de la Commission des infrastructures n’est à constater, pas plus, d’ailleurs, que de sculpture sur nuages, mais tout simplement de l’action et du concret. Ce concret est advenu rapidement. Dans certains cas, on peut éventuellement discuter le caractère pensé ou réfléchi des aménagements, mais il n’en demeure pas moins que pour les cyclistes qui utilisent nos routes, l’arrivée des bandes cyclables amène une plus-value sécuritaire, puisqu’elles rappellent tout de même aux automobilistes ou aux camionneurs que potentiellement des gens empruntent cette route, amènent à penser que peut-être d’autres usagers existent. Cela est plutôt positif. Il faut également rappeler que ces aménagements sont également inexistants dans certaines communes ou villes et une tendance montre que si l’on pense un peu aux cyclistes, on n’y pense pas vraiment.
Aujourd’hui, un système a été mis en place ; il n’est peut-être pas parfait, mais il constitue une première étape pour aller vers un progrès. Dans un monde idéal, je souhaiterais des pistes cyclables plutôt que des bandes cyclables. De plus, je souhaiterais qu’à chaque projet routier soit intégrée une piste cyclable, pour autant que l’aménagement géographique ou l’infrastructure le permettent, car nous devons tendre vers cela, sans opposer cyclistes et automobilistes, mais plutôt privilégier une multimodalité sur les différents axes de transport.
La réflexion qui a eu lieu dans le cadre de la mise en place de ces différentes bandes cyclables — peut-être assez rapidement à certains endroits — était justifiée et opportune. J’ose croire que la politique du vélo va s’intensifier, se développer. Ainsi, les demandes relayées par ce postulat sont pertinentes, méritent d’être traitées par une réflexion déjà en cours en matière de « vélocitabilité », pour que nos infrastructures soient développées, en tenant compte du fait que notre population augmente et que les infrastructures sont les garantes d’un développement économique sain. Je vous remercie d’accepter ce postulat.
Le groupe des LIBRES est favorable à ce postulat et au principe de pérennisation des bandes cyclables qui promeut la mobilité douce et la multimodalité. Grâce à la pandémie — voyons en un côté positif, hors tests ! — le canton a donné un coup d’accélérateur au réseau cyclable cantonal, ce qui constitue une très bonne chose en faveur d’une multimodalité voulue et communiquée par le canton.
Toutefois, la pérennisation des bandes cyclables ne doit pas s’établir à n’importe quel prix. En effet, il faut que nous accompagnions cette démarche par des mesures de communication autant pour les automobilistes que pour les cyclistes. Ces mesures de communication doivent permettre d’éviter les situations d’incivilité entre les différents types d’usagers qui créent des tensions supplémentaires sur les routes. Dans certains cas, il faut donc peut-être mieux réfléchir à la multimodalité, à la cohabitation entre automobilistes et cyclistes, à la réalisation de bandes cyclables de façon logique, en discuter avec les communes ou les associations de communes, en évitant de leur imposer un tracé de bandes ou de pistes, mais en les incitant à les développer sur leur territoire, et ainsi à obtenir un réseau de pistes et de bandes cyclable le plus complet possible.
Je peux concevoir que la décision de la DGMR ait suscité l’incompréhension de certains partenaires, mais ce n’est pas pour autant qu'il ne faut pas aller de l’avant avec ce projet, se concerter pour mieux modeler l’avenir et la cohabitation sur nos routes. Enfin, à titre personnel, je regrette qu’il ait fallu attendre la pandémie pour qu’une bande cyclable fleurisse sur la route cantonale entre Ollon et Saint-Triphon, route de mon district — je déclare mes intérêts. En effet, lorsque cette même assemblée a voté le projet de décret sur les feux de Saint-Triphon en direction de Collombey, le Conseil d’État et le plénum ont décidé que l’emplacement n’était pas approprié à une bande cyclable. Il nous a été communiqué il y a deux ans qu’une piste cyclable allait notamment voir le jour avec le Rhône III. Or, grâce au Covid ou à la Covid, une bande cyclable est née sur ce tronçon. Malheureusement, celle-ci, par exemple, n’a pas été réfléchie avec le projet et crée des crispations et des situations dangereuses entre les différents usagers de la route. Bien qu’à l’heure actuelle elle ne soit pas des mieux adaptée, je suis convaincue qu’elle devrait — sans doute différemment — être pérennisée. Ainsi, le groupe des LIBRES soutiendra le rapport de majorité en insistant sur le fait qu’il faut bien réfléchir à cette pérennisation en développant notamment des mesures d’accompagnement, afin que la multimodalité soit notre avenir.
Cher collègue Raedler, je ne suis pas non plus un adepte de la sculpture sur nuages, surtout par beau temps ! Quant à Platon, il aurait été intéressant de connaître son opinion, mais je doute qu’au quatrième siècle avant notre ère il y eut beaucoup de vélos, à Athènes… ! Cela dit, monsieur Rydlo, je partage votre opinion : le but demeurant la piste cyclable, la bande du même nom faisant office de transition. En effet, des bandes jaunes tracées sur une route cantonale ordinairement d’une largeur de 6 mètres ne pourront pas totalement protéger les cyclistes, lorsqu’ils se retrouvent confrontés au croisement de deux poids lourds.
Cependant, cela sera impossible tant que nous n’aurons pas réglé le problème — d’une petitesse qui confine à la mesquinerie — au niveau fédéral. En effet, il y a de l’autre côté du plateau de la balance des quelques hectares de SDA auxquels s’accroche la Berne fédérale, la sécurité et l’intégrité corporelle, voire la vie d’un certain nombre de cyclistes. Il y a encore quelques années, je comprenais la réserve du Conseil d’État, puisqu’il restait dans son escarcelle moins de 10 hectares de volant de correction au niveau des SDA. Mais, depuis, grâce à un certain calcul auquel je n’ai rien compris, plus de 180 hectares de vergers industriels ont été déclarés — qui ne sont pas destinés à une perpétuité visant l’éternité — utilisables. Nous possédons maintenant 180 hectares sur lesquels le Conseil d’État peut jouer, puisque les pistes cyclables ne me paraissent pas très gourmandes en SDA… Quoique lorsque nous passerons à l’ensemble des routes cantonales hors localités, cela équivaudra à plusieurs dizaines d’hectares. Enfin, personnellement, je rejoins le rapport de minorité de notre collègue le syndic de Froideville, dans le sens où les bandes cyclables ne sont qu’une installation provisoire à moindres frais en attendant véritablement ce qui devrait se généraliser : les pistes du même nom.
Je crois que comme d’habitude nous confondons ce qu’il ne faut pas confondre… Que recherchons-nous ? Nous venons de voir que le Conseil d’État voulait consacrer des dizaines de millions pour améliorer les transports publics. C’est une idée pertinente. Les bandes cyclables qui ont été tracées à la hache l’ont été pour des gens qui sont simplement des individualistes. Se déplacer à vélo n’est pas à la portée de tout le monde. Nous devons favoriser les transports publics pas le vélo. Si nous continuons à bloquer les routes par ce genre de postulats, nous n’arriverons pas à atteindre notre but, c’est-à-dire de permettre à un maximum de personnes de se déplacer. Nous nous y sommes employés dans la pire des situations. Puisqu’il fallait le faire rapidement, je félicite le Conseil d’État. Or, maintenant, cela est défait. Nous devons recommencer avec une réflexion qui priorise les transports publics, puis tous les autres moyens de transport et, enfin, en réfléchissant secteur par secteur et lieu par lieu.
Le développement du réseau cyclable répond à une demande. Je circule personnellement beaucoup à vélo, et je dois souvent répondre à cette question : « mais tu oses aller à vélo ? Tu n’as pas peur ? J’aimerais moi aussi me déplacer à vélo, mais j’ai trop peur. » Il est donc évident que le développement du réseau cyclable amènera de plus en plus de personnes à se déplacer à vélo. On peut le voir déjà dans certaines villes où des couples peuvent se dispenser de la voiture, faire leurs courses ou véhiculer les enfants à vélo. On le voit aussi dans les campagnes, car on rencontre de plus en plus de familles qui font des sorties à vélo, qui osent aller sur la route. Ainsi, plus le réseau cyclable sera développé, plus nous aurons de personnes, de familles qui pourront opter pour la mobilité active.
Enfin, pour parler d’individualisme, je n’ai pas l’impression que l’espace accordé actuellement aux automobilistes soit vraiment utilisé pour transporter trois ou quatre personnes à bord du même véhicule. Ce que l’on observe sur les routes, actuellement, le matin, ce sont plutôt des voitures qui ne sont occupées que par une seule personne. Par conséquent, je ne considère pas que les cyclistes soient plus individualistes que les automobilistes, et vous invite en conclusion à soutenir ce postulat.
Je souhaite revenir sur quelques points, notamment sur les propos tenus en commission. M. Volet réfère la route de Dézaley comme un mauvais exemple ; au contraire, je pense qu’il est très bon. En effet, nous avons testé ce que nous appelons des pistes provisoires, et avons pu montrer que cela fonctionnait bien ; un projet de pérennisation a suivi. Il revient bel et bien à ceux qui vont emprunter ces bandes cyclables de pouvoir réfléchir à ce qui fonctionne ou fonctionne un peu moins, raison pour laquelle un bilan est effectué.
Il a été dit que nous avions peut-être mis la charrette avant les bœufs ; cependant, l’absence d’infrastructures rend un bilan compliqué. Il est plus pratique de savoir ce qu’il est possible d’améliorer ou pas. D’ailleurs, ce n’est pas non plus que ces routes ou ces tronçons n’ont aucun sens en termes de mobilité ou de réfection cycliste. S’il s’agit un peu d’une action coup de poing, elle a bien fonctionné et permet aux personnes d’utiliser ces bandes cyclables.
Quant au mot « trahison » qui a été mentionné, il faut rappeler que pendant les travaux de la commission, nous avons pu assister à une présentation de ce plan, qu’il a été discuté, que nous avons pu relayer les points précis qui nous semblaient peut-être un peu problématiques. Ce fut le cas notamment pour des pérennisations plus lourdes comme pour la route de Dézaley ; nous avons pu donner notre avis et réfléchir à la question de la mobilité cycliste.
Enfin, la question du coût est revenue à plusieurs reprises — un aspect qui a également été traité en commission. Soyons clairs, le coût du vélo est marginal par rapport à celui du trafic motorisé, que cela soit en termes de coût d’infrastructures, mais également d’accidents ou de coûts environnementaux. Par conséquent, cet argument est complètement absurde, étant question de 900’000 francs, alors que le seul entretien des routes s’élève à 90 millions.
En conclusion, le vélo fait beaucoup parler de lui. Toutefois, c’est un discours toujours assez identique, car tout le monde s’accorde sur le principe de promotion du vélo. Aujourd’hui, vous avez l’opportunité de montrer la volonté d’adresser un signe aux cyclistes qui sont de plus en plus nombreux dans notre canton et qui ont besoin d’infrastructures pour pouvoir être simplement en sécurité. D’ailleurs, on ne parle même pas de confort, mais simplement de sécurité. Par conséquent, il me semble complètement nécessaire de renvoyer ce postulat au Conseil d’État.
Comme l’a dit Mme Genoud, c’est vrai, nous sommes tous d’accord ! Nous pouvons en conclure qu’il ne s’agit pas d’un problème gauche-droite, de se montrer favorable ou défavorable au vélo. Nous sommes tous d’accord d’étudier des solutions pour améliorer la mobilité douce ; seulement la manière d’y arriver diverge un peu. Nous vous proposons simplement de ne pas utiliser de l’argent public pour systématiquement faire de l’arrosage. Finalement, nous sommes tous d’accord d’étudier des solutions au sein d’une commission souvent accusée d’être un peu la commission « oui-oui »… La conseillère d’État devrait pouvoir pavoiser, car tous les objets que nous avons dû étudier ont toujours passé haut la main, voire à l’unanimité ! Or, aujourd’hui, nous nous trouvons confrontés à un petit problème — grand pour certains — mais pourtant pas immense ! Un problème sur lequel nous vous demandons simplement de réfléchir, que la Commission des infrastructures puisse travailler, participer à l’élaboration de projets.
Je ne suis pas forcément favorable à des bandes cyclables, parce que je ne suis pas certain qu’à certains endroits, cela soit véritablement sécurisant pour les cyclistes. Nous sommes plutôt favorables à étudier, voire à se battre pour pouvoir élaborer des pistes cyclables sur lesquelles le vélo serait alors, véritablement, favorisé, par exemple sur tronçon comme Echallens-Lausanne, sur lequel il semble peu avisé d’envoyer un cycliste — il faut être un peu candidat au suicide… Par conséquent, je ne saisis pas pourquoi nous rencontrons un clivage gauche-droite pour ce genre d’objets, alors que nous sommes tous d’accord pour mettre en place ce genre d’infrastructures.
Enfin, pour comprendre pourquoi je m’oppose à ce postulat, il faut relire le texte et observer tout ce qu’il demande. Je considère pour ma part qu’il faut commencer par le bon bout, c’est-à-dire modifier les différentes lois nécessaires, se battre avec l’aménagement du territoire pour peut-être utiliser un peu de SDA et créer de vraies pistes cyclables. Je ne comprends pas pourquoi nous en faisons une affaire politique et partisane.
Pour le Chablais, Mme la conseillère d’État avait déconseillé de créer cette piste cyclable… mais, ensuite, elle a été mise en place à la hâte. En commission, nous avons toujours respecté les arguments qui nous ont été donnés. Chaque fois qu’un projet a été accepté ou refusé par la commission, cela l’a toujours été sur le conseil de Mme la conseillère d’État et de ses services, de la DGMR, qui nous indiquaient le degré d’utilité ou d’inutilité. En effet, chaque projet doit être étudié par rapport au trafic, aux largeurs de route ou de la sécurité.
Alors, quand j’entends qu'il s’agit de les mettre en place, puis d’étudier l’impact ou l’absence d’impact sur les accidents, je me dis que finalement on peut mettre des choses en place et réfléchir après, corriger si nécessaire ! Personnellement, je n’ai jamais vu ça. Cela signifie par conséquent que nous n’avons plus besoin de rien étudier en commission ! Mettons les choses en place, et ensuite, on verra si ça se passe bien ! Et, s’il y a trop d’accidents, faisons un giratoire ! C’est absurde ! Soit nous faisons confiance à des bureaux spécialisés qui savent mener ce genre d’études, sur le papier, de façon virtuelle, avec des systèmes informatiques, qui prennent soin de consulter les associations, Pro Vélo par exemple, et on observe s’il s’agit de sacrifier des SDA, soit… Il faut étudier les projets, on ne peut pas y aller comme ça et voir après combien il y a de morts, puis décider en fonction !
Nous avions mené un premier et un deuxième débat ; tout était empaqueté. Nous avons fait confiance à la DGMR, à notre conseillère d’État, parce que cela avait été étudié, parce que nous avions pu poser des questions. Puis, tout à coup, on plante des pistes cyclables et on souhaite les pérenniser ! Enfin, si nous commençons à agir de la sorte, je n’ai plus besoin de la Commission des infrastructures, car nous ne servons plus à rien. Il est parfaitement inutile de « blablater », de nous expliquer diverses choses, puis de ne pas en tenir compte après. Je ne suis pas d’accord.
Lorsqu’on est utilisateur de route avec sa voiture, lorsqu’on est agriculteur et défenseur des terres agricoles, lorsqu’on est cycliste et ancien cycliste avec plus de 150’000 km dans les jambes, et lorsqu’on est municipal en charge de l’urbanisme des infrastructures… c’est dire si c’est la quadrature du cercle, ce sont d’ailleurs là mes intérêts. Je comprends la mauvaise humeur de mes collègues de la commission et d’un certain nombre de mes collègues de parti. Effectivement, les formes et les procédures n’ont pas tout à fait été respectées, ici et ailleurs. Dans le canton de Vaud, mais aussi à Genève, il y a une forme d’élan, d’engouement de précipitation sur certains points. Mme la conseillère d’État a sans doute entendu la mauvaise humeur exprimée aujourd’hui. Tout le travail qui est en passe d’être réalisé, notamment avec la stratégie vélo au plan cantonal, prend en compte la difficulté de concilier l’ensemble des intérêts.
En 2008, j’avais déposé une motion, renvoyée directement au Conseil d’État, demandant d’intégrer des pistes ou des bandes cyclables lors de toute création, d’adaptation ou de rénovation de route cantonale. Vous l’aurez compris, je ne vais pas me déjuger aujourd’hui, mais je pense clairement que nous devons aller de l’avant. Il est effectivement question de multimodalité. Lorsqu’on construit une route destinée à des piétons, des cyclistes en pistes cyclables, c’est-à-dire en site propre, des automobilistes et des poids lourds, selon les normes en vigueur, il faudrait pratiquement un espace public de 24 mètres de large ! Or, malheureusement, nous ne sommes ni à Amsterdam, au Danemark, en Allemagne ou en Australie. En Suisse ou dans notre canton, nous ne possédons pas de tels espaces ; et c’est bien là la difficulté du canton et des communes à pouvoir contenter l’ensemble des utilisateurs. Toutefois, je plaide tout de même pour renforcer la multimodalité, pour définir les axes prioritaires pour les piétons, les cyclistes, les automobilistes, les poids lourds, et je crois que c’est ce à quoi s’emploient les autorités communales et cantonales.
Aujourd’hui, et peut-être avec la crise du Covid, nous avons pu assister au développement faramineux du vélo électrique. J’ignore si vous avez déjà tous testé un vélo électrique, que ce soit à 25 ou 45 km/h. Mais nous assistons à l’avènement du vélo, du vélo électrique en particulier, une possibilité donnée à l’ensemble des utilisateurs de se déplacer en famille, en tant que sportif, en tant que pendulaire d’un point A à un point B, de manière relativement rapide et en prenant relativement peu d’espace sur le domaine public. Il s’agit d’une typologie de cyclistes. Les espaces sont prévus pour les promenades, les familles, les enfants ; des espaces sont dévolus aux sportifs, et Aurélien Clerc qui est en face de moi le sait aussi bien que moi, on ne roule pas à la même vitesse sur une route ou sur une bande cyclable avec des familles autour. Aujourd’hui, les pendulaires ont la possibilité d’aller d’Ollon à Aigle ou de Bex à La Tour-de-Peilz à vélo électrique avec une certaine rapidité, une certaine facilité.
Ce postulat admet peut-être un point malheureux qui est de demander de pérenniser — ce qu’on peut probablement qualifier de fausse bonne idée — durant la période Covid. Mais il demande aussi beaucoup d’autres points que j’avais explicités d’ailleurs à l’époque, en 2008, déjà, à propos des bandes cyclables, pour que soit développé un véritable concept multimodal utile pour la sécurité de tout un chacun.
Enfin, je soutiendrai ce postulat en ayant une pensée pour l’ensemble des membres de la commission et du respect pour eux, mais aussi dans un esprit de progrès. Je ne suis pas un écolo né ni un climatosceptique, mais je pense clairement, en bon libéral, que nous devons placer l’humain au centre de nos réflexions. Si nous voulons regarder vers l’avenir, le confort humain doit primer. Aujourd’hui, nous devons trouver d’autres solutions pour limiter la pollution et l’engorgement des routes, l’accessibilité à des centres-villes qui parfois se meurent, qu’il faut pouvoir désengorger de ses voitures. Nous n’avons pas trouvé d’autre système que d’aider, de subventionner, de financer les bus, les pistes cyclables ou encore les parkings décentralisés ou encore l’immense investissement dans les transports publics. Si je parle bien sûr du confort de l’être humain, je parle aussi de santé ; chaque fois que l’on peut encourager un humain à prendre plutôt son vélo que sa voiture, on gagne aussi des économies sur nos futures primes maladie en termes de santé publique. Tout en tenant compte des réserves que j’ai exprimées, je vous encourage à soutenir ce postulat. Je terminerai par la citation d’un savant bien connu : « La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »
J’aimerais apporter un message qui se veut complémentaire à ce qui a déjà été dit. Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment où nous pouvons espérer changer un certain nombre de paramètres dans nos modes de vie, parce que nous en sommes tous à nous questionner au travers de la crise du Covid, nous sommes tous en train de constater que nous parvenons à certaines limites, que nous avons envie de changement. Avec le vélo, nous parvenons petit à petit à apporter ce changement. Le vélo n’est pas dévolu aux seuls Verts, bien au contraire. Il n’est d’ailleurs pas seulement dévolu aux personnes jeunes, qui sont en santé, car justement, comme M. Devaud l’a dit, les vélos électriques, qui sont en plein essor, rendent ce moyen plus accessible à beaucoup plus de monde.
Je déclare mes intérêts comme cycliste, mais cela m’arrive aussi de conduire une voiture. D’ailleurs, je me suis retrouvée cet hiver en zone industrielle de Collombey-Muraz à devoir aller faire un test rapide Covid. J’avais à cette fin emprunté la voiture de ma maman. Je me suis retrouvée dans un bouchon, entourée de parkings, de centres commerciaux, de magasins, de voitures. Je me suis véritablement posé la question du monde dans lequel j’évoluais, me demandant si c’était vraiment la société que j’avais envie de proposer pour le futur. Evidemment, la réponse est négative.
Depuis que la vie a un peu repris, la circulation est à nouveau très dense. Par conséquent, je crois que c’est l’occasion de donner un signal positif. Dans son postulat, Mme Anne-Laure Botteron ne se limite pas à proposer de pérenniser des pistes cyclables déjà mises en place — et je salue cette action — pendant le Covid, dans un contexte particulier. Elle propose de soutenir les communes, toutes celles qui sont hors agglomération et qui auraient nettement besoin du soutien du canton pourraient en bénéficier par notamment l’entretien de certaines pistes cyclables, ce qui représente une plus-value pour un grand nombre de communes. Je m’adresse évidemment plutôt aux gens qui sont en charge de communes dans ce Parlement, qui pourraient être intéressés.
Enfin, prendre en considération la mobilité douce dans différents rapports, projets de décrets ou de lois qui seraient rendus par le Conseil d’État constitue évidemment une mesure pertinente. Cessons donc ce débat clivant qui ne nous amène pas très loin et soutenons ce postulat, parce qu’il me paraît aller de pair avec tout ce qui est en train d’être accompli par le Conseil d’État avec la stratégie vélo.
J’aimerais amener ici la réalité du terrain. Il se trouve que je fais un peu de vélo, que je connais pas mal de cyclistes, et je rapporte ici l’inquiétude de nombreux d’entre eux face à certaines situations, notamment en fonction du gabarit de la route. Je ne pense pas que nous puissions nier le fait que ces bandes invitent les familles, les cyclistes à emprunter la chaussée. Or, lorsque vous avez un poids lourd avec 25 tonnes de gravier qui vous passe à côté à 80 km/h, cela est tout de même inquiétant. Ce postulat, qui invite à pérenniser ces pistes, ne me paraît pas la meilleure solution, car il s’agit maintenant d’étudier chaque cas. C’est le rôle des gens de la technique que de sécuriser les bandes cyclables qui le demandent. Elles sont nécessaires.
J’aimerais vous rappeler que le Conseil d’État possède un Plan climat, mène une politique qui concerne le vélo et les moyens de transport. La marche et le vélo sont de loin les moyens de transport qui utilisent et qui produisent le moins de CO2, sauf quand on est un petit peu essoufflé ! Nous avons tout avantage à soutenir de manière massive le vélo, parce que même les transports publics tout écolos qu’ils puissent être, le sont moins que la marche et le vélo. Posséder une vraie politique en faveur du vélo et de la marche est tout bénéfice, non seulement pour nous cyclistes.
Il m’a également été donné de faire une expérience il n’y a pas si longtemps. Je me suis rendu à Bâle, à vélo, une longue étape, et je ne voulais par conséquent pas faire trop de détours. Le tronçon le plus dangereux était celui qui me menait de chez moi jusqu’à Moudon, parce que si vous voulez aller en ligne droite, vous prenez la route de Berne, et je peux vous dire qu’il s’agit de serrer les fesses ! Ainsi, adopter une politique cohérente est tout bénéfice, non seulement pour les cyclistes, mais aussi pour l’entier de la population.
Enfin, en réponse à MM. Besençon et Volet, je vous rappelle qu’il s’agit d’un postulat qui demande un rapport. Il est vrai que ce dernier demande un certain nombre d’éléments, mais il incombera au Conseil d’État d’identifier quelles sont les meilleures mesures pour favoriser le vélo et d’autres moyens de transport de ce type. Il pourra nous communiquer s’il s’agit d’une bonne chose de changer cette loi et réfléchir à un sujet aussi important ne constitue pas une injonction incroyablement forte.
Je déclare mes intérêts comme candidat quotidien au suicide…mais, visiblement, depuis les déclarations de M. Cardinaux, je suis aussi un individualiste. C’est d’ailleurs à ce titre que j’ai essayé de commander un vélo fin 2020. Mon vendeur et mécanicien m’a répondu qu’il serait disponible à partir du mois de mai. La durée de commande d’un vélo, dans des conditions en effet assez particulières, est révélatrice du succès qu’a remporté ce dernier, notamment grâce à ces installations. Je crois qu’une quantité de personnes, qui avaient peur ou trouvaient cela dangereux, se sont lancées dans le vélo, parce que des infrastructures leur ont montré que c’était possible. Dans ce sens, je vous invite à soutenir le postulat de ma collègue, Mme Botteron.
Par ailleurs, je ne crois pas qu’il s’agisse de négliger le travail de la commission ni de s’opposer à qui que ce soit, mais de montrer clairement qu’on peut faire du vélo, que le vélo est un moyen de transport sûr, avec ou sans moteur. À ce titre, un certain nombre d’expériences sont en train d’être réalisées avec des handicapés, des personnes à mobilité réduite, eux et elles aussi, au même titre que des aveugles, peuvent avoir des expériences avec le vélo. Je crois que la déclaration de M. Cardinaux ne s’inscrit pas du tout dans une notion qui est plutôt humaniste, ouverte.
Le Conseil d’État a bien entendu toutes vos déclarations et se réjouit de l’unanimité affichée au soutien, d’une part, à l’expertise de la DGMR pour l’excellence des projets de décret qu’elle présente à la Commission des infrastructures qui les avalise. D’autre part, le Conseil d'Etat ne peut s’empêcher de relever la contradiction que revêt le fait de dénigrer ce même travail accompli, par cette même DGMR, avec la même qualité d’expertise, s’agissant du traçage des bandes cyclables, dont il est question ici.
Permettez-moi donc de débuter mon intervention en vous disant que non, nous n’avons pas taillé les bandes cyclables à la hache, avec comme seule perspective cynique d’envoyer des cyclistes à la mort, livrés à des automobilistes meurtriers, de fait, en exposant des familles à cette funeste perspective. Non, cela n’est pas sérieux de considérer que le gouvernement est fort de cet objectif. Au fond, qu’a fait le gouvernement ? Il s’est limité à vous entendre. Et, à de réitérées reprises, ce Parlement a envoyé des messages relativement clairs de la part de tous les groupes politiques représentés, de l’extrême gauche à l’extrême droite de votre hémicycle, par des interventions, des interpellations, des postulats, par le fait que votre propre Parlement a décrété l’urgence climatique, qu’il a envoyé un message assez clair au Conseil d’État, lorsqu’il s’est agi de discuter de la route entre Cugy et Bottens, quand votre propre Parlement était prêt à nous donner 9,5 millions — rien de moins — pour tracer une piste cyclable entre Cugy et Bottens. Par conséquent, nous avons traduit cette intention par une préoccupation légitime de votre Parlement d’enfin changer de braquet, de s’occuper de l’arrivée en masse des cyclistes.
Non, le Conseil d’État n’a pas saupoudré au hasard de la peinture jaune sur les routes cantonales, mais s’est appuyé sur un document, qui vous a été présenté en son temps, puisque l’ensemble, le 100 % de ces bandes jaunes, fait partie du réseau cantonal cyclable, identifié et défini en 2010. Ce n’est donc pas une surprise qu’à un moment donné, lorsqu’est définie la nécessité de tracer un réseau cyclable sur un réseau routier cantonal, que des bandes jaunes puissent être réalisées 10 ans plus tard. On ne peut pas dire que cela soit complètement précipité non plus ni que cela sorte d’un chapeau, que cela n’aurait pas été complètement pensé, puisque nombreuses et nombreux avaient été les député-e-s à faire référence à ce document qui est aujourd’hui en révision — j’y reviendrai — pour que nous puissions, un jour, imaginer sécuriser ces axes structurants.
En outre, non, monsieur Devaud, nous n’avons pas excédé nos compétences. La DGMR agit dans le strict cadre de ses compétences, qu’elles soient financières ou légales. Nous avons agi exclusivement sur les routes cantonales, hors traversée de localités, qui sont très clairement le domaine de compétence de la DGMR, et nous avons pour cela agi dans le cadre du budget que vous avez voté et qui relève de la compétence du département. Il n’y a donc strictement aucune trahison de la commission, puisque la réalisation de ces bandes jaunes n’a pas donné lieu à des réfections de route, qui auraient entraîné des dépenses d’investissement qui elles, sont soumises à l’appréciation de la commission. Je tiens à le préciser, parce qu’il me tient à cœur de garder votre confiance. Le débat très émotionnel lié à l’opération genevoise a peut-être favorisé une forme de confusion ; or, précisément, le canton de Vaud a agi de manière très différente. Nous ne sommes pas intervenus en traversée de localités, puisque nous avons respecté la souveraineté de la compétence communale en la matière. Nous avons d’ailleurs, à la faveur de cette opération, invité les communes désireuses d’agir de concert avec le canton à nous contacter, pour que nous puissions ensemble élaborer des projets. Plus d’une vingtaine d’entre elles ont saisi la balle au bond et ont répondu favorablement à notre appel, parce qu’elles sont aussi désireuses que nous, que vous, de sécuriser, pour les cyclistes, ces tronçons en et hors localités.
Nous n’avons pas non plus fait l’économie de la concertation, puisqu’avec l’expertise des ingénieurs de la DGMR, nous avons examiné chaque tronçon de route concernée, les largeurs de route ont été appréciées, pour savoir si elles offraient ou non des gabarits suffisants pour réaliser les bandes cyclables qui figurent dans le réseau, tel que défini en 2010. Nous avons par conséquent exclu toute une série de tronçons routiers qui ne nous paraissaient pas présenter les caractéristiques favorables à la réalisation de bandes cyclables. Nous avons mené cette opération avec un seul souci à l’esprit, celui de la sécurité des usagers de la route. Au moment de la sortie du confinement — et il est toujours intéressant de juger des actions en se plaçant dans leur contexte historique — la préoccupation exprimée consistait à ne pas favoriser par trop l’utilisation et le recours à la voiture, qui aurait conduit à une saturation des axes routiers, encore plus importante que celle que nous rencontrons d’ores et déjà aux entrées et sorties d’agglomération, dans les heures de pointe et d’hyper pointe. Les prévisions indiquaient une augmentation de l’ordre de 10 % du trafic individuel de mobilité. Cela aurait conduit à des engorgements terribles, chose que nous ne voulions pas. Ainsi, toute notre politique de mobilité est orientée vers la fluidité des échanges, dont tous les citoyens ont besoin, mais dont l’économie, elle aussi, a besoin, puisque cette dernière a besoin de tout, sauf de deux heures de bouchon aux entrées et aux sorties des agglomérations.
Par conséquent, nous avons non seulement entendu ce message pour favoriser les mobilités actives, mais en plus tenu compte, comme Mme Cloé Pointet l’a très bien relevé, de la réalité des faits : une très grande majorité de gens ont décidé de pratiquer le vélo. Nous n’avons pas incité à l’utilisation des routes cantonales, mais pris en considération les cyclistes en augmentation sur ces dernières et, notamment, des gens qu’on appelle « néo cyclistes », qui arrivent pour la première fois sur les routes, qui sont moins experts que M. Devaud ou d’autres, et pour lesquels il est important d’avoir un réseau marqué, qui offre une sécurité. Il est également important de signaler visuellement aux automobilistes la présence de cyclistes, pour les rendre attentifs à leur présence potentielle. Je dois vous dire que depuis leur création, nous n’avons enregistré aucun accident. C’est dire si les fantasmes de risques accrus en raison de bandes cyclables tracées ne se sont pas révélés exacts. Au contraire, nous nous sommes concertés, comme l’a dit le député Raedler, avec les associations d’utilisateurs, et nous avons ensemble défini les principes d’intervention, pour que, justement, nous ayons la garantie d’offrir des moyens accrus en matière de sécurité des usagers de la route en partage. En définitive, le canton a saisi l’opportunité d’accélérer la mise en œuvre d’éléments déjà identifiés depuis 2010, dans le cadre de nos strictes compétences budgétaires.
Maintenant, cela ne saurait suffire, et je partage l’appréciation d’une partie de celles et ceux qui ont indiqué qu’en raison de l’augmentation du trafic, individuel motorisé, de camions, de poids lourds ou de cycles, il conviendra d’identifier les principes d’intervention pour pérenniser autrement, notamment par la réalisation de pistes cyclables aux endroits où cela s’avère nécessaire. En effet, en matière d’intervention sur le réseau, il faut toujours tenir compte de la réalité du terrain, ne pas intervenir à la hache, de manière uniforme, mais identifier si la route est en déclivité ou pas, si nombre de véhicules poids lourds ou non l’empruntent, s’il existe des itinéraires alternatifs ou non. Chaque tronçon sera identifié pour lui-même, examiné selon ses caractéristiques propres pour précisément apporter une stratégie générale.
Cette stratégie n’est pas un mystère, puisqu’elle est déjà en cours de révision, chaque parti politique ayant été invité à participer aux côtés de la société civile, d’un certain nombre d’associations d’utilisateurs, que ce soient les représentants des mobilités actives ou des camionneurs, des transporteurs, des utilisateurs de voiture. A nos côtés, l’ensemble de ces acteurs est en train de conduire une série d’ateliers pour définir la future stratégie cantonale du vélo. La suite vous est donc connue, et vous sera vraisemblablement présentée d’ici la fin de l’année. Vous aurez ainsi l’opportunité de construire le futur réseau cyclable et les prochains principes d’intervention.
Parallèlement, nous sommes aussi en train d’élaborer une nouvelle stratégie, piétonne cette fois, parce que là encore, dans une perspective de mobilité active, il faut aussi définir ces principes. Nous sommes également en train de finaliser un projet de décret pour soutenir les communes dans la réalisation des principes d’abribus, qui respecte la Loi sur les handicapés, qui ordonnait aussi un accès aux transports publics aux personnes à mobilité réduite. Vous pouvez observer qu’il s’agit d’une stratégie globale et non pas d’un pointillage, large, concertée et à long terme. Dans ce contexte, le postulat de Mme Botteron embrasse ces thématiques que nous avons d’ores et déjà commencé à travailler et qui vous seront soumises de manière sectorielle ; mais nous avons aussi l’ambition d’une stratégie chapeau, pour comprendre les principes d’aménagement de la politique de mobilité à l’aune des défis climatiques qui sont les nôtres.
Veuillez m’excuser de prendre la parole après le Conseil d'Etat, mais ayant été nommé, il m’importe de rectifier certains points. Madame la conseillère d’Etat, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je me suis exprimé plutôt en fin de discussion avec pour préopinants un grand nombre des membres de la Commission des infrastructures, qui s’insurgeaient d’une certaine manière contre un processus relativement obscur par rapport aux marquages effectués pendant la période Covid. Toutefois, et j’ai bien noté, lorsque j’ai évoqué la question de la forme et de la procédure, que vous aviez réagi assez fortement à mes propos.
Finalement, je crois que nous disons des choses identiques, mais pas forcément avec les mêmes mots. Je parle du processus parlementaire démocratique envers nos collègues, qui ont exprimé aujourd’hui leur mécontentement et leur mauvaise humeur, mais je pense qu’il est sensé de chercher des solutions. Madame la conseillère d’Etat, nous partageons les mêmes conclusions, à savoir la nécessité de renforcer la multimodalité dans le canton, de favoriser l’ensemble des utilisateurs de notre réseau, que cela soit en transports publics ou sur nos routes, de se donner les moyens ici ou là, en termes d’urbanisme et d’infrastructures de pouvoir contenter l’ensemble des utilisateurs, avec une particularité destinée aux cyclistes et une forme douce de transports. Je réitère mon soutien à ce postulat.
Madame la conseillère d’Etat, il me semble qu’une problématique n’a pas été soulevée et qui pourtant demeure : la fameuse taxe dont ceux qui utilisent l’asphalte s’acquittent chaque année, par les plaques, notamment. Est-ce que vous planifiez l’instauration d’une taxe pour les cyclistes dudit asphalte ? Une équité de traitement entre utilisateurs me paraît importante. Avez-vous une réponse ? Le cas échéant, nous en prendrions volontiers connaissance, dans le cas contraire, nous pourrions déposer une motion.
J’aimerais simplement amener une réflexion suite aux différentes prises de parole sur la question des pistes cyclables et, dans ma région d’Yverdon, sur une piste cyclable, peut-être la première instaurée dans le Nord vaudois, il y a plus de trente ans. Des défauts sont apparus au cours du temps. Cette piste est en dehors de la route Yvonand-Yverdon que tout le monde connaît, une route très droite très plate, très utilisée en toute saison par les promeneurs, les cyclistes, les touristes, les sportifs. Je me demande aujourd’hui comment nous ferions sans cette piste. Toutefois, il y a une dizaine d’années, il a été demandé de légèrement l’élargir, car quelques accidents entre usagers s’étaient produits. Qui s’est opposé à son élargissement ? Le WWF et Pro Natura. Par conséquent, créer de vraies pistes cyclables rencontrera des obstacles, et nous verrons qui s’opposera à quoi.
Je m’excuse auprès de la conseillère d’Etat de prendre la parole après elle, je voulais simplement suggérer à M. Jobin d’intégrer à sa réflexion non seulement les taxes qui sont payées par les automobilistes, mais aussi tous les coûts externes générés par ces derniers : le bruit, les nuisances, la pollution, etc. Ce n’est qu’à ce moment que nous pourrons accéder à une image réaliste des charges et des recettes.
J’aimerais simplement dire à M. Durussel que l’exemple qu’il a pris est fort mauvais, puisque la route traverse la Grande Cariçaie, et comme tout le monde le sait, il s’agit d’une zone d’importance mondiale pour la diversité.
Très brièvement en réponse à M. Jobin, la question des taxes relève de la compétence fédérale, et celle à laquelle vous référez, à savoir celle sur les huiles minérales, sert exclusivement au financement des routes nationales qui, à ma connaissance, sont interdites aux vélos. S’agissant du financement des routes cantonales, elles le sont par l’impôt auquel l’ensemble des citoyens et des citoyennes vaudois-e-s sont astreint-e-s, y compris les gens qui pratiquent le vélo.
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Le Grand Conseil prend le postulat en considération par 72 voix contre 59 et 3 abstentions.