RAP_678413 - Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le postulat Yann Glayre et consorts - Apporter une réponse urgente aux problématiques en matière de smartphones, applications et réseaux sociaux, dans le cadre de l'école vaudoise.

Séance du Grand Conseil du mardi 20 août 2024, point 22 de l'ordre du jour

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Mme Sylvie Pittet Blanchette (SOC) — Rapporteur-trice

La Commission thématique de la formation s’est réunie le 12 mai 2023 en présence de M. Frédéric Borloz, chef du département. Il était accompagné par M. Giancarlo Valceschini – qui n’était alors pas encore à la retraite – et M. Michael Fiaux. M. Jérôme Marcel, secrétaire de la commission, a suivi les travaux et établi les notes de séance, et nous l’en remercions. 

Le chef du département explique qu’un état des lieux a été effectué. L’éducation numérique est bien entendu une des réponses à la préoccupation du postulant. L’éducation numérique est évolutive et va s’adapter aux évolutions sociétales, raison pour laquelle la relation avec l’EPFL, entre autres, sera maintenue. Dans le rapport du Conseil d’Etat, il est notamment fait allusion à WhatsApp – une question en pleine réflexion. Cette application est actuellement interdite en dessous de 13 ans, mais utilisée de manière généralisée. Une rencontre avec la Société vaudoise de médecine (SVM) va également être organisée. Le chef du département nous a aussi expliqué qu’il a discuté des problèmes liés à l’utilisation abusive des outils informatiques par les jeunes et de la sensibilisation des parents à cette problématique. 

De son côté, le postulant explique que le rapport du Conseil d’Etat le satisfait et qu’il est conforme à la réalité. Contrairement à ce qui figure dans le rapport, celui-ci conteste qu’il aurait déclaré que le département ne se préoccupe pas de ces questions. Il est heureux d’apprendre l’intention d’approcher les pédiatres, une démarche qui, d’après lui, va dans le bon sens. De plus, il met en exergue le fait que les méthodes d’éducation et de sensibilisation sont trop nombreuses et dispersées, ce qui complique le suivi pour comprendre ce qui fonctionne, ou non, ainsi que ce qui doit être amélioré. S’agissant de l’évolution de la documentation et des supports, la question de leur mise à jour en fonction des problématiques engendrées par de nouvelles applications ou tendances fait défaut, à son sens – il cite notamment le cas de ChatGPT. Enfin, il relève que la mise en œuvre des mesures se fait souvent au bon vouloir des enseignants et des personnes qui entourent le système éducatif. Finalement, selon lui, toute cette démarche n’inclut pas suffisamment le parent, qui est le premier responsable de l’enfant, et devrait bénéficier d’un support cantonal ou d’une communication. En conclusion, il déplore un manque de cohérence au niveau cantonal, de diffusion et de mise à jour de l’information, ainsi que de transmission aux parents. 

Dans la discussion générale, il est mis en exergue que les parents sont effectivement le tiers manquant dans cette réflexion. La prévention quant à la dépendance et au mal-être qu’elle peut amener à des adolescents est importante. L’avantage de la prévention dans le cadre scolaire est que chaque enfant est touché. Il reçoit un certain nombre d’informations et est appelé à réfléchir à sa relation avec ces outils. Néanmoins, on ne dispose pas d’évaluation sur ces mesures préventives. Le postulant partage l’avis que l’école ne doit pas se substituer aux parents. 

S’agissant de l’analyse des mesures et de leur efficacité, le postulant relève que les plateformes et outils mis à disposition à la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) font l’objet d’analyses par le service, analyses dont il se réjouit de lire les résultats. Selon les retours du terrain dont il dispose, la situation se dégrade et devient de plus en plus hors de contrôle. Il s’inquiète que l’association Action Innocence renonce à publier un document d’information sur l’âge d’accès aux réseaux sociaux. Il entend clairement que l’Etat généralise la mise à disposition de ces documents dans un objectif de simplification, afin que ces informations ruissellent dans la société. Malgré toutes ces remarques, c’est à l’unanimité des 15 membres présents que la commission recommande au Grand Conseil d’accepter le rapport du Conseil d’Etat.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Yann Glayre (UDC) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse à ce postulat ainsi que la rapporteuse pour son rapport. Je confirme ce que j’ai indiqué lors de la séance de commission : cette réponse est conforme à la réalité et aux pratiques en vigueur. Je l’accepterai donc. Ce que je déplore, c’est que les méthodes de sensibilisation sont très nombreuses et dispersées. Ces méthodes sont mises en place afin d’avoir un impact conséquent, mais elles ne font pas l’objet d’un suivi régulier ni d’une évaluation de leur efficacité. J’ai salué la volonté du Conseil d’Etat de vouloir inclure les pédiatres dans les relations avec les parents d’élèves, mais factuellement, est-ce vraiment applicable compte tenu de la pénurie de pédiatres ? En novembre dernier, un article de la RTS indiquait que la Suisse romande en manque cruellement – il y a 79 pédiatres pour 10’000 enfants à Lausanne et 7,4 pour 10’000 dans le district du Gros-de-Vaud. Je me demande donc comment la situation actuelle des professionnels de la santé pourrait contribuer à cet effort. On peut aussi parler d’une sensibilisation à deux vitesses, puisque les régions rurales sont cruellement en manque de pédiatres. C’est de cela qu’il s’agit, de réalisme. 

De la même manière, il est indiqué que les enseignants du cycle 1 sont en cours de formation à l’éducation numérique à raison de 6 jours de formation continue. Dans la théorie, c’est bien, mais dans la pratique, tous les enseignants qui ont participé à cette formation sont déjà dépassés en ce qui concerne certaines nouveautés telles que les agents conversationnels d’IA générative. A mon sens, ce n’est pas réaliste de se baser sur la formation continue des enseignants pour traiter des thématiques de société qui évoluent en temps réel. Toutes ces stratégies de prévention sur lesquelles on s’appuie ne sont pas assez robustes. Je conclurai en affirmant qu’aujourd’hui, malgré les progrès technologiques, l’Etat ne dispose pas d’un moyen simple, rapide et efficace pour communiquer aux élèves, aux enseignants, aux parents et aux pédiatres. Quelque 5 ans après le dépôt de ce texte, ce n’est pas acceptable.

M. Frédéric Borloz (C-DEF) — Conseiller-ère d’Etat

La question soulevée par M. Glayre est extrêmement importante et nous préoccupe beaucoup. Je pense que notre société évolue à une vitesse qui est humainement difficile à appréhender. Dans toutes les réunions avec des enseignants auxquelles je participe, la question du smartphone – ou de l’abus d’utilisation de smartphone chez de très jeunes enfants – est systématiquement abordée. C’est un phénomène de société. L’école n’est qu’un acteur parmi d’autres, mais elle ne va pas rester inactive. Il est aussi clair que cette problématique dépasse largement nos frontières. Nous réfléchissons actuellement à compiler des données à large échelle pour essayer d’agir et de prendre notre part de responsabilité. 

Concernant cette question, il est difficile d’ignorer une dégradation inquiétante liée à l’usage des écrans et cela s’accompagne souvent de comportements inappropriés. Cela rejoint notre discussion précédente sur la violence omniprésente sur les réseaux sociaux, réseaux qui échappent souvent à la surveillance parentale. Cependant, je souhaite vous rassurer : ce sujet retient toute notre attention et nous n’avons pas l’intention de rester inactifs dans ce domaine.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé à l’unanimité. 

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