21_REP_186 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Maurice Mischler et consorts - Un nouveau rapport du GIEC est sorti : mettons le climat au même niveau que la COVID (21_INT_118).
Séance du Grand Conseil du mardi 29 août 2023, point 3 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour(remplaçant M. Maurice Mischler, ancien député) Je vous transmets les remerciements de notre ancien collègue Maurice Mischler pour la réponse apportée à son interpellation. Dans sa réponse, le Conseil d’Etat rappelle très utilement qu’une action ambitieuse en matière climatique est une opportunité économique et qu’elle renforce la sécurité d’approvisionnement en énergie et la balance des paiements. Ce n’est pas tous les jours que nous entendons ces arguments ; je les trouve particulièrement pertinents. L’action en faveur du climat ouvre même de nouveaux marchés aux entreprises locales. Elle permet d’éviter des coûts futurs importants, notamment des pertes économiques dues aux catastrophes naturelles, des décès, des coûts de la santé, une baisse de la productivité, etc. Mais c’est vrai – c’est heureux de le souligner – les engagements financiers consentis par l’Etat pour le climat tendent d’ores et déjà à être plus importants que les dépenses occasionnées par la pandémie du Covid. Ainsi, les années 2020 à 2023, un montant total de l’ordre d’un milliard de francs a contribué à l’atteinte des objectifs climatiques, les dépenses Covid étant légèrement inférieures.
Un nouveau bilan carbone a été réalisé et publié en juin 2022. Il constate que plus de 15,2 tonnes d’émissions par habitant et par année sont émises dans le canton, dont un tiers environ sont des émissions territoriales – les deux autres tiers étant générés en dehors des frontières cantonales, en raison de la consommation et de l’importation de biens. Ce ratio d’un tiers d’émissions territoriales et de deux tiers d’émissions extraterritoriales est similaire à celui observé pour l’ensemble de la Suisse.
J’aimerais souligner que le Conseil d’Etat nous a fait une très bonne surprise le lendemain de notre dernière journée avant la pause estivale, en tenant une conférence de presse in corpore. Nous autres, Vaudoises et Vaudois, savons combien une conférence de presse in corpore du Conseil d’Etat est un événement majeur. Il l’a notamment fait pour renforcer son engagement climatique et expliquer le détail des 209 millions de francs supplémentaires qu’il a libérés en faveur du climat. Je cite quelques exemples de ces mesures :
- dans le champ de la dynamique de réduction des émissions, un report du transport de marchandises de la route au rail à hauteur d’un tiers de ces 209 millions, à savoir 67,3 millions de francs ;
- l’accompagnement des communes est renforcé à hauteur de 8 millions de francs ;
- des programmes de formation et d’insertion dans le domaine de la transition énergétique seront financés à hauteur de 3,8 millions ;
- dans le secteur des capacités d’adaptation et de résilience du territoire, la biodiversité sera protégée par la réalisation d’un plan sectoriel d’infrastructures écologiques à raison de 15 millions de francs ;
- des mesures d’adaptation pour les systèmes naturels et humains feront aussi l’objet d’un financement de plus de 17 millions ;
- quant à l’agriculture, il s’agit de l’accompagner face aux changements climatiques pour plus de 12 millions et de renforcer l’autonomie en ressources nécessaires à la production agricole pour 10,5 millions ;
- enfin, l’exemplarité de l’Etat est aussi au cœur de ses engagements. Je ne citerai qu’une seule mesure : l’autonomie électrique en 2035 pour les bâtiments de l’Etat sera financée pour plus de 18 millions de francs.
Le gouvernement a également annoncé cinq chantiers législatifs :
- une nouvelle loi-cadre pour la durabilité et le climat – je suis heureux que la motion que j’avais proposée pour une loi en faveur de la durabilité soit complétée par un volet climat ;
- la Loi vaudoise sur l’énergie, dont on a beaucoup parlé ces derniers jours ;
- la Loi sur les routes ;
- la Loi sur la gestion des déchets ;
- la Loi sur l’aménagement du territoire et des constructions (LATC) et, enfin, une révision du plan directeur (PDCn).
Il s’agit-là d’ambitieux engagements du Conseil d’Etat. Pour l’ensemble de la législature – ce chiffre m’a intrigué et je serais heureux que Mme la conseillère d’Etat nous renseigne à ce sujet – le gouvernement s’est engagé à hauteur de 1,8 milliard de francs. Je serais heureux de connaître la manière dont ce montant se décompose. Il s’agit d’environ 360 millions de francs par an. Ce sont des sommes intéressantes face aux enjeux qui nous attendent. Madame la ministre, vous êtes maintenant à la tête de l’Office cantonal du développement, de la durabilité et du climat (OCDC) qu’on aime maintenant prononcer à l’anglaise « osidisi ». De nombreux défis demeurent en matière de mobilité, d’assainissement des bâtiments, d’agriculture, d’alimentation et de sobriété. Madame la nouvelle ministre de la durabilité et du climat – si j’ose le dire ainsi – vos démarches et celles du Conseil d’Etat feront toujours l’objet de notre meilleure attention.
La discussion est ouverte.
Permettez-moi d’élargir un peu le spectre de cette interpellation. J’aimerais rappeler l’esprit qui a amené à cette interpellation, sans entrer en matière sur les questions posées ni sur les réponses du Conseil d’Etat. Cette interpellation méritait d’être déposée. Aujourd’hui, on peut se demander si ce n’est pas sous l’emprise de la pandémie et de la peur de ses conséquences économiques qu’une majorité de ce Parlement avait jugé judicieux, en 2020, de voter des projets comme l’enneigement artificiel de Leysin - Les Mosses. Il me semble, vu l’aberrance d’un tel projet, que cette majorité avait complètement oublié l’épée de Damoclès qui plane sur notre environnement. Aujourd’hui, après l’éloignement de la pandémie, il faudrait avoir le courage de revenir sur quelques décisions prises durant cette période d’exception. Au contraire de la pandémie, la menace de la catastrophe environnementale ne s’éloigne pas ; elle se renforce.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.