23_INT_135 - Interpellation Martine Gerber et consorts au nom Groupe des Vert.e.s - Canons à neige, quelle viabilité économique pour ce projet ? (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 5 septembre 2023, point 5 de l'ordre du jour

Texte déposé

Canons à neige, quelle viabilité économique pour ce projet ?

 

Le 6 août 2023, prenait fin une enquête publique sur les communes de Leysin[1] et Ormonts-Dessous[2] concernant un projet d’enneigement artificiel prévu dans les stations de Leysin et des Mosses, comprenant l’installation de plus de 170 canons à neige lesquels nécessitent la pose de quelques 22 km de conduites à travers les alpages et le pompage 250 000m3 d’eau au lac de l’Hongrin.

Ce projet énergivore d’enneigement artificielle est d’un autre temps, du point de vue énergétique, climatique, environnemental, social et économique.

 

Il enfreint aujourd’hui les principes les plus élémentaires en matière de politique climatique, principes acceptés dans les urnes en juin dernier dans le cadre de l’initiative populaire « pour la protection du climat [3]» pour atteindre la neutralité carbone et la préservation de la biodiversité.

 

Notre canton mène une politique climatique active, le Plan climat vaudois est explicite : il renforce l’accompagnement aux communes ainsi que la protection de la biodiversité par la réalisation d’un plan sectoriel d’infrastructures écologique.

Un crédit cadre de 50 mio de francs a été voté par notre parlement en juin dernier, pour soutenir une transition vers un tourisme 4 saisons dans les stations de montagne du canton, orienté vers la durabilité.

La nouvelle loi sur l’énergie, dont l’avant-projet vient d’être mis en consultation, prévoit des mesures importantes de soutien pour réaliser des économies d’énergie, efficientes et durables.

Les balises pour tenter de sortir de la crise énergétique et climatique sont posées. Ce projet d’enneigement artificiel va clairement à contre-sens. Dans ce nouveau contexte, la quantité d’énergie nécessaire à sa réalisation ainsi qu’à son fonctionnement pose un problème de partage des ressources (eau, électricité, espace) à une époque où la population et les entreprises sont appelées à une certaine sobriété, en particulier durant les mois d’hiver. De ce fait, la viabilité économique du projet lui-même est en jeu.

Le promoteur lui-même reconnait que ce projet est dépassé[4]. La conseillère d’Etat, Mme Isabelle Moret, cheffe du DEIEP et M le Conseiller Vassilis Venizelos, chef de la DJES l’admettent également publiquement[5][6].

La presse a du reste largement relayé ce sujet et s’en est fait porte-parole au travers de nombreux articles et émissions[7].

 

Un collectif de citoyens et citoyennes de Leysin et alentour, opposant.e.s au projet, c’est constitué pour réfléchir aux questions de l’avenir des localités de montagne, non seulement celle du développement du tourisme, mais aussi celle de la vie quotidienne des habitant.e.s.

Un nombre très élevé d’oppositions a été adressé aux communes, témoignant de la sensibilité et d’une prise en considération de la réalité climatique par la population.

 

Les alpagistes n’ont évidemment pas besoin de canons à neige pour mener à bien leur travail et prétendre sans fondement que ce projet pourrait soutenir l’agriculture est fallacieux.

Aujourd’hui, ce projet n'est plus compatible avec la Constitution vaudoise, notamment l’art 6, al a,c,d qui précise les buts de l’état sur le plan social et environnemental.

Le temps est compté. Nous sommes responsables de réorienter sans délai ce type de projet dépassé dans le but d’allouer les sommes engagées conformément aux dispositions prises par le peuple et le monde politique.

 

Au vu de ce qui précède, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

 

  • Dans un contexte d’accélération du réchauffement climatique (particulièrement rapide dans les Alpes avec une hausse des températures qui ne permettrait pas aux canons à neige de fonctionner) et de hausse des limites d’enneigement, comment le Conseil d’Etat peut-il garantir et contrôler la viabilité de ce projet sur le plan économique, selon l’art 4 et 6 du Règlement d’application de la loi sur l’appui au développement économique (RLADEPE) ?

 

  • Quels sont les délais, pour le promoteur, pour obtenir les crédits-cadre LADE votés en 2019 par le Grand Conseil ? Et cas échéant, en cas d’échec du projet, le Conseil d’Etat peut-il envisager de réallouer ce crédit non dépensé aux tourismes 4 saisons (Vivaldi) ?

 

  • En cas de validation du projet, le Conseil d’Etat est-il en mesure de garantir un approvisionnement en ressources (électricité, eau) suffisant notamment pour les hivers à venir, compte tenu de la crise énergétique et de la pénurie d’eau attendue, à la population concernée ?

 

 

 

[1]avis denquête Camac 225535

[2]avis denquête Camac 225539

[3]Initiative pour la protection du climat, (contre-projet de l’initiative pour les glaciers) » adoptée par le peuple le 18 juin 2023

[4]RTS Forum du 28 juillet 2023, Armon Cantieni

[5]NZZ du 5.8.22 et le Temps du …

Riviera Chablais votre région
N° 118 | Du 23 au 29 août 2023

 

[6]Riviera Chablais votre régionN° 118 | Du 23 au 29 août 2023

 

[7]Radio Chablais du 28 08 23

RTS La Matinale / 1 min. / le 27 juillet 2023

 

24h du 24 07 23 et du 30 07 23

Le Temps du 26 07 23

La NZZ du 5.8 23

RTS Forum du 28 07 23

La Liberté du

20 minutes du 18.07 23

Bick du 10.08 23

Riviera Chablais votre région
N° 118 | Du 23 au 29 août 2023

 

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Cendrine CachemailleSOC
Alberto MocchiVER

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Martine Gerber (VER) —

Quelle viabilité économique pour un projet d’installation de canons à neige en moyenne montagne, aujourd’hui ? C’est la question que pose le projet d’enneigement artificiel prévu dans les stations de Leysin et des Mosses, comprenant l’installation de plus de 170 canons à neige et qui nécessite la pose de quelque 22 km de conduite, à travers les alpages, ainsi que le pompage d’une grande quantité d’eau du Lac de l’Hongrin. Ce projet énergivore d’enneigement artificiel est d’un autre temps du point de vue énergétique, climatique, environnemental, social, mais aussi économique. Il enfreint les principes les plus élémentaires en matière de politique climatique pour atteindre la neutralité carbone et la préservation de la biodiversité.

Notre canton mène une politique climatique et le Plan climat vaudois est explicite. Il renforce l’accompagnement aux communes ainsi que la protection de la biodiversité. Nous venons de voter un crédit-cadre de 50 millions pour soutenir une transition vers un tourisme de quatre saisons. A l’évidence, les bases pour tenter de sortir de la crise énergétique et climatique sont posées. Dans ce nouveau contexte, la quantité d’énergie nécessaire à la réalisation de ce projet, ainsi qu’à son fonctionnement, pose un problème de partage des ressources – eau, électricité, espace – à une époque où la population et les entreprises sont appelées à une certaine sobriété, en particulier durant les mois d’hiver. Un projet dont la réussite ne repose que sur l’aspect économique n’est pas durable et sa viabilité économique est donc légitimement discutable.

Le promoteur lui-même reconnaît que le projet est dépassé ! Des débats citoyens et des débats intégrant les acteurs économiques, sociaux et environnementaux doivent avoir lieu pour éviter que les effets néfastes de tels projets hors sols ne retombent sur la population indigène, car le projet n’est pas ancré dans la réalité d’aujourd’hui. Quel futur pour nos villages de montagne ? Des cités-dortoirs avec des infrastructures de loisirs abandonnées, du chômage, et un environnement désolant de pauvreté ? Un tel projet participe au réchauffement climatique et les canons à neige sont un emplâtre sur une jambe de bois dont le bénéficiaire sera le promoteur, dans le meilleur des cas. Prétendre maintenir une économie touristique de cette manière est un argument qui repose sur la peur – la peur du changement – et le déni de réalité. C’est aussi gravement sous-estimer les capacités de changement des actrices et des acteurs locaux qui travaillent sur place. A ce titre, l’Etat se doit donc de montrer l’exemple et faire preuve de résilience et de courage.

De nombreuses oppositions ont été adressées aux communes, témoignant de la sensibilité et d’une prise en considération de la réalité climatique par la population locale. Les alpagistes et les agriculteurs et agricultrices n’ont évidemment pas besoin de canons à neige pour mener à bien leur travail. Prétendre, sans fondement, que ce projet pourrait soutenir l’agriculture est donc fallacieux et opportuniste. Aucune volonté de synergie n’apparaît dans le dossier et aucune étude n’a été menée en ce sens. Aujourd’hui, ce projet n’est plus compatible avec la Constitution vaudoise. Le temps est compté. Nous sommes responsables de réorienter sans délai ce type de projet, dépassé, dans le but d’allouer les sommes engagées – 11 millions de ce cas – conformément aux dispositions prises par le peuple et la politique. Gageons que nous en sommes capables !

C’est pourquoi j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat.

  • Dans un contexte d’accélération du réchauffement climatique, particulièrement rapide dans les Alpes – avec une hausse des températures qui ne permettrait pas aux canons à neige de fonctionner, ainsi que des hausses des limites d’enneigement – comment le Conseil d’Etat peut-il garantir et contrôler la viabilité de ce projet sur le plan économique ?
  • Quels sont les délais, pour le promoteur, pour obtenir les crédits-cadres selon la Loi sur l’appui au développement économique (LADE) votée en 2019 par le Grand Conseil ?
  • Le cas échéant, en cas d’échec du projet, le Conseil d’Etat peut-il envisager de réallouer ce crédit non dépensé au tourisme quatre saisons ?
  • En cas de validation du projet, le Conseil d’Etat est-il en mesure de garantir un approvisionnement en ressources – électricité, eau, espace – suffisant, notamment pour les hivers à venir, compte tenu de la crise énergétique et de la pénurie d’eau attendue, à la population concernée ?
M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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