RAP_682772 - Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le Postulat Sébastien Cala et consorts - Accorder plus d'importance à l'éducation physique et sportive afin de favoriser le développement moteur de l'enfant.
Séance du Grand Conseil du mardi 27 août 2024, point 20 de l'ordre du jour
Documents
- Texte adopté par CE - Rap-CE - POS Cala 19_POS_178 - publié
- Rapport de la commission - RAP_682772 - Sylvie Pittet-Blanchette
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa Commission thématique de la formation s'est réunie le 15 juin 2023, en présence de M. le conseiller d’Etat Frédéric Borloz, accompagné de MM. Michael Fiaux, Didier Sieber, Lionel Eperon, Florian Etter, ainsi que Mmes Suzanne Peters et Séverine Michellod. Le secrétaire de la commission, M. Jérôme Marcel, a pris en charge la rédaction du procès-verbal, ce dont je le remercie.
Dans le cadre de la réunion, le chef du département a exprimé la position du Conseil d’Etat, qui partage les préoccupations soulevées par le postulant. Globalement, il estime que ces préoccupations trouvent une réponse dans le rapport, en particulier en ce qui concerne la formation, pour laquelle des efforts notables sont réalisés, notamment par la Haute école pédagogique (HEP). Selon lui, lorsque l’on constate des manquements chez les jeunes, on s’en occupe avec la mise en œuvre de mesures de détection, de signalement et de soutien pour les aider à s'améliorer.
Tout en saluant les intentions du Conseil d’Etat, le postulant demeure insatisfait quant à certains points du rapport. Il relève notamment que, dans le cadre de la formation initiale et continue des enseignants du primaire, il n’est pas obligatoire d’avoir suivi des cours spécifiques liés à l’éducation physique et sportive pour obtenir son diplôme. Ainsi, il est possible de terminer sa formation à la HEP sans avoir acquis de compétences dans ce domaine. La HEP-Vaud souhaite renforcer de manière significative la formation continue des enseignantes et enseignants. Le postulant souhaite savoir quand ces intentions seront concrétisées, sachant qu’il faudra plusieurs années pour remédier aux insuffisances identifiées.
Le deuxième point concernait l’animation pédagogique en éducation physique et sportive, et il est mentionné qu’un tiers des établissements n'en proposent pas. Cela s'explique par le manque d'infrastructures sportives, l'absence de personnel qualifié pour organiser ces activités, ainsi que par une motivation parfois insuffisante des enseignants et des établissements eux-mêmes.
Le troisième point touche à la promotion du sport, du mouvement et de la santé. Les unités de promotion de la santé en milieu scolaire (UPSPS) se concentrent essentiellement sur des situations de surpoids. Le postulant se demande si ces unités sont également ouvertes aux problèmes locomoteurs et s’il existe une telle prise en charge dans toutes les institutions du canton. Il demande également un état des lieux du programme cantonal de promotion de l’activité physique et de l’alimentation équilibrée dans les écoles vaudoises. Avec l'initiative « L’école bouge », lancée par l’Office fédéral du sport, qui, à ses débuts, fournissait du matériel spécifique aux classes participantes, mais qui ne propose plus ce matériel depuis son passage sous l’égide de Swiss Olympic. Les enseignants sont désormais chargés de se débrouiller auprès de leur direction et des chefs de file. Ne serait-il pas possible au canton de mettre à disposition ce matériel ? Quelles actions ont-elles été entreprises pour permettre à davantage de classes de bénéficier de cette initiative ?
Le quatrième point concerne la détection et la prise en charge des enfants présentant des difficultés motrices. Le postulant ne conteste pas le modèle global de prise en charge, mais il note que tous les enseignants ne sont pas suffisamment formés pour détecter les enfants présentant des difficultés motrices. Pour l’ensemble de ces raisons, le postulant reste insatisfait, bien que le Conseil d’Etat dise adhérer aux conclusions du postulat et montre une volonté de mise en œuvre. Il attend cependant davantage de réponses concrètes sur leur réalisation. Par conséquent, à ce stade, il propose à la commission de rejeter la réponse du Conseil d’Etat.
Dans la discussion générale, le chef du département souligne qu’il faudra plusieurs années pour apporter des solutions, notamment en matière d’infrastructures. Il se montre toutefois disposé à répondre de manière transparente aux questions soulevées, tout en indiquant qu’il ne souhaite pas rouvrir le dossier. Le directeur général de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO), quant à lui, précise qu’un accord signé en mars 2023 entre les chefs de service du Service de l’éducation physique et du sport (SEPS) et de la DGEO impose désormais aux établissements de mettre en place une animation pédagogique, avec un minimum de quatre interventions annuelles en classe par des enseignants spécialisés.
Un commissaire souligne que, s’agissant du sport, certaines thématiques placent le canton en situation d'illégalité, notamment parce que l'éducation physique et sportive n’est pas obligatoire, à la HEP, mais optionnelle. Cela entraîne de regrettables inégalités parmi les enseignants, car il est essentiel de poser de bonnes bases en matière d’activité physique, durant les premières années scolaires, ces fondements étant déterminants pour la santé à long terme. Bien qu’il existe des opportunités, hors du cadre scolaire, il reste crucial d’intégrer ces enseignements dès l'école.
Il est également mentionné que, selon les données du Bureau de prévention des accidents (BPA), un nombre croissant d'enfants se blessent en raison d'un manque d’activité physique. Ainsi, malgré les réserves exprimées, la commission recommande au Grand Conseil d’accepter le rapport du Conseil d’Etat, par 7 voix contre 5 et 3 abstentions.
La discussion est ouverte.
Les bénéfices de l’activité physique pour la santé ne sont plus à prouver. De nombreuses études suggèrent également qu'une pratique régulière de l'exercice physique améliore les capacités d'apprentissage, en particulier dans le cadre scolaire. Toutefois, l'évolution de notre mode de vie tend à réduire cette activité, notamment chez les enfants, dont le taux de sédentarité ne cesse de croître par rapport aux générations précédentes. Des études récentes menées dans des pays voisins révèlent également, chez les jeunes, une diminution des compétences de base en matière de mouvements telles que courir ou lancer, un phénomène déjà identifié par l'Office fédéral du sport au début des années 2000. Assurer une mise en mouvement adéquate des enfants, et ainsi les encourager à maintenir une pratique sportive ou au moins une activité physique devient donc primordial pour les générations futures. En effet, un enfant inactif physiquement a peu de chances de devenir un adulte actif, et les comportements adoptés durant l’enfance constituent des facteurs déterminants pour la santé à l’âge adulte. Ce sont des faits établis scientifiquement.
C’est dans ce contexte que j’ai déposé le postulat auquel le Conseil d’Etat a répondu. Comme l’a souligné Mme la présidente de la commission, la lecture de ce rapport m’a laissé quelque peu insatisfait. Bien que je salue la volonté affichée par le Conseil d’Etat d’agir conformément aux préconisations du postulat, je constate un manque d’évolution tangible depuis le dépôt du texte, en 2019. Mme la présidente a rappelé mes réserves avec précision, qu'il s'agisse de la formation initiale à la HEP, où il est possible d'obtenir son diplôme sans avoir accumulé de crédits en éducation physique et sportive, ou de la formation continue dont la mise en place est encore attendue. L'animation pédagogique, quant à elle, n'est effective que de manière partielle sur le territoire, et l'accès au programme « L’école Bouge » demeure difficile, sans même évoquer la prise en charge des enfants présentant des difficultés motrices. En conséquence, je vous encourage à refuser la réponse du Conseil d'Etat et à exiger des précisions complémentaires.
A la suite du rapport très complet de Mme la rapporteuse de la commission, je tiens à ajouter que selon le texte, la responsabilité de la détection des enfants en difficulté ne repose pas uniquement sur les enseignants, mais également sur les parents et sur l'ensemble des intervenants autour de l’enfant ; c’est crucial. Après avoir reçu des réponses à nos questions, à l'instar du groupe UDC, je vous propose d'accepter ce rapport du Conseil d’Etat.
Je me préparais à exprimer des propos similaires à ceux de Mme Rey-Marion. Il me semble en effet que les responsabilités en matière de détection des problèmes de mouvement et de déplacement sont partagées. Les enseignants, qu'ils aient directement la charge de la classe ou non, restent vigilants à ce sujet et signalent toute anomalie aux parents ou aux représentants médicaux des établissements scolaires, dès qu'ils en prennent connaissance. De ce fait, j'ai la conviction que ce système fonctionne de manière satisfaisante.
Un groupe de travail composé de représentants de la DGEO, du SEPS et de la Haute école pédagogique (HEP), a été constitué pour élaborer une formation continue plus approfondie et plus efficace. Cette initiative est particulièrement prometteuse, et nous réalisons un effort considérable – et particulièrement le directeur général de la DGEO, notamment du fait de sa formation initiale de professeur de sport – pour assurer la mise en place optimale de ces mesures dans toutes les écoles, en veillant à ce que les enfants puissent pratiquer le sport de manière adéquate.
Nous partageons les préoccupations statistiques soulevées par M. Cala et nous nous y attelons. Je vous encourage donc à adopter ce rapport, qui incitera à poursuivre les efforts dans cette direction.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé avec quelques avis contraires.