22_LEG_147 - EMPD accordant au Conseil d'Etat un crédit d’ouvrage de CHF 55'260'000.- pour la construction d'une centrale de chauffe utilisant l’eau du lac pour alimenter les bâtiments de l'Université de Lausanne (1er débat).
Séance du Grand Conseil du mardi 13 juin 2023, point 16 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa commission s’est réunie le 30 janvier dernier sur le site de l’Université de Lausanne (UNIL). La séance était précédée par une visite facultative de la nouvelle centrale de chauffe de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) mise en service tout récemment, et dont le concept ainsi que la taille sont comparables au projet développé pour l’Université. En résumé, cette installation impressionnante permet de chauffer tout le site de l’EPFL en pompant de l’eau du lac à 7 degrés et en la rejetant à 3 degrés. De plus, cette eau permet de refroidir tout le Data Center qui se trouve au-dessous de la chaufferie. Nous remercions toutes les personnes qui ont organisé cette visite, ainsi que Mme Fanny Krug pour l’excellence de ses notes de séance.
Concernant le projet qui nous concerne, nous avons également pu visiter le futur emplacement de la nouvelle centrale de chauffe utilisant l’eau du lac pour l’UNIL. L’objectif principal de ce projet ambitieux et nécessaire est d’éliminer les émissions directes de CO2 de l’UNIL. Les deux chaufferies qui alimentent aujourd’hui la majorité des bâtiments du site fonctionnent aux énergies fossiles et représentent 85 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UNIL liées à l’exploitation des bâtiments. Le remplacement de ces chaufferies qui arrivent en fin de vie par la nouvelle centrale de chauffe permettra l’abandon rapide des énergies fossiles.
La nouvelle centrale de chauffe alimentera les 26 bâtiments concernés et couvrira les besoins futurs avec l’énergie locale et renouvelable qu’est l’eau du lac. Le projet prévoit d’équiper la centrale de chauffe de 3 pompes à chaleur (PAC) utilisant l’eau du lac Léman, d’une puissance de 5 mégawatts chacune, pour une puissance totale de 15 mégawatts. Une quatrième PAC pourra être ajoutée pour couvrir la croissance des besoins et du site. La centrale de chauffe sera connectée à la galerie technique existante pour la distribution des fluides. Après utilisation, l’eau du lac sera réinjectée sur le réseau de refroidissement du site, ou rejetée dans le milieu naturel à température proche de la température originale.
La commission a pris connaissance du choix d’enterrer le bâtiment qui accueillera la nouvelle centrale de chauffe. Des explications ont été données sur les impératifs techniques ayant dicté l’implantation du bâtiment. Le choix de l’enterrer est motivé par une volonté de préserver les surfaces pour des usages plus nobles, de conserver au Biophore un apport en lumière du jour, de limiter la perturbation de la faune et de maintenir les percées paysagères. Etant donné le nombre de tonnes de béton que la construction nécessitera, la commission émet le vœu que les graves utilisées soient des graves recyclées, dans la mesure du possible, et sinon du gravier indigène. Ce vœu est soutenu par le Conseil d’Etat, porteur du projet.
A l’unanimité, la commission ad hoc appuie le crédit de 55’260’000 francs pour financer la construction, sur le site de l’Université, d’une nouvelle centrale de chauffe équipée de PAC utilisant l’eau du lac. Cette nouvelle installation permettra d’alimenter le campus de Dorigny avec de l’énergie renouvelable. La commission recommande également à l’unanimité l’entrée en matière sur le projet de décret. Les commissaires saluent un projet exemplaire et d’envergure, qui contribue à atteindre les objectifs du canton de Vaud et de l’UNIL en matière de transition énergétique et de durabilité.
La discussion sur l’entrée en matière est ouverte.
Le PLR va soutenir cet exposé des motifs et projet de décret qui est un geste fort pour atteindre les objectifs de décarbonation en alimentant avec une énergie renouvelable un grand nombre de bâtiments sur le campus de l’UNIL. La visite d’une installation similaire, à l’EPFL, a permis aux commissaires – dont j’étais – de bien se rendre compte des enjeux liés à une telle installation et de l’ampleur des travaux nécessaires – 55 millions est un montant important. Le bâtiment prévu, comme cela a été dit, sera entièrement souterrain, selon les résultats d’une analyse multicritères complexe prenant en compte certains critères techniques, environnementaux et paysagers. Cela pose évidemment la question des coûts énergétiques et financiers liés aux importantes excavations et à la nécessité de réaliser l’ouvrage en béton. Je reviens sur le vœu formulé par la commission : étant donné le nombre de tonnes de béton, la commission souhaite que les graves utilisées soient des graves recyclées, dans la mesure du possible, ou alors au moins des graves indigènes. Nous souhaitons avoir un retour sur cette question, le moment venu.
Un aléa financier important du projet était lié à la possibilité de rejeter les eaux dans la Chamberonne plutôt que dans le lac Léman, ce qui nécessitait des travaux plus compliqués. J’espère que M. le conseiller d’Etat pourra nous dire si de nouveaux éléments sont apparus depuis notre séance du mois de janvier. Dans tous les cas, le groupe PLR soutiendra à l’unanimité ce projet qui s’inscrit parfaitement dans la politique cantonale. Il vous invite à entrer en matière sur ce projet de décret et à l’approuver.
Le groupe socialiste ne peut que se réjouir de ce changement très favorable de source d’énergie pour la chaleur d’une grande partie de l’UNIL, changement qui permettra à cette institution de faire un pas de géant vers la neutralité carbone. Toutefois, plusieurs points nous questionnent, qui auraient mérité d’être revus.
Premièrement, pour des raisons paysagères et d’éclairage de locaux qui ne sont pas très évidentes, le bâtiment sera largement enterré. Cela va générer l’excavation de milliers de m3 et l’utilisation de béton supplémentaire et pour ces mêmes raisons, peu de panneaux photovoltaïques seront posés. Lors de la séance, l’UNIL nous a présenté le plan de développement des surfaces construites, un développement très conséquent qui suit l’augmentation du nombre d’étudiants. Or, là aussi, d’autres solutions doivent être trouvées à l’avenir. Je souligne d’ailleurs qu’en mars dernier, soit peu après la séance de commission, ensuite d’intenses discussions prenant en compte de multiples aspects, dont le fait que les nouvelles constructions ont un fort impact sur l’environnement et le climat, l’Assemblée de la transition de l’UNIL – assemblée élue par tirage au sort parmi les étudiants, les enseignants et le personnel – a proposé à l’UNIL de stopper net les nouvelles constructions. J’espère que cet appel sera entendu, tant par le département que par la direction de l’UNIL.
Au nom du groupe socialiste, je vous recommande donc de soutenir cet exposé des motifs et projet de décret, tout en invitant le département à prendre en compte les remarques précitées concernant l’évitement de l’enterrement de constructions, à l’avenir, et aussi la réalisation du nouveau bâtiment.
Nous sommes bien conscients que l’Université doit tout à la fois s’agrandir parce que les étudiants sont là et qu’on ne peut instaurer un numerus clausus sur l’ensemble de l’université, mais en même temps l’on sait très bien, ainsi que mon préopinant l’a évoqué, que l’on ne peut pas non plus construire à tout va. Finalement, chaque construction est soupesée de manière aussi rationnelle que possible. Le choix qui a été fait d’enterrer cette construction technique repose sur le long terme ; ce choix semble être profitable pour l’ensemble du site qui est déjà bien construit et très dense. Cela permet de conserver des espaces paysagers et potentiellement d’instaurer des aires de repos, ce qui ne serait pas possible si le bâtiment n’était pas enterré. Des pesées d’intérêts ont été faites, et elles doivent être faites chaque fois, avec plus de sérieux aujourd’hui que par le passé. Cela dit, c’est un beau projet et je crois que la commission en a pris conscience. C’est un projet d’avenir pour l’UNIL et je me réjouis que, tout comme le Conseil d’Etat, vous puissiez le soutenir.
La discussion est close.
L’entrée en matière est admise à l’unanimité.
Le projet de décret est adopté en premier débat.
Au vu de cette belle unanimité, je demande le deuxième débat immédiat.
Retour à l'ordre du jourLe deuxième débat immédiat est admis à la majorité des trois quarts (112 voix contre 4 et 3 abstentions).
Deuxième débat
Le projet de décret est adopté en deuxième débat etdéfinitivement par 128 voix.