21_HQU_32 - Question orale Isabelle Freymond - Ne pas perdre une année de formation.
Séance du Grand Conseil du mardi 9 février 2021, point 3.4 de l'ordre du jour
Texte déposé
Ce début d'année s'annonce très compliqué pour les jeunes en formation, notamment dans le domaine de la restauration ou des commerces non essentiels.
En effet, au vu des fermetures de nombreux commerces, des apprentis se sont vu licencier. Le problème est qu'ils n'ont que quelques mois pour retrouver un employeur. Ce qui est compliqué, voir impossible, lorsque tout est fermé.
Un exemple simple : un jeune licencié en début décembre aura jusqu'à fin février pour retrouver un employeur alors que tout est fermé, pour cause de mesures sanitaires.
Au vu de ce qui précède, je pose la question suivant au Conseil d'Etat:
- Quel suivi et soutien sont offerts aux apprentis qui se retrouvent en difficulté dans leur parcours de formation à cause de la situation Covid?
Transcriptions
Ne pas perdre une année de formation
Ce début d’année s’annonce très compliqué pour les jeunes en formation, notamment dans le domaine de la restauration ou des commerces non essentiels. En effet, au vu des fermetures de nombreux commerces, des apprentis se sont vu licencier. Le problème est qu’ils n’ont que quelques mois pour retrouver un employeur. Un exemple simple : un jeune licencié en début décembre aura jusqu’à fin février pour retrouver un employeur, alors que tout est fermé, pour cause de mesures sanitaires.
Au vu de ce qui précède, je pose la question suivante au Conseil d’Etat : quels suivi et soutien sont offerts aux apprentis qui se retrouvent en difficulté dans leur parcours de formation à cause de la situation COVID ?
Retour à l'ordre du jour(Remplaçant Mme Cesla Amarelle, absente) Tout comme Mme la députée Freymond, le Conseil d’Etat s’est préoccupé des effets de la situation pandémique sur le parcours de formation des apprenties et des apprentis. Le champ de votre question étant potentiellement très large, vous me permettrez, madame la députée, d’y répondre selon trois angles : les mesures d’ores et déjà déployées ; les solutions proposées pour les apprentis faisant face à un licenciement ; et les mesures prises pour les apprentis touchés par la fermeture de leur secteur d’activité.
Je rappelle d’abord que le Conseil d’Etat a veillé à limiter les risques de ruptures des contrats d’apprentissage et a mis en œuvre des mesures afin de permettre à tous les jeunes en formation professionnelle d’achever leur cursus dans les conditions aussi normales que possible. A cet effet, il a l’an dernier adopté un plan de mesures de relance de l’apprentissage, dont les principales orientations visaient notamment à favoriser le replacement des apprentis qui ont perdu leur place en raison de la pandémie.
L’ensemble de ces mesures, ainsi que l’engagement des associations professionnelles et l’investissement des entreprises formatrices, ont permis de maintenir les places d’apprentissage et de réduire de 12 % le nombre de ruptures, malgré les fermetures sectorielles dues à la situation sanitaire. Néanmoins, de nombreux apprentis ont vu leur parcours de formation altéré par les fermetures des entreprises formatrices, notamment dans les domaines de la culture et de la restauration.
Concernant dès lors les apprentis licenciés fin 2020 dans les secteurs touchés par les fermetures, voici les solutions qui leur sont proposées : dans les secteurs en chômage technique comme ceux de la restauration ou du spectacle, les entreprises bénéficient des Réduction d’horaire de travail (RHT) pour les apprentis, ce qui permet d’éviter — ou à tout le moins de réduire — les risques de ruptures de contrat. Les formatrices et formateurs peuvent, malgré le chômage partiel, consacrer du temps aux personnes en formation, tandis que ces dernières sont en mesure de continuer à se former dans l’entreprise durant la période de chômage partiel. Le maintien des cours en école professionnelle est assuré pour les apprentis dans la même perspective de les soutenir jusqu’au terme de leur formation.
Néanmoins, si la poursuite de la formation engagée n’est plus possible au sein de l’entreprise formatrice, il est fréquent qu’une autre entreprise prenne le relais afin d’assurer le cursus de formation des apprentis concernés jusqu’à son terme. Un programme d’accompagnement renforcé, impliquant les commissaires professionnels, les conseillers aux apprentis et leurs réseaux, a été mis en place dans le canton pour faciliter et prioriser le replacement des jeunes se trouvant dans cette situation. Les entreprises formatrices qui engagent ces apprentis bénéficient de la prise en charge de la moitié du salaire annuel de l’apprenti. A ce jour, six entreprises ont sollicité cette mesure.
Ensuite, pour ce qui est des apprentis des secteurs à l’arrêt, les solutions suivantes leur sont offertes afin d’assurer le programme pratique : lorsque le chômage technique dure longtemps, la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) initie, avec les organisations du monde du travail, des solutions adaptées à chaque situation. Les deux domaines les plus touchés ont mis en place des mesures soutenues par le canton et par la Confédération. C’est ainsi, par exemple, que les apprentis techni-scénistes bénéficient d’une structure éphémère romande créée pour poursuivre la formation pratique devenue impossible dans les lieux de spectacle.
Le Conseil d’Etat a en outre décidé, le 3 février dernier, de financer un plan d’action spécifique, proposé de façon concertée par Hôtel et Gastro formation, l’école professionnelle de Montreux et la DGEP. Ce plan favorisera la poursuite de la formation pratique et le rattrapage des compétences qui n’ont pu être acquises en raison de fermetures d’une durée pouvant aller jusqu’à un semestre pour une partie de la centaine d’apprentis concernés. Des bilans individuels ont été conduits dans les quatre professions concernées de la cuisine et du service afin d’organiser des modules de formation pratique ciblés. Les institutions et entreprises restées ouvertes sont sollicitées pour accueillir temporairement les apprentis en arrêt et leur proposer des activités complétant leurs acquis professionnels en prévision des examens finaux. Par ailleurs, l’école professionnelle organise des journées de préparation aux examens pratiques à l’intention des apprentis en dernière année de formation.
L’engagement important des acteurs de la formation professionnelle depuis le début de la crise sanitaire permet d’assurer la qualification professionnelle de la jeunesse. Le Conseil d’Etat est déterminé à poursuivre cet engagement ces prochains mois, aux côtés des associations professionnelles et des entreprises formatrices. C’est cet engagement qui a permis d’éviter une vague de licenciements en raison de la crise sanitaire et qui a conduit à l’émergence de solutions innovantes pour assurer la formation pratique des apprentis touchés par les fermetures sectorielles.