21_POS_21 - Postulat Sébastien Cala et consorts - Renforcer le système sportif pour améliorer l'encadrement des sportives et sportifs.
Séance du Grand Conseil du mardi 21 décembre 2021, point 18 de l'ordre du jour
Texte déposé
La très grande majorité des structures sportives actuelles sont gérées par des dirigeant.e.s bénévoles et surtout, les activités offertes à la population sont encadrées par des entraîneurs bénévoles. Ainsi, n’ayant que peu de temps à accorder à leur activité associative ces derniers ont généralement une formation élémentaire qui s’arrête aux cours de bases de Jeunesse et Sport.
De ce fait, l’encadrement des jeunes est plus dépendant de la bonne volonté ainsi que de la personnalité des encadrants que de leur formation. Au-delà d’être des praticiens de leur discipline sportive, ils ou elles se doivent, à présent, d’être des éducateurs ou éducatrices, des psychologues, des nutritionnistes, des pédagogues, des managers, des gestionnaires, etc. Force est de constater que les attentes de la société ne sont plus en adéquation avec le modèle sportif promu dans notre canton où le bénévolat arrive à un point de saturation.
Afin de remédier à cette problématique, favoriser la pratique sportive auprès de l'ensemble de la population, renforcer l’encadrement au sein des associations et clubs sportifs vaudois et lutter contre les dérives potentielles (violences physiques et psychologiques, abus sexuels, harcèlement, dopage, etc.)[1], un nouveau modèle sportif s’impose. Il se doit d’être pensé sous plusieurs axes :
- La formation des entraîneurs et des dirigeant.e.s ;
- Le modèle structurel du sport vaudois ;
- Le financement du sport vaudois.
La présence sur le territoire cantonal d’institutions de formation reconnues (EPFL, UNIL, HES, etc.) et d’un tissu associatif sportif très développé est un atout pour mettre en place une nouvelle offre de formation, adaptée aux besoins actuels des formateurs et formatrices et de la société sans imposer le suivi d’un cursus universitaire complet. Cette formation permettrait d’améliorer l’encadrement des plus de 180'000 membres que comptent les clubs sportifs vaudois, et notamment les jeunes[2].
Afin d’accélérer le processus de professionnalisation du domaine sportif et d’améliorer les conditions cadres d’accueil des sportifs et sportives, il serait nécessaire de proposer un nouveau modèle de financement du sport vaudois. Aujourd’hui, pour les clubs et associations – structures qui accueillent l’essentiel des pratiquants d’activités physiques et sportives notamment chez les mineurs – le revenu provient de la cotisation des membres, des recettes de manifestations et de l’appui d’éventuels sponsors. Ce modèle ne permet pas à ces structures de professionnaliser leurs activités. Les soutiens financiers du Fonds du sport vaudois permettent parfois aux associations cantonales d’engager des entraîneurs professionnels mais ce n’est de loin pas le cas pour toutes.
De ce fait, il apparaît qu’un engagement financier plus conséquent de l’état est essentiel au développement du monde sportif vaudois. Un modèle inspiré de la loi sur les écoles de musique (LEM) permettrait de mettre en place une assise financière qui soutiendrait la professionnalisation du sport. Le sport associatif et les écoles de musique n’étant pas structurés de la même manière, le système se doit toutefois d’être adapté. Il n’est de plus pas question de professionnaliser l’ensemble des associations ou clubs sportifs, l’objectif étant de s’appuyer sur les structures existantes. De ce fait, il apparaît nécessaire de sélectionner au sein de chaque région, district, arrondissement ou sous-arrondissement, des structures sportives formatrices qui recevront un soutien permettant la mise en place d’un encadrement professionnel. Chaque région ayant une culture sportive différente, il serait important de prendre en considération cette composante au moment de définir les structures à soutenir, en partenariat avec les communes et les associations sportives cantonales.
Les structures sportives sélectionnées, une fois professionnalisées, seraient alors capables, en plus d’apporter un encadrement de meilleure qualité aux enfants, de faire des liens avec les écoles et les structures d’accueil parascolaires afin d’organiser des initiations et des activités sportives. Cela permettrait aux enfants de découvrir de nouvelles activités physiques et sportives et d’être mis en relation avec les professionnels du domaine. Sachant qu’il est essentiel pour le développement moteur des enfants de pratiquer différentes activités physiques et sportives et cela jusqu’à l’adolescence, sans se spécialiser dans une activité précise, une mutualisation du savoir-faire des clubs et associations permettrait d’élaborer une offre d’activités multisports dans toutes les régions du canton.
Afin d’améliorer la formation et l’encadrement des activités physiques et sportives, de prévenir les abus et renforcer l’offre en activité physique et sportive dans notre canton, les sous-signé.e.s ont l’honneur de demander au Conseil d’Etat de :
- Étudier la mise en place d’une nouvelle offre de formation pour les formateurs et formatrices sportifs ;
- Étudier la mise en place d’un nouveau modèle structurel du sport vaudois qui répond aux propositions émises ci-dessus (professionnalisation, mutualisation, lien avec l’accueil scolaire et parascolaire, etc.), en partenariat avec les acteurs du domaine sportif ;
- Étudier la faisabilité financière d’un tel modèle sportif, en partenariat avec les associations faitières des communes vaudoises ;
- Établir un plan directeur cantonal du sport.
[1] Une étude récente réalisée par l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne, démontre que 20% des jeunes de moins de 20 ans ont subi, en Suisse Romande, des violences physiques ou psychologique dans le cadre de leur activité sportive en club. Source : MARSOLLIER Elise & HAUW Denis, « Un jeune sportif romand sur cinq a été victime d’une forme de violence, révèle une étude de l’Université de Lausanne », Le Temps, 5 janvier 2021. Les résultats complets de l’étude scientifique ne sont pas encore parus.
[2] Cela représente plus de 90'000 jeunes de moins de 20 ans. Source : Service de l’éducation physique et
des sports du Canton de Vaud (SEPS), Portrait des clubs sportifs vaudois, 2016, pp. 6-7.
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Cendrine Cachemaille | SOC |
Muriel Thalmann | SOC |
Valérie Induni | SOC |
Eliane Desarzens | SOC |
Aurélien Clerc | PLR |
Delphine Probst | SOC |
Sylvie Pittet Blanchette | SOC |
Patrick Simonin | PLR |
Felix Stürner | VER |
Pierre-François Mottier | PLR |
Stéphane Masson | PLR |
Pierre Dessemontet | SOC |
Julien Eggenberger | SOC |
Stéphane Montangero | SOC |
Julien Cuérel | UDC |
Alberto Cherubini | SOC |
Sergei Aschwanden | PLR |
David Raedler | VER |
Jean Tschopp | SOC |
Grégory Devaud | PLR |
Nathalie Jaccard | VER |
Séverine Evéquoz | VER |
Rebecca Joly | VER |
Sébastien Pedroli | SOC |
Anne-Sophie Betschart | SOC |
Denis Rubattel | UDC |
Olivier Gfeller | SOC |
Salvatore Guarna | SOC |
Monique Ryf | SOC |
Muriel Cuendet Schmidt | SOC |
Jean-Claude Glardon | SOC |
Hadrien Buclin | EP |
Alexandre Démétriadès | SOC |
Carine Carvalho | SOC |
Denis Corboz | SOC |
Stéphane Balet | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Cédric Echenard | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa commission ad hoc chargée d’examiner le postulat Sébastien Cala et consorts a tenu séance le lundi 7 juin 2021. M. le conseiller d’Etat Philippe Leuba était présent ainsi que M. Imhof, chef du Service cantonal de l’éducation physique et du sport. Mme Marie Poncet Schmid a pris les notes de séance et je la remercie pour son efficacité. Le postulant est chercheur en sciences du sport à l’Université de Lausanne (UNIL) ainsi que vice-président de Ski Romand et de Sport Vaud. En outre, il est très sensible à la politique du sport dans le canton, en particulier à plusieurs problématiques impactant le sport associatif vaudois, à savoir les difficultés à trouver des bénévoles pour l’entraînement comme pour la gestion, le manque de valorisation des bénévoles et les difficultés à trouver des financements.
Il estime en outre que les attentes de la société ne sont plus en adéquation avec les modèles actuels. L’encadrement des jeunes comprend désormais l’éducation, la psychologie, la nutrition, la pédagogie. Cela l’a poussé à déposer un postulat visant à établir un Plan directeur cantonal du sport. Il s’agit de réunir les acteurs du sport vaudois, les représentants des communes et le Conseil d’Etat pour lancer une réflexion globale. Le postulant propose d’étudier la mise en place d’une nouvelle offre de formation pour les formatrices et formateurs sportifs, d’un nouveau modèle structurel du sport vaudois qui répond aux propositions émises ci-dessus – professionnalisation, mutualisation, lien avec l’accueil scolaire et parascolaire, etc. – en partenariat avec les acteurs du domaine sportif, d’étudier la faisabilité financière d’un tel modèle sportif en partenariat avec les associations faitières des communes vaudoises et, enfin, établir un Plan directeur cantonal du sport.
M. le chef de département est prêt à réunir l’ensemble des partenaires pour déterminer ce qui peut être fait. Il suggère toutefois de modifier la deuxième proposition du postulat qui, selon lui, oriente trop les travaux du futur groupe de travail. Dans ses discussions, la commission a reconnu les difficultés des clubs sportifs ainsi que le besoin d’optimiser le système et de le financer. C’est pourquoi la commission et le postulant conviennent de simplifier cette deuxième proposition et de la formuler de la manière suivante :
« Étudier la mise en place d’un nouveau modèle structurel du sport (…) en partenariat avec les acteurs du domaine sportif et les communes ».
La commission recommande au Grand Conseil de prendre en considération partiellement le postulat selon la formulation ci-dessus, et de le renvoyer au Conseil d’Etat, par 6 voix et 1 abstention.
La discussion est ouverte.
En préambule, j’annonce mes intérêts : comme l’a rappelé Mme Evéquoz, je suis chercheur en sciences du sport à l’UNIL et vice-président de Sport Vaud, la faîtière du sport associatif vaudois. Je remercie Mme Evéquoz pour son rapport et sa présentation complète ainsi que les membres de la commission pour leur soutien. Le sport vaudois fait face à de nombreuses difficultés : les clubs peinent à trouver des bénévoles, ces derniers ne sont pas ou très peu valorisés, leur formation est parfois lacunaire et les associations peinent également à trouver des financements. A cela s’ajoute le fait qu’en plus d’être spécialisés dans leur discipline sportive, les monitrices et moniteurs se doivent désormais d’être des éducatrices, des éducateurs, des psychologues, des nutritionnistes, des pédagogues, des managers, des gestionnaires, etc.
Force est de constater que les attentes de la société ne sont plus vraiment en adéquation avec le modèle sportif promu dans notre canton. Au-delà des questions structurelles, l’UNIL a dernièrement présenté les premiers résultats d’une étude menée auprès des jeunes sportives et sportifs romands. Il apparait qu’un enfant sur cinq dit avoir subi des violences psychologiques ou physiques, dans le cadre de leur pratique sportive. Afin de remédier à ces problématiques, favoriser la pratique sportive auprès de l’ensemble de la population, renforcer l’encadrement au sein des associations et clubs sportifs vaudois et lutter contre les dérives épisodiques, ce postulat demande de réunir autour d’une table les acteurs sportifs et politiques afin de lancer une réflexion générale sur le modèle sportif actuel. Cette réflexion se devra d’intégrer les questions structurelles, de formation et de financement. La commission a largement soutenu ce postulat et je vous encourage à en faire de même.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Le Grand Conseil prend le postulat en considération partiellement avec quelques abstentions.