21_INT_35 - Interpellation Claire Attinger Doepper et consorts - Recrudescence des dérives sectaires : dans le Canton de Vaud aussi (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 16 mars 2021, point 8 de l'ordre du jour
Texte déposé
Récemment, le gouvernement français a publié un rapport conjoint des services de sécurité et de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires[1]. Il y est fait état d’une tendance de fond à la « prolifération des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être ». Des offres de soins aux vertus supposément miraculeuses sont donc de plus en plus souvent la porte d’entrée vers l’endoctrinement sectaire. Il n’est dès lors pas surprenant que le rapport relève une recrudescence des cas en 2020 par rapport en 2019, et établisse un lien avec la pandémie de Covid-19. Un autre type de dérive sectaire renforcée par le contexte sanitaire s’articule autour des discours apocalyptiques et conspirationnistes – non pas en tant que tels mais comme portes d’entrée vers l’endoctrinement et l’exploitation.
S’il n’existe pas de définition unanimement reconnue de la notion de secte ou de dérive sectaire, on peut se référer utilement à celle de la mission interministérielle susmentionnée. Il s’agit, selon celle-ci, de « la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société ». L’ampleur des dons demandés, les ruptures exigées avec l’entourage social et familial conduisant à l’isolement, les abus physiques et sexuels sont autant de marqueurs des dérives sectaires.
Le rapport indique aussi que les signalements étaient en augmentation avant la pandémie déjà. Il relève, enfin, que les grands mouvements ont perdu du terrain au profit de micro-sectes organisées autour d’individus isolés ou en petites communautés.
Il est à craindre que le contexte pandémique ne soit pas favorable aux sectes qu’en France. Le Centre intercantonal d’information sur les croyances, financé par le Canton de Vaud pour observer l’évolution du paysage religieux, n’a, lui, publié qu’une très brève note en avril 2020 qui soulève des questions quant à l’effet de la pandémie sur les pratiques spirituelles plus qu’elle n’apporte de réponses[2]. Nous posons donc les questions suivantes au Conseil d’Etat :
· Le CE constate-t-il un effet de la pandémie sur les activités sectaires dans notre canton ?
· Le centre intercantonal d’information sur les croyances compte-t-il aussi rendre compte spécifiquement des effet de la pandémie et des mesures de restrictions sur les phénomènes sectaires?
· Combien de fois la plateforme de prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent a-t-elle sollicitée[3] ? Combien de cas relèvent de dérives liées à des religions identifiées, et combien sont en lien avec des sectes ou mouvements assimilés ?
· Actuellement, la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme met l’accent principalement sur le risque de violence[4]. Les risques d’isolement social, de rupture avec le milieu familial ou d’abus physiques et sexuels liés à la radicalisation et à l’endoctrinement ne devraient-ils pas également être intégrés dans une approche large ?
· Les employé-e-s du service du public (ORP et CSR, travail social, police, etc.) bénéficient-ils-elles d’outils pour détecter, y compris de manière précoce, les cas d’endoctrinement sectaire ?
Nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour ses réponses.
[1] https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Marlene-Schiappa-renforce-la-lutte-contre-les-derives-sectaires
[2] https://www.cic-info.ch/limpact-du-covid-19-dans-les-milieux-religieux-et-spirituels/
[3] https://www.vd.ch/themes/aides-financieres-et-soutien-social/prevention-de-la-radicalisation/
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Julien Eggenberger | SOC |
Monique Ryf | SOC |
Alexandre Démétriadès | SOC |
Isabelle Freymond | IND |
Anne-Sophie Betschart | SOC |
Delphine Probst | SOC |
Hadrien Buclin | EP |
Felix Stürner | VER |
Valérie Induni | SOC |
Denis Corboz | SOC |
David Raedler | VER |
Yves Paccaud | SOC |
Muriel Cuendet Schmidt | SOC |
Eliane Desarzens | SOC |
Stéphane Balet | SOC |
Sylvie Pittet Blanchette | SOC |
Marc Vuilleumier | EP |
Vincent Keller | EP |
Muriel Thalmann | SOC |
Salvatore Guarna | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Pierre Fonjallaz | VER |
Léonard Studer | |
Daniel Trolliet | SOC |
Sébastien Cala | SOC |
Nathalie Jaccard | VER |
Carine Carvalho | SOC |
Jean-Claude Glardon | SOC |
Céline Baux | UDC |
Pierre Dessemontet | SOC |
Taraneh Aminian | EP |
Jean-Louis Radice | V'L |
Amélie Cherbuin | SOC |
Cédric Echenard | SOC |
Jean Tschopp | SOC |
Olivier Gfeller | SOC |
Werner Riesen | UDC |
Daniel Ruch | PLR |
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourUn rapport français issu des services de sécurité ainsi que de missions interministérielles de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires fait état d'une tendance de fond à la prolifération des signalements dans le domaine de la santé et du bien-être. Des offres de soins aux vertus prétendument miraculeuses deviennent ainsi une porte d'entrée vers un endoctrinement sectaire. Devant la recrudescence des cas, en 2020, le rapport établit un lien avec la pandémie de COVID-19. Un autre type de dérive sectaire renforcé par le contexte sanitaire actuel s'articule autour des discours apocalyptiques et conspirationnistes, non considérés en tant que tels, mais en tant que porte d'entrée vers l'endoctrinement et l'exploitation. Ce rapport relève enfin que les grands mouvements ont perdu du terrain au profit de microsectes, organisées autour d'individus isolés ou en petites communautés.
Entre autres questions, nous soulevons celle qui traite de l'effet de la pandémie sur les pratiques spirituelles et les activités sectaires, tout comme les alertes retenues pour lutter contre la radicalisation et l'extrémisme. Je citerai notamment le risque de violence, l'isolement social, la rupture avec le milieu familial, les abus physiques ou sexuels. Je remercie d'avance le Conseil d'Etat de se pencher sur ces questions et j'attends avec impatience les réponses qu'il y apportera.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.