Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 14 décembre 2021, point 18 de l'ordre du jour

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Rapport de commission (min.) - Crédit ouvrage Maison Elysée (21_LEG_122)

Texte adopté par CE - EMPD - crédit ouvrage Maison Elysée - publié

Rapport de commission (maj.) - Crédit ouvrage Maison Elysée (21_LEG_122)

Transcriptions

M. Jean-Claude Glardon (SOC) — Rapporteur-trice de majorité

La commission s’est réunie le 16 septembre à la Maison de l’Elysée. En préambule à nos travaux, nous avons eu l’occasion de visiter ce magnifique bâtiment.

Pour mémoire, le Grand Conseil a octroyé en 2017 un crédit de 100 000 francs pour des études de programmation et de planification en vue d’une nouvelle affectation des espaces libérés par le musée de l’Elysée, transféré dès 2022 sur le site Plateforme 10.

Aujourd’hui, le Conseil d’Etat demande au Grand Conseil de lui accorder un crédit d’ouvrage de 7,3 millions de francs pour financer le développement du projet et les travaux de réaffectation de la Maison de l’Elysée à Lausanne. En tant que patrimoine vivant, elle est bien connue du Conseil d’Etat, autant pour son musée que pour les salles de travail ou de réception. Inscrite en note 1 au recensement architectural du canton de Vaud, la Maison de l’Elysée est considérée comme l’un des plus beaux édifices du XVIIIe siècle à Lausanne. La commission a eu l’occasion de s’en rendre compte lors de la visite organisée avant le déroulement de la séance.

En concordance avec la stratégie immobilière qui privilégie notamment la propriété plutôt que la location, cet investissement permettra principalement d’aménager des bureaux en vue de l’installation du Service des affaires culturelles (SERAC) et de l’Office des affaires extérieures (OAE) du canton, deux organismes emblématiques des missions du canton dont les locaux sont actuellement loués seront libérés. M. le Conseiller d’Etat a précisé que les choix de réhabilitation de la Maison de l’Elysée sont aussi guidés par des motifs économiques. Le projet prévoit en outre de réorganiser certains espaces dédiés au Conseil d’Etat et de contribuer à l’assainissement énergétique du bâtiment.

Inscrits en note 1 comme la demeure, le parc qui l’entoure ainsi que le jardin qui le prolonge magnifiquement vers le lac resteront accessibles au public. Il sera possible également d’ouvrir l’ensemble de la maison au public, lors de Journées du patrimoine par exemple, ou d’organiser des visites guidées, comme c’est le cas pour le Château Saint-Maire. Les directeurs de musée auront toujours la possibilité d’organiser des fêtes en cet endroit éminemment culturel. Par souci d’économie, la partie logistique ainsi que les archives muséales qui se trouvent au sous-sol subsisteront au sein du bâtiment et seront, de ce fait, sous l’égide du SERAC.

Le Conseil d’Etat souhaite revenir dans la partie historique du bâtiment, sur laquelle porteront les travaux d’interventions lourdes. A cet égard, les archives photos révèlent la disparition ou la modification d’un certain nombre d’éléments, dont les murs, qui ont subi des couches de couleur successives au fil du temps. En outre, le bâtiment fait partie des 77 constructions de l’Etat dont l’assainissement est priorisé dans le cadre de son Plan climat.

Dans le cadre de la discussion générale, les commissaires saluent la volonté de réhabiliter le bâtiment de la manière la plus respectueuse possible. Si ce projet paraît bon et utile aux yeux d’un député, il pense cependant que les coûts de la rénovation sont sous-évalués. Il constate aussi que la rénovation de cette maison constitue un projet de longue date et déplore un problème récurrent dans les exposés des motifs et projets de décrets, à savoir le manque d’un budget et d’une présentation des soumissions rentrées. Le directeur de la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) a précisé que des estimations ont été menées sur la base d’interventions identiques sur 1’300 bâtiments et de calculs datant du printemps passé. Aussi, des privés transmettent à la DGIP des estimations de coûts concernant leurs propres biens, ce qui permet aux services étatiques de réactualiser leurs données.

Deux députées soutiennent le projet et la réflexion engagée à ce propos ; toutefois, sa finalité leur pose quelques problèmes, et en particulier le fait de passer d’un lieu ouvert presque quotidiennement au public à une maison réservée principalement aux services étatiques. A leurs yeux, la fonction d’apparat pour le Conseil d’Etat et le Parlement ne constitue pas un symbole favorable pour la population, d’autant que des prises de position à ce sujet ont déjà été formulées au Grand Conseil et dans les milieux culturels. L’une d’elles avoue sa grande déception quant à la réaffectation du lieu. Certes, les jardins restent accessibles, mais il est regrettable que la maison ne soit pas dédiée à des bureaux ouverts au public. En ce sens, il aurait été possible d’imaginer la présence de services liés à l’Etat civil ou à d’autres formes de mise en relation avec le public. En réponse, le conseiller d’Etat a confirmé le souhait du Conseil d’Etat concernant une ouverture maximale du bâtiment au public. Il s’agira d’une maison d’apparat et de visites, ouverte un maximum de jours durant l’année et pas uniquement pour les Journées du Patrimoine. Des expositions de photographies pourront toujours être accueillies. A noter que le service administratif ne sera pas visible aux yeux du public qui aura de son côté accès aux jolies pièces. En outre, la maison reste à disposition du Parlement pour d’éventuelles séances de commissions. L’idée est que les locaux soient utilisés le plus possible.

M. le conseiller d’Etat a tenu à préciser qu’en matière culturelle, trop d’investissements ont été faits à Lausanne et dans le canton de Vaud en général. Il est aussi important de rappeler que la Maison de l’Elysée a été suffisamment malmenée : elle a vécu et il convient de lui donner une certaine assise. L’exemple analogue du Palais de Rumine montre qu’au niveau culturel, les plans d’affectation suscitent pléthore d’idées, mais parfois saugrenues et sans aucune vision.

En ce qui concerne le respect des délais, le directeur de la DGIP a expliqué que le conservateur cantonal et ses équipes ont été associés à toutes les phases du projet. Après concertation avec M. Broulis, et au vu du recensement de près d’un million de photographies encore à faire, il a été décidé de retarder le déménagement jusqu’en décembre 2022. L’objectif étant par conséquent de véritablement débuter les travaux en janvier 2023 pour les terminer en été 2024.

A la question de savoir s’il est prévu d’enlever les places de parc actuelles à l’entrée de la propriété, le conseiller d’Etat a répondu qu’il s’agissait d’en conserver, sans pour autant créer d’extensions sous l’effet d’une augmentation de l’activité ; d’autant plus que plusieurs parkings se situent à environ 600, voire 800, mètres du site. En revanche, il convient de redonner de la cohérence aux jardins, tout en garantissant un accès de mobilité réduite. Pour les vélos, il existe actuellement une rampe qui conduit à l’annexe et il est envisageable de créer un emplacement suffisant pour les vélos de ce côté-là.

Des précisions sur la question énergétique ont été données par le directeur de la DGIP, et je vous renvoie au rapport de commission pour le détail. La restauration du Château Saint-Maire a permis de prendre du recul sur certaines mesures énergétiques et, par exemple, d’opter pour une ventilation avec récupération de chaleur. A cette fin, un budget d’investissement a été calculé à hauteur de 370’000 francs.

Au vote, par 7 voix contre 2, les 3 articles du projet de décret ont été adoptés. La commission recommande au Grand Conseil l’entrée en matière par 7 voix contre 2 et aucune abstention. Un rapport de minorité a été annoncé.

Mme Graziella Schaller (V'L) — Rapporteur-trice de minorité

La minorité de la commission ne conteste pas la nécessité d’effectuer des travaux et elle salue la volonté exprimée de réhabiliter le bâtiment de la façon la plus respectueuse possible. Alors, pourquoi présenter un rapport de minorité ? Parce que, comme l’a dit le rapporteur de la majorité, la réaffectation proposée de la Maison de l’Elysée décevra de nombreux Vaudois et Lausannois, comme elle nous déçoit aussi. Vous savez que le Musée de la photographie de l’Elysée va bientôt déménager près de la gare. Ce musée accueillait chaque année des milliers de visiteurs. La maison et ses jardins sont très appréciés par la population. Et contrairement à ce qu’a dit M. Chollet en faisant un parallèle avec la maison de Mon-Repos, cette dernière n’est pas du tout ouverte au public, contrairement à la Maison de l’Elysée qui est visitée chaque année par des milliers de personnes.   Dès l’annonce du déménagement, le Conseil d’Etat avait affirmé vouloir conserver une ouverture maximale du bâtiment au public. Nous espérions et attendions du Conseil d’Etat qu’il mène des réflexions et examine différentes options pour installer des bureaux – de l’administration certes, mais ouverts à la population. Or, ce n’est pas du tout ce qui est projeté dans cet exposé des motifs et projet de décret. Une grande partie du bâtiment sera affectée à des services de l’administration qui ne seront pas du tout accessibles au public - le SERAC et l’OAE. Il semble évident que le Conseil d’Etat veut développer une maison de représentation et d’apparat, pour un montant de 7,3 millions, et ceci à la charge du contribuable, bien sûr. On nous promet que les jardins resteront accessibles et ouverts au public, ce qui est quand même la moindre des choses. Il est indiqué que le seul espace dans la maison qui pourrait être mis à disposition pour des expositions ou des réceptions se trouverait dans les combles ou au sous-sol. Il est assez difficile d’imaginer ce qui sera fait, puisqu’il n’y a aucun détail concernant ce point dans l’exposé des motifs et projet de décret.

Dans ces espaces magnifiques, comme cela a été évoqué dans le rapport de majorité, on aurait pu imaginer d’avoir les bureaux de l’Etat civil, par exemple, voire même y célébrer des mariages civils, ou d’autres services de l’administration qui offrent des prestations à la population aurait pu s’y déplacer et qu’on puisse voir les magnifiques pièces de cette maison et son environnement. On peut même imaginer que des réflexions conjointes aient pu être menées avec la Ville de Lausanne, même si, comme cela a été dit, la ville a déjà sa maison de représentation, à Mon-Repos.

Dans cet exposé des motifs et projet de décret, on ne trouve aucune réflexion sur les possibilités qui auraient été étudiées afin de proposer d’autres affectations. La minorité de la commission regrette ce manque d’ouverture et d’imagination, voire d’esprit, qui contredit les premières annonces du Conseil d’Etat. Nous vous invitons donc à refuser le projet de décret, afin que le Conseil d’Etat revienne devant le Parlement avec des propositions de réaffectation conformes aux intentions qu’il avait annoncées d’une large ouverture au public.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion sur l’entrée en matière est ouverte.

Mme Alice Genoud (VER) —

Les Vertes et les Verts qui ont signé le rapport de minorité soutiennent et saluent largement la rénovation de la Maison de l’Elysée, un site emblématique du patrimoine bâti du canton de Vaud et un édifice historique cher au grand public. Au-delà de la nécessité de sa rénovation, c’est même un bon signal, responsable et exemplaire, que donne le canton vis-à-vis de son patrimoine. En revanche, la finalité de cette rénovation nous heurte. Sous couvert de réhabilitation, le projet actuel est tout simplement en train de transformer un lieu de culture populaire, ouvert à toutes et tous et bien connu, en une maison d’apparat à usage presque exclusif du Conseil d’Etat. Nous transformons une maison ouverte au public 365 jours par année en une propriété réservée à de rares privilégiés ! On est bien loin du « patrimoine vivant » dont le Conseil d’Etat a fait l’alpha et l’oméga de sa politique des monuments historiques.

En commission, il nous a été dit qu’il y aurait des ouvertures, mais il faut être clair : la possibilité éventuelle de monter de petites expositions dans les combles ou d’aménager un bureau administratif n’est pas un programme à destination du public ! Nous sommes en train de vivre une pandémie qui n’en finit pas, avec son lot d’impacts sociaux et économiques, et ses dégâts à court et à long terme sont incalculables. C’est tout sauf le moment de fermer, et à grands frais, un lieu de culture et de patrimoine dont les Vaudois ont pu bénéficier pendant de nombreuses années. Evidemment, Conseil d’Etat est libre de se doter d’une résidence cantonale chic pour les besoins des réceptions officielles, si c’est l’image qu’il a envie de se donner, mais de nombreux autres lieux pourraient tout à fait faire l’affaire. La Maison de l’Elysée se doit d’appartenir au peuple vaudois. Pour toutes ces raisons, le groupe des Vertes et des Verts ne soutiendra pas le projet de décret et vous enjoint à faire de même.

M. Guy Gaudard (PLR) —

Cette commission était intéressante au vu de l’enjeu historique de la demeure de la Maison de l’Elysée. Le Conseil d’Etat propose en effet un crédit d’étude de 100 000 francs pour réhabiliter ce bâtiment suite au transfert du Musée de l’Elysée sur le site de Plateforme 10 et le destiner à d’autres affectations telle l’installation du SERAC et de l’OAE. Certains espaces seront réorganisés pour le Conseil d’Etat qui accueille de nombreuses réceptions dans ce bâtiment. L’assainissement énergétique de ce dernier sera également réhabilité. Les 7,3 millions de francs demandés par le crédit d’ouvrage seront dédiés à restituer au bâtiment sa partie historique originelle où, selon de nombreux témoignages d’archives, plusieurs éléments d’origine doivent retrouver leur lustre d’antan. Il faut également souligner plusieurs aménagements intérieurs rendant l’accessibilité aux différentes salles beaucoup plus aisée. La Commission de construction sera chargée de redistribuer la topologie des bureaux. Notons également qu’un ascenseur reliant les sous-sols aux combles sera créé. Le parc arborisé d’une extrême qualité sera toujours accessible au public, sauf si des déprédations devaient intervenir. On peut regretter une nouvelle fois que le crédit d’ouvrages soit calculé selon des critères et des échelles qui échappent aux 90 % des députés et que ce ne soit pas sur soumissions rentrées, d’autant plus que le temps ne manquait pas pour lancer des appels d’offres en bonne et due forme et que le crédit d’étude aurait permis d’y parvenir. S’agissant d’un monument historique situé sur la commune de Lausanne, on peut se réjouir que le Conseil d’Etat investisse pour entretenir ce bâtiment.

Le PLR vous invite à accepter l’entrée en matière sur ce projet de décret, en formulant le vœu que le crédit demandé de 7,3 millions sera suffisant au vu de la complexité des travaux sur un bâtiment historique. Il vous invite également à soutenir le rapport de la majorité de la commission. Il est normal que notre Conseil d’Etat dispose d’un bâtiment pour son propre usage à même d’être utilisé pour recevoir des représentants d’autres pays ou des dirigeants de grandes entreprises.

M. Arnaud Bouverat (SOC) —

Tout d’abord, le groupe socialiste tient à saluer la politique culturelle dynamique dont s’est doté notre canton qui, avec la création de Plateforme 10, nous permet aujourd’hui d’évoquer le futur de la Maison de l’Elysée. En tant que tel, c’est un sujet qui nous réjouit. Par ailleurs, il faut saluer le respect de la logique de l’Etat propriétaire. Le Grand Conseil s’est plusieurs fois mobilisé par rapport à la vente de son patrimoine. Ici, nous sommes dans une situation dans laquelle le canton prend ses responsabilités, prévoit de réhabiliter et de rénover un bâtiment de l’Etat et de l’inscrire dans la perspective énergétique progressiste dont notre canton s’est doté. Tous ces éléments sont à saluer.

Le groupe socialiste tient aussi à ce que le Conseil d’Etat préserve une salle de réception pour les accueils officiels. C’est un élément qui nous paraît absolument nécessaire pour un canton de notre taille. Nous ne rejoignons pas les propositions qui ont pu être évoquées de fusionner ou d’imaginer des déplacements de ces activités pour ce projet. En revanche, nous avons en effet un problème avec l’exposé des motifs et projet de décret tel qu’il nous est présenté : nous ne comprenons pas très bien la vision que le Conseil d’Etat développe pour la future utilisation publique de ce bâtiment. En fait, nous avons ici affaire à un projet de privatisation du bâtiment pour les stricts besoins de l’Etat et de ses services. Ce choix est regrettable. Certes, comme cela a été dit par le rapporteur de la majorité, il y a une ébauche de quelques ouvertures pour les Journées du patrimoine ou d’autres activités, mais – en tout cas dans leur formulation – elles paraissent plutôt ponctuelles et non permanentes. L’attachement des Vaudois et des Lausannois       à ce patrimoine mérite à notre avis de préserver un accès public permanent qui ne se résume pas à la simple location de salles pour de l’événementiel privé ou de l’Etat pour d’éventuelles journées thématiques, comme il le fait parfois ; des activités qui sont le plus souvent réservées à des élus et non à l’ensemble de la population lausannoise et vaudoise.

Il est très délicat de se retrouver aujourd’hui, à 150 députés, pour lancer un concours d’idées sur l’affectation prochaine de ce bâtiment. Je ne rejoindrai même pas certaines propositions de ma collègue Schaller en la matière, mais nous nous rejoignons sur l’absolue nécessité de garder une vocation publique et culturelle à ce lieu. Or, l’exposé des motifs et projet de décret tel qu’il nous est présenté ne répond pas à ce souci, que nous pensons partagé par de nombreux citoyens de ce canton.

Dans un tel contexte, le groupe socialiste ne souhaite pas que l’on reporte les rénovations reconnues comme nécessaires aux calendes grecques. Il souhaite donc vous proposer un amendement aux conclusions du décret, qui reconnaît la nécessité de rénover et d’assainir énergétiquement le bâtiment de la Maison de l’Elysée, mais qui ajoute un nouvel article 1bis pour ancrer la volonté – soutenue par ce Grand Conseil, je l’espère – de préserver une vocation publique permanente à ce bâtiment. Cela ne veut pas dire que l’ensemble du bâtiment doit être public, mais qu’une partie de ce dernier doit être dévolue à des activités accessibles au public en permanence.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Il y a une unité de matière avec le sujet précédent initié par notre collègue Hadrien Buclin. Je crois que si les uns et les autres s’accordent à reconnaître que cette maison a besoin d’un coup de neuf et d’une bonne rénovation, ne serait-ce qu’au niveau énergétique, nous ne nous entendons pas sur son usage ; il faut reconnaître que de cela dépendra l’issue du vote sur l’entrée en matière. Il est évident que la mixité entre un usage public et un usage institutionnel dans le même ensemble à défaut d’être stricto sensu sous le même toit, n’a jamais été heureuse. Je répète, parce que je n’ai peut-être pas été compris par la rapportrice du rapport de minorité, que la Maison de Mon-Repos n’a jamais été d’un usage affecté au public, quand bien même la majorité politique n’est pas exactement la même que dans ce Grand Conseil ; cela n’a rien à voir. Je crois que, tout en nous félicitant de la proximité historique qu’entretiennent nos dirigeants avec la population, et cela tout au long de l’année, nous estimons néanmoins que l’Elysée n’est ni la maison du peuple ni le Capitole de Washington. Ne mélangeons pas tout et restons-en à l’affectation prévue par le Conseil d’Etat. Cela ira très bien ainsi.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Pour votre serviteur, il est absolument hors de question de refuser l’entrée en matière sur ce projet de décret, car cela impliquerait de perdre énormément de temps et qu’à l’extrême limite, rien ne force le Conseil d’Etat à revenir avec un exposé des motifs et projet de décret. Je dois dire que j’ai été scandalisé quand j’ai visité cette maison, car je l’ai connue autrement, avec beaucoup plus de dignité. Au fil du temps, on a ajouté des cloisons, installé des bureaux et plus utilisé les combles, sans parler du sous-sol… C’est du grand n’importe quoi ! Au train où ça va, il n’y a qu’à continuer ainsi et nous pourrons nous dispenser définitivement de cette maison. A moins que nous voulions la conserver comme une ruine ? Vouloir refuser cet exposé des motifs et projet de décret me paraît surréaliste.

En ce qui concerne l’amendement proposé par M. Bouverat, nous pourrons toujours y revenir. Peut-être que le débat devrait permettre de clarifier certains aspects. Je rappelle que le débat fait entièrement partie de l’exposé des motifs et projet de décret.En tout état de cause, je ne peux que solliciter de votre part un vote positif pour l’entrée en matière. Encore un mot sur la Maison de Mon-Repos : je suis évidemment capable de demander le report du deuxième débat en attendant la prochaine séance du Conseil communal de Lausanne où les conseillers communaux lausannois qui sont dans cette salle auront déposé une motion demandant que la Maison de Mon-Repos soit mieux accessible aux habitants de cette ville.

M. David Raedler (VER) —

La question qui nous occupe ici n’est pas tant la question de la rénovation de la Maison de l’Elysée elle-même, mais celle de son utilisation et surtout de son accessibilité. Comme cela a très bien été dit par Mme la rapportrice de minorité de la commission, ainsi que par les différentes personnes qui ont pris la parole en faveur de cette accessibilité, c’est un point absolument central pour une demeure qui fait partie d’un patrimoine historique central du canton de Vaud. Il faut rappeler que cette villa a accueilli de très grands noms – dont Mme de Staël – et des pièces de théâtre. Dans cette maison et dans ses jardins, vous trouvez une grotte dans laquelle se trouvaient des stocks de glace pour faire des glaces au XIXe siècle. Il y a énormément d’éléments qui se rapportent au patrimoine du canton. A ce titre, son accessibilité au public est absolument centrale.

Pourtant, depuis le début, depuis le projet de déménagement du Musée de l’Elysée sur le site de Plateforme 10, le Conseil d’Etat avait à l’esprit le fait que cette maison serait dévolue à son apparat et qu’elle ne serait pas accessible au public. Pour preuve, je vous renvoie notamment à une revue de presse facilement accessible, et notamment à un article paru dans Le Temps, le 16 mai 2014. Dans cet article, titré « En plus du Château, le gouvernement vaudois vise l’Elysée », le journal détaille le fait que le Conseil d’Etat souhaite effectivement fermer l’accessibilité publique de cette maison et en faire un lieu d’accueil pour son apparat. Dans ce contexte, un passage particulièrement intéressant fait écho à ce qu’a dit mon préopinant, notre très estimé collègue Philippe Vuillemin – d’ailleurs cité dans cet article : « Il faudrait laisser toutes les options ouvertes au lieu de s’approprier d’emblée le bâtiment. » A cette époque, le Conseil d’Etat souhaitait d’emblée s’approprier l’entier de la Maison de l’Elysée. Dans la suite de l’article, M. Vuillemin indiquait qu’il n’était pas opportun de fixer dans l’immédiat une affectation qui pourrait énerver les citoyens, alors que le pôle muséal suscitait toujours des oppositions. Ces éléments sont très pertinents, parce que le public souhaite justement cette accessibilité. L’accessibilité requise par le public est nécessaire pour l’histoire de notre canton et pour son patrimoine. Dans ce contexte, avoir depuis le début un projet qui vise à fermer ce lieu n’est pas acceptable.

Il faut aussi rappeler qu’on ne parle même pas nécessairement de l’entier de la Maison de l’Elysée. Lorsque vous avez vu les magnifiques expositions du Musée de l’Elysée, il faut vous rappeler que le musée occupe une annexe de la Maison de l’Elysée, et non l’entier de la maison elle-même, dans laquelle le Conseil d’Etat fait déjà ses réunions et accueille ses hôtes de marque. Dans ce contexte, la maison de l’Elysée a déjà la vocation d’accueillir des hôtes de marque et pourra continuer à le faire. L’un n’exclut pas du tout l’autre : ce n’est pas parce que le Conseil d’Etat souhaiterait une maison de Watteville qu’il faut absolument exclure tous les autres usages, notamment une accessibilité importante. En faisant une petite recherche dans la presse, on trouve un autre article du journal Le Temps, datant du 12 février 2016, dans lequel le Conseil d’Etat a expressément relevé qu’il souhaitait favoriser un accès public aux demeures rénovées, accessibilité publique qui serait plus large que jusqu’ici et concernant notamment la Maison de l’Elysée. On sait que c’est un objet pour lequel l’accessibilité est demandée, un objet auquel le public veut absolument vouloir accéder, mais on voit que cela ne suffit pas. C’est pour ce motif que l’exposé des motifs et projet de décret actuel n’est pas acceptable parce que l’utilisation fermée prévue pour ce bâtiment n’est absolument pas acceptable.

M. Marc-Olivier Buffat (PLR) —

Comme nos voisins français, nous sommes en campagne et nous discutons de qui va occuper l’Elysée. C’est le signe des temps me direz-vous et c’est bien normal. (Rires.)

On parle de lustre, je vous invite à suivre ce qui a été dit par notre collègue Gaudard, qui, en tant que propriétaire d’une maison d’électricité, sait particulièrement de quoi il parle lorsqu’il parle de lustres. (Rires.) Lustre d’antan, apparat : j’entends la gauche brocarder l’utilisation que veut en faire le Conseil d’Etat. Comme le disait notre collègue Vuillemin – il se trouve que je suis député lausannois et que j’ai siégé de nombreuses années dans son conseil communal – la maison de Mon-Repos reste pour moi, mesdames et messieurs de la gauche, un haut lieu nimbé de mystère et dans lequel je n’ai jamais pu pénétrer. Cela ne m’a pas frustré plus que cela, mais c’est la réalité des choses. Il faut croire que je ne suis pas un hôte de marque, avec ou sans Olivier. (Rires.) Je suis en verve !

Sur le fond, je crois qu’il ne faut pas céder au mélange des genres. C’est une maison qui doit abriter des séances du Conseil d’Etat et il en est bien ainsi, car certains problèmes de sécurité peuvent se poser. Finalement, il n’y a pas lieu d’en faire une maison de quartier ou un système à stabulation mixte avec des usages divers. Je préfère un canton qui investit, qui rénove dans la ligne de la loi que nous avons votée, il y a quelques semaines, sur la préservation du patrimoine. Même si son usage reste dévolu au Conseil d’Etat, je pense qu’il est légitime d’investir dans ce patrimoine, plutôt que d’avoir des palais comme celui de Rumine que nous voyons au-dessous de nous, qui n’est utilisé qu’à moitié. Je vous invite vivement à accepter l’entrée en matière et à refuser les amendements qui vous seront proposés.

M. Jean Tschopp (SOC) —

Le rapport de minorité ne conteste pas la nécessité d’assainir la Maison de l’Elysée. Ce que nous vous proposons est un chemin constructif pour donner un autre contenu à ce projet dans lequel nous ne nous retrouvons pas ; qui n’a pas fait l’objet de véritable consultation et qui présente le déménagement des services concernés comme incontournable. Ce que nous voulons, c’est une orientation vers le public, vers cet espace culturel, tournée vers les milieux associatifs. Pour autant, nous pouvons effectivement assainir le site et le faire sans attendre. Cela n’enlève rien au fait que l’on puisse être critique par rapport au projet d’occupation de la Maison de l’Elysée par l’administration tel qu’il nous est présenté. Je vous encourage donc à accepter l’entrée en matière et à faire ensuite un bon accueil aux amendements de notre collègue Arnaud Bouverat.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Je pense qu’il est effectivement important de souligner encore une fois que, contrairement à ce qu’a laissé entendre M. Buffat, personne dans ce Parlement ne s’oppose à une rénovation – en particulier énergétique, mais pas seulement – de cette maison. L’enjeu est le suivant : aujourd’hui, nous avons déjà des salles réservées à des réceptions officielles du Conseil d’Etat. Faut-il agrandir l’espace réservé à ces réceptions officielles ou faut-il considérer qu’il est suffisant en l’état ? Pour moi, l’espace actuel est suffisant. Je crois qu’il faut rappeler que ces salles restent vides, la plupart du temps, lorsque ni le prince du Liechtenstein ni le roi de Thaïlande ne viennent partager un apéritif avec le Conseil d’Etat. La plupart du temps, ces salles restent vides et sont donc sous-utilisées. Nous pensons donc que la plupart des espaces de cette maison seraient plus pertinemment utilisés pour des activités culturelles ou associatives, par exemple en lien avec les écoles d’art, plutôt que de devenir un lieu d’apparat restant vide la plupart du temps.

A titre personnel, je ne refuserai pas l’entrée en matière. Je pense en effet que, grâce à la proposition de notre collègue Bouverat, une voie médiane existe, qui va nous permettre d’aller de l’avant sur les travaux de rénovation, tout en demandant au Conseil d’Etat de prévoir que ce lieu patrimonial ne soit pas accaparé pour des réceptions et des petits fours une ou deux fois par semestre – ou peut-être un peu plus, mais pas en période de Covid – et qu’il reste tourné vers la population qui y est fortement attachée.

M. Pascal Broulis — Conseiller-ère d’Etat

Au nom du Conseil d’Etat, je remercie M. Glardon pour son excellent rapport de commission, parfaitement exhaustif. Il a présenté le débat qui a eu lieu en commission, en montrant que des réflexions ont été menées sur l’ouverture ou non de la Maison de l’Elysée. Je remercie aussi M. Chollet d’avoir rappelé que les jardins seront encore plus ouverts qu’aujourd’hui. En commission, j’ai demandé ce que nous pourrions mettre dans ce bâtiment. J’entends que certains veulent y mettre l’Etat civil. C’est une belle nouveauté, mais c’est mal connaître la Maison de l’Elysée : cette dernière n’est pas un musée et il n’y a pas de visites à faire. Le président de la commission l’a d’ailleurs relevé : nous avons pu nous rendre dans cette maison et il y a deux ou trois salles dans lesquelles il n’y a aucun mobilier historique. Malheureusement, l’Etat de Vaud n’a pas de mobilier historique à présenter. Il s’agit d’une maison patricienne, ni plus ni moins. Ce qui fait sa force, ce sont ses jardins et il faut les maintenir accessibles à la culture, à ceux qui veulent venir    Pique-niquer ou faire du yoga. Nous pouvons aussi continuer à organiser des expositions culturelles, par exemple photographiques, sans aucune difficulté. Par ailleurs, c’est la façade qui est importante et le bâtiment dans son espace urbain, mais ce n’est pas l’intérieur où il n’y a pas grand-chose à visiter. Je suis un peu surpris que l’on nous suggère d’y mettre l’Etat civil, car ce serait mettre à mal le patrimoine historique. En faire une maison qui accueille l’administration, ce n’est plus du tout en faire une maison patricienne « dans son jus », comme nous souhaitons le faire.

Je remercie M. Gaudard pour ses propos ; il a bien synthétisé le sujet. Nous allons essayer de respecter le budget, mais je précise que nous avons fait des soumissions rentrées pour une partie de l’objet, puisque nous avons de nombreux contacts avec la rénovation du patrimoine. Mais lorsque l’on fait une intervention lourde sur un bâtiment, on n’est jamais à l’abri de tomber sur quelque chose que l’on n’a pas vu : un pan de mur qui a mal vieilli, par exemple. Le bâtiment a aussi connu quelques inondations par le passé et il y a peut-être des choses à repiquer en matière de maçonnerie. En revanche, la toiture est saine, dans son jus historique et il y aura donc peu d’interventions à faire. Nous allons garder les parties telles qu’elles sont aujourd’hui. Ce n’est pas non plus une énorme bâtisse.

Enfin, si le Conseil d’Etat vous demande 7,3 millions, il faut savoir que cette maison sera aussi ouverte pour les parlementaires, comme nous l’avons toujours fait par le passé. Nous avons même suggéré de l’utiliser pour certaines commissions. Par le passé, la Commission de gestion et la Commission des finances ont pu travailler dans cette bâtisse. Je rappelle que les deux services qui sont indiqués dans l’exposé des motifs le sont à titre exemplatif. D’ici là, d’autres choses pourront se passer. Le SERAC va forcément tenir séance dans la Maison de l’Elysée, puisqu’il s’agit de salles de conférence et non pas d’apparat à proprement parler. En ce qui concerne l’OAE, à ma connaissance, qui dit affaires extérieures dit ouverture et, dans le cadre des affaires extérieures, il y a toutes les conférences thématiques – santé, social, justice. La maison sera donc utilisée pour ces conférences intercantonales, voire même pour une conférence qui pourrait concerner le Parlement. Cela est inscrit noir sur blanc dans l’exposé des motifs. Au nom du Conseil d’Etat, je vous encourage à accepter l’entrée en matière et à accepter le projet de décret tel qu’il a été arrêté en commission.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est close.

L’entrée en matière est admise par 124 voix contre 3 et 13 abstentions. 

Il est passé à la discussion du projet de décret, article par article, en premier débat.

Art. 1.

M. Arnaud Bouverat (SOC) —

Les propos de M. le conseiller d’Etat Broulis me confortent dans le maintien de l’amendement évoqué tout à l’heure. Beaucoup d’exemples ont été mobilisés sur l’utilisation de ce bâtiment par des représentants du peuple, tels que nous sommes, mais les représentants du peuple, ce n’est pas le peuple en tant que tel. Aujourd’hui, nous trouvons toujours nécessaire de préserver la vocation publique de ce bâtiment sur laquelle nous n’avons pas reçu de réponse précise, à ce jour. Nous pensons que les travaux évoqués permettent aussi de préserver cet accueil public.

Nous vous proposons donc de focaliser le crédit d’ouvrage sur la rénovation et l’assainissement énergétique de la Maison de l’Elysée. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas, en l’état, adhérer à l’ensemble du projet, puisqu’il ne répond pas à notre demande de garantir à ce bâtiment une vocation publique permanente.

« Art. 1. – Al. 1 : Un crédit d’ouvrage de CHF 7'300'000.- est accordé au Conseil d’Etat, destiné à financer le projet et les travaux de réaffectationla rénovation et l’assainissement énergétique de la maison de l’Elysée, à Lausanne, suite au départ du Musée de l’Elysée sur le site de Plateforme 10. »

Nous vous invitons à ajouter un article 1bis pour garantir cette vocation publique :

« Art. 1bis. – (nouveau) : Le Conseil d’Etat préserve une vocation publique permanente du bâtiment. »

Pour une majorité du groupe socialiste, le vote de cet amendement est une condition sine qua non à l’acceptation du décret, et ce, pour garantir la pérennité de l’accès public de la Maison de l’Elysée. Je ne développerai pas à nouveau les arguments déjà présentés, mais je vous invite à faire bon accueil à ces amendements qui, à mon avis, ne contrecarrent absolument pas les projets essentiels du Conseil d’Etat. Ils permettent de tenir le calendrier et évitent que l’on se retrouve avec un bâtiment momentanément sans utilisation ou avec des problèmes d’entretien temporaires. Le signal politique est clair : il garantirait que les citoyennes et les citoyens de ce canton puissent effectivement continuer à accéder à ce bâtiment et que celui-ci ne soit pas réservé aux quelque 150 députés de ce cénacle. Nous avons déjà un bâtiment pour nous, je crois que ce ne serait pas un bon signal pour cette législature que nous profitions d’un deuxième bâtiment pour notre usage. Il faut savoir partager.

Mme Graziella Schaller (V'L) — Rapporteur-trice de minorité

Je remercie mon collègue Bouverat pour le dépôt de ses amendements qui montrent en effet bien le souci de rénover cette maison de façon respectueuse et de répondre à des questions énergétiques.

Je voudrais revenir sur la notion d’ouverture rappelée par M. le conseiller d’Etat. Je pense que nous n’avons pas tous la même notion de ce qu’est une ouverture au public. Il est peut-être intéressant d’accueillir des conférences interparlementaires ou intercantonales, ou des séances de députés, mais ce n’est pas le public que nous imaginons. Pour nous, le public désigne la population qui n’a pas accès à de tels endroits en temps normal. Ce n’est pas parce que des députés d’autres cantons viendront s’y réunir que nous pourrions appeler cela une maison ouverte au public. Dès lors, je vous invite à accepter la modification de l’article 1, ainsi que l’article 1bis, afin de préciser clairement que l’Etat doit préserver une vocation publique permanente à ce bâtiment.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Jusqu’à présent, je croyais rêver, mais maintenant j’hallucine. Je reviens sur ce qui nous est proposé : « préserver une vocation publique », mais on ajoute même le terme « permanente ». Imaginez : le Conseil d’Etat devrait se mettre sur les rangs, faire une demande pour recevoir à telle date tel chef d’Etat et préciser que, pour des raisons protocolaires ou de sécurité, il doit être le seul utilisateur de ce bâtiment pendant cette journée. Ce n’est pas sérieux !

Mme Alice Genoud (VER) —

Monsieur Chollet, je pense qu’il ne faut pas caricaturer cette ouverture permanente. A mon avis, c’est justement un terme large qui permettra au Conseil d’Etat d’avoir une latitude sur le sujet, mais qui permet aussi de clarifier ce que j’ai pu dire lors de ma déclaration d’entrée en matière, à savoir que le groupe des Vertes et des Verts n’est pas opposé au fait de rénover et d’assainir ce bâtiment. En effet, nous avons pu voir lors de la visite que ce bâtiment mérite une rénovation, non seulement parce qu’il est un peu usé, mais surtout parce que le lieu en tant que tel, qui est simplement magnifique, se doit d’être valorisé de façon à ce que tout le monde puisse en profiter. Je reviens sur l’idée de symbole que je trouve importante : en termes de symbolique, je trouve compliqué de mettre beaucoup d’argent dans une rénovation dévolue uniquement au Conseil d’Etat et à quelques commissions extraparlementaires. Ce sont toujours des politiciens, des élus, ce qui n’est pas ma vision d’un bâtiment public.

Notre groupe soutiendra donc les amendements de M. Bouverat. Si les amendements « passent la rampe », nous accepterons ce projet de décret, mais s’ils sont refusés, notre groupe refusera le projet.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

J’aurais pu comprendre que l’on souhaite que le Conseil d’Etat préserve la vocation publique du bâtiment. Effectivement, en 2014, ce qui m’avait heurté, c’est qu’il n’y avait aucune notion de mise à disposition du bâtiment. Cela me heurtait que ça embête le Conseil d’Etat de siéger au Château et qu’il trouverait sympa de siéger à la Maison de l’Elysée. Personnellement, je trouvais que le Conseil d’Etat devait siéger au Château, un point c’est tout. Ce n’est pas parce qu’une conseillère d’Etat – que j’ai très bien connue – avait besoin de calme et descendait pour cela à la Maison de l’Elysée, que l’on pouvait admettre que cette maison soit squattée. Par-dessus le marché, à l’époque, on ne savait effectivement pas ce qu’il allait advenir et le débat méritait de rester ouvert.

Que le Conseil d’Etat préserve la vocation publique du bâtiment, pourquoi pas… mais le mot « permanente » pollue le tout. Sans aller jusqu’à demander que le Conseil d’Etat doive se mettre sur les rangs pour réserver une salle, cela veut dire qu’il faut trouver, 365 jours par année, une affectation quelconque à ce bâtiment. On peut imaginer tout ce que l’on veut, y compris avec un Securitas, un guichet pour obtenir un billet d’entrée, ou peut-être même en faire une garderie de quartier ? Mais ça ne va pas ! Pour certains, le mot « permanente » n’est pas important, mais dans quelques mois ou quelques années, on leur rappellera que ce terme nécessite une activité permanente et je fais confiance au Grand Conseil du canton de Vaud pour avoir une imagination fertile. A moins que M. Bouverat ne supprime le terme – ainsi que je lui ai suggéré lorsqu’il est venu me voir – je n’ai pas envie de changer mon vote donné lors des travaux de la commission et j’approuverai le projet de décret tel qu’il nous a été présenté.

Mme Pierrette Roulet-Grin (PLR) —

Je m’étonne de n’entendre, dans ce dialogue – qui n’est peut-être pas de sourds, mais de muets – aucune proposition pour expliquer ce qu’est une vocation publique permanente. Aucun projet n’est évoqué, rien du tout. Aujourd’hui, l’on nous demande un crédit pour rénover et assainir cette maison, et je fais ensuite confiance au Conseil d’Etat pour pouvoir, à certains moments, l’ouvrir au public. Quand on connaît les lieux et leur exiguïté, je pense qu’on ne peut pas y faire n’importe quoi et il n’y a pas de choses extraordinaires à y voir. C’est une belle maison qui peut être utilisée à diverses fins, mais elle est relativement exiguë – deux ou trois étages, si l’on ajoute les combles. Pour y avoir siégé avec différents groupes, notamment les préfets, j’estime que c’est une maison qui mérite d’être apprêtée et que le Conseil d’Etat en fasse l’usage qu’il trouve normal. Bien sûr, à certains moments, on peut y prévoir des remises de prix à des artistes ou à différentes personnalités du canton, mais cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas une vocation publique. La vocation publique sera peut-être transmise par la presse, lorsqu’il s’y passera quelque chose ? Encore une fois, il n’y a pas de visite à faire de la Maison de l’Elysée. Je vous propose d’accepter ce crédit afin de faire avancer ce projet. Pour l’instant, ceux qui proposent la vocation publique permanente n’ont aucun projet à proposer ! On pourrait y faire un tea room, un caveau dans le sous-sol, car c’est public ? Mais enfin, réfléchissons un peu et laissons le Conseil d’Etat conduire, ce qui est son rôle.

M. Arnaud Bouverat (SOC) —

On peut faire longtemps des interprétations sur l’adjectif « permanente ». La philosophie de cet amendement consiste à ne pas se retrouver avec quelques locations de salles ponctuelles qui autoriseraient un accès public, mais bel et bien d’avoir un lieu de valeur dans lequel, une majeure partie de l’année, les personnes intéressées par des expositions ou des évènements pourront accéder.

Il va de soi que, lorsqu’on est confronté à une visite officielle, certains lieux peuvent être fermés ; je crois que cela s’est fait dans le passé et nous ne remettons aucunement en question ce besoin. On peut penser à une conférence intercantonale qui nécessiterait des besoins supplémentaires en locaux, et donc que le Conseil d’Etat puisse effectivement bénéficier de l’ensemble du bâtiment. Toutefois, aujourd’hui, le bâtiment est constitué d’une manière qui permet de concilier différentes activités, dont une partie est accessible au public, et nous pensons que ce point peut être maintenu. L’accessibilité sera par ailleurs améliorée, puisqu’il y aura un ascenseur. Ce serait dommage de ne pas rentabiliser aussi cette nouvelle accessibilité.

Pour éviter un débat stérile, je crois qu’il faut comprendre l’esprit de notre amendement. Nous ne sommes pas là pour exiger que, 365 jours par année, ce bâtiment soit parfaitement accessible à tout le monde ; ce n’est déjà pas le cas aujourd’hui, car entre deux expositions, le bâtiment de l’Elysée n’est pas accessible au public. Personne ne s’en est plaint et nous ne nous en plaindrons pas. Dans cet esprit, je vous propose, à l’article 1bis, de biffer le terme « permanent », mais de garder l’esprit de cet alinéa qui reste celui d’une accessibilité régulière et non pas seulement ponctuelle, comme j’ai l’impression que l’exposé des motifs et projet de décret nous le promettait.

« Art. 1bis. – (nouveau) : Le Conseil d’Etat préserve une vocation publique permanente du bâtiment. »

J’espère que le Conseil d’Etat pourra se rallier à cette proposition qui doit nous permettre d’accepter aujourd’hui le crédit d’ouvrage. Dans le cas contraire, je ne suis pas sûr que nous ayons une majorité pour l’obtenir et je pense que ce serait dommage par rapport aux besoins évoqués par le Conseil d’Etat.

M. Jean-Rémy Chevalley (PLR) —

Comme cela arrive de temps en temps, le Grand Conseil est en train de se disperser, de déraper et de sortir du sujet qui nous est proposé. Nous devons voter un crédit d’ouvrage pour rénover et procéder à un assainissement énergétique de la Maison de l’Elysée, parce que nous savons que les œuvres qui se trouvent à l’intérieur de ce musée vont être déménagées dans le nouveau musée pour lequel l’Etat a investi beaucoup d’argent durant ces dernières années. J’aimerais que nous nous prononcions aujourd’hui sur le projet de décret qui nous est proposé par le Conseil d’Etat, c’est-à-dire la rénovation et l’assainissement énergétique de la Maison de l’Elysée. Je crois que le rapporteur de la majorité de la commission a dit dans son rapport que beaucoup de pistes sont encore à explorer, mais nous voulons brûler les étapes en choisissant déjà la couleur du tapis, avant même de savoir quels travaux nous attendent à l’intérieur de ce bâtiment. Alors, revenons à la base et votons ce projet de décret tel qu’il nous est proposé.

M. François Cardinaux (PLR) —

Je pense que tout a été dit ; je propose une motion d’ordre pour passer directement au vote.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La motion d’ordre est appuyée par au moins 20 membres.

La discussion sur la motion d’ordre est ouverte.

M. Pascal Broulis — Conseiller-ère d’Etat

Dans ce projet, il y a bien des travaux de réaffectation : nous réaffectons un bâtiment qui avait un usage muséal. Nous devons pouvoir parler de réaffectation, mais il va sans dire qu’une rénovation et un assainissement énergétique figurent dans le projet. Aujourd’hui, en effet, on ne peut pas monter un projet sans parler d’énergie et d’assainissement du bâtiment. Si vous voulez glorifier le terme, il faudrait ajouter le terme patrimonial. Certaines personnes m’ont demandé pourquoi nous proposions un montant de 7 millions. C’est une belle somme, mais il s’agit d’un bâtiment que nous allons remettre dans son jus : la façade, les peintures, etc. Tout cela est assez simple, mais c’est patrimonial. Il manquerait donc le terme « patrimonial ». J’y suis attaché et vous connaissez mon amour pour le patrimoine, mais ça n’apparaît pas. Je vous encourage à en rester à l’article 1 tel que rédigé dans le projet, qui contient tout cela.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est close.

La motion d’ordre François Cardinaux est acceptée par 85 voix contre 32 et 14 abstentions.

L’amendement Arnaud Bouverat (article 1) est refusé par 70 voix contre 62 et 3 abstentions.

M. Alexandre Démétriadès (SOC) —

Je demande un vote nominal.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui acceptent l’amendement Arnaud Bouverat (article 1) votent oui ; celles et ceux qui le refusent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, l’amendement Arnaud Bouverat est refusé par 70 voix contre 63 et 2 abstentions.

*insérer vote nominal

L’article 1 est accepté par 73 voix contre 54 et 9 abstentions.

L’amendement Arnaud Bouverat (article 1bis) est refusé par 69 voix contre 62 et 5 abstentions.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Je demande un vote nominal.

Mme Laurence Cretegny (PLR) —

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui acceptent l’amendement Arnaud Bouverat (article 1bis) votent oui ; celles et ceux qui le refusent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, l’amendement Arnaud Bouverat est refusé par 69 voix contre 65 et 2 abstentions.

* insérer vote nominal

Les articles 2 et 3, formule d’exécution, sont acceptés avec de nombreux avis contraires et abstentions.

Le projet de décret est adopté en premier débat.

Le deuxième débat interviendra ultérieurement.

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