Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 13 juin 2023, point 20 de l'ordre du jour

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Texte adopté par CE - Rap-CE POS Bettschart-Narbel 23_POS_8 - publié

Rapport de la commission - 23_RAP_9 - Sylvie Pittet Blanchette

Transcriptions

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Mme Sylvie Pittet Blanchette (SOC) — Rapporteur-trice

La commission s'est réunie le 31 mars 2023. M. Jérôme Marcel, secrétaire de la commission, a suivi ses travaux et a établi les notes de séance, et nous l’en remercions. La séance s’est tenue en présence de M. Frédéric Borloz, chef du département, qui a expliqué que l'objectif de ce rapport consistait à apporter une réponse rapide. Il relève l'aspect positif d'avoir tenu un débat sain et intéressant sur la question, même s’il estime que la Conférence intercantonale de l’instruction publique (CIIP) s’est montrée quelque peu malhabile et que sa décision était tardive. A son avis, le débat fut partiellement éludé.

La réponse comprend un résumé du cadre le plus objectif possible, afin de saisir le chemin qui a amené ce projet d'orthographe rectifiée, de se rappeler le contexte, et de garder en tête que sur les mots concernés, deux orthographes vont vivre en parallèle. Peut-être que, dans un siècle, l’ancienne orthographe sera radiée ? Il n'imagine pas dire à des élèves qu'une manière d'écrire est fausse, alors que les dictionnaires de référence de la langue française proposent ladite orthographe. Quant à l'idée que les réseaux sociaux seraient la cause de cette nouvelle orthographe, elle doit être mise de côté, selon lui, car l’évolution de l'orthographe précède l'arrivée des réseaux sociaux. Enfin, il rappelle que, dans ce débat, la référence est l'Académie française.

La postulante n’est qu’à moitié satisfaite de ce rapport. Le Canton ayant adhéré au système d'harmonisation scolaire, il n'est en effet pas possible de faire cavalier seul et mettre tout le système en péril pour un tel débat ne serait pas proportionné. Par ailleurs, le système d’index des mots acceptant deux orthographes est utile. En revanche, elle n'est pas entièrement satisfaite de la réponse relative aux exceptions maintenues, dont elle ne saisit pas vraiment la priorité. En outre, une réponse fait défaut dans ce rapport : celle de l'adhésion de la population générale à cette réforme orthographique. Elle persiste à penser que les élèves qui adresseront des lettres de motivation à des employeurs ayant appris l'ancienne orthographe seront confrontés à une réception négative. De ce point de vue, il existe une nécessité d'information de la population. Le chef du département rappelle que les deux orthographes vont coexister. Et, concernant les offres d'emploi, si la remarque est pertinente, la responsabilité de communication s’établira notamment via les formations professionnelles ou les parents. Du reste, le département est preneur d'idées pour accompagner la mise en œuvre de cette nouvelle orthographe.

Quant à lui, le responsable des relations intercantonales explique à nouveau que depuis la décision de l'Académie française de 1990, le processus de mise en place est long. La Suisse romande est en train de créer une nouvelle collection de manuels scolaires pour les 20 à 30 prochaines années. L'équipe de rédacteurs qui y a travaillé a interpellé la CIIP afin de savoir s’il s’agissait ou non d’introduire l'orthographe rectifiée. La Belgique a décidé de l'introduire dans tous ses manuels ; la France s’y est employée étape par étape, avant de décider, en 2016, de la promouvoir. Par conséquent, en 2019, lorsque cette même question a été posée à la CIIP, elle a émis un rapport d’évaluation. La question des exceptions a généré des discussions longues, difficiles et compliquées, au sein de son assemblée plénière. Finalement, la question s'est aussi posée de savoir si, en tant qu’organe, la CIIP a véritablement la légitimité de dire ce qui est pertinent ou non dans une réforme décidée par la seule instance reconnue pour fixer les standards de la francophonie. Petit à petit, les réticences sont tombées, mais le Canton de Vaud ayant été l'un de ceux qui a le plus résisté a maintenu le plus grand nombre d'exceptions. Les autres cantons ont relevé que la CIIP ne possédait pas la légitimité en la matière. S'agissant de l'éventuel coût de production des manuels sans l'orthographe rectifiée, le secrétaire général de la CIIP, à Neuchâtel, qui édite ces moyens, a énoncé le chiffre évoqué dans le rapport.

En conclusion, par 13 voix et une abstention, la commission recommande au Grand Conseil d'accepter le rapport du Conseil d'Etat.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est ouverte.

Mme Florence Bettschart-Narbel (PLR) —

Mme Pittet-Blanchett a déjà évoqué un certain nombre d'éléments que je relève à mon tour. Je remercie d'abord le conseiller d'Etat pour sa réponse dont je ne suis effectivement que moyennement satisfaite, car je pense qu’il ne respecte pas ce que le Grand Conseil a voté. Toutefois, allons de l'avant ! Le débat mené pour discuter de la problématique de l'orthographe rectifiée fut long. Au final, nous sommes parvenus au résultat suivant : certains livres scolaires auront 14 ou 15 mots avec une double orthographe. J’estime que beaucoup de moyens sont investis afin d’introduire cette double orthographe, sans que cela vaille vraiment la peine. A mon sens, la CIIP s'est fait un peu « enfumer » par son Secrétariat général, alors que si l’on procède à quelques recherches orthographiques – j’insiste sur cet aspect – on constate aujourd'hui que la nouvelle orthographe n'a rencontré d'adhésion ni dans les livres ni dans les dictionnaires. La nouvelle orthographe apparaît souvent en deuxième place !

En Suisse, nous avons décidé de l'introduire pratiquement 10 ans plus tard. Ainsi, je pense que le débat aurait pu être évité, et que la situation actuelle aurait pu se maintenir sans que cela pose de gros problèmes aux élèves vaudois. Mais maintenant que la réforme est entreprise, les livres destinés aux élèves doivent pouvoir être édités. Je regrette personnellement autant le débat que le projet. Comme indiqué en commission, je m'abstiendrai donc sur la réponse, mais la majorité du groupe PLR acceptera le rapport du Conseil d'Etat.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Le groupe Ensemble à Gauche et POP est satisfait que le Conseil d'Etat n’ait effectivement pas donné suite à la demande exprimée par le postulat, venant du PLR, qui demandait bel et bien de suspendre l'introduction de l'orthographe simplifiée dans l'enseignement. Il aurait quand même eu pour résultat que le canton ferait un drôle de cavalier seul, et que nous nous serions retrouvés en porte à faux avec les cantons francophones voisins, comme avec les recommandations des dictionnaires et des manuels de français. Et au passage, on peut relever la contradiction qu'il y a entre d’une part pourfendre l'écriture inclusive parce qu'elle serait trop compliquée et d'autre part batailler contre des simplifications de l'orthographe ! De notre côté, nous considérons que la langue française est à l'image de la société, c’est-à-dire un organisme vivant qui évolue. Il apparaît par conséquent assez vain de vouloir la momifier dans une orthographe ancienne. Par conséquent, le chemin choisi par le Conseil d'Etat d'accompagner tranquillement ces évolutions nous semble le plus raisonnable.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d'Etat est approuvé avec quelques avis contraires et abstentions.

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