Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 5 mars 2024, point 47 de l'ordre du jour

Texte déposé

Il y a quelques jours, les 84 employé·es du site d’Ecublens de Micarna apprenaient la fermeture programmée du site d’Ecublens et leur licenciement pour 2025. Le groupe Migros ayant, à ce jour, refusé d’entrer en négociation pour assurer un accompagnement social suite à cette annonce, les employé·es sont, depuis jeudi 29 février, en grève.

 

Les conséquences et incertitudes générées pour le personnel du site condamné à horizon 2025 et l’impact économique négatif de cette décision du groupe Migros sur l’économie de notre Canton doivent inquiéter notre législatif et le Conseil d’Etat. Le contexte dans lequel la grande distribution met la pression sur tous les niveaux de la chaîne de production et de distribution alimentaire (de l’agriculture aux consommateur·trices) doit également nous questionner. 

 

Par le biais de cette résolution, le Grand Conseil souhaite que le Conseil d'Etat prenne toutes les dispositions nécessaires au maintien des places de travail sur le site d'Ecublens.

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Joëlle MinacciEP
Laurent BalsigerSOC
Hadrien BuclinEP
Cédric RotenSOC
Eliane DesarzensSOC
Felix StürnerVER
Julien EggenbergerSOC
Elodie LopezEP
Isabelle FreymondSOC
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Sandra PasquierSOC
Carine CarvalhoSOC
Laure JatonSOC
Patricia Spack IsenrichSOC
Thanh-My Tran-NhuSOC
Vincent JaquesSOC
Cendrine CachemailleSOC
Denis CorbozSOC
Yves PaccaudSOC
Alexandre DémétriadèsSOC
Yannick MauryVER
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Sébastien CalaSOC

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Romain Pilloud (SOC) —

Il y a quelques jours, les 84 employés et employées du site d’Ecublens de Micarna apprenaient la fermeture programmée du site d’Ecublens et leur licenciement pour 2025. Le groupe Migros ayant à ce jour refusé d'entrer en négociation pour assurer un accompagnement social, les employés sont, depuis jeudi 29 février dernier, en grève. Les conséquences et incertitudes générées pour le personnel du site condamné à horizon 2025 et l'impact économique négatif de cette décision du groupe Migros sur l'économie de notre canton doivent inquiéter notre législatif ainsi que le Conseil d'Etat. Le contexte dans lequel la grande distribution met la pression sur tous les niveaux de la chaîne de production et de distribution alimentaire, de l'agriculture aux consommatrices et aux consommateurs, doit également nous questionner. Par le biais de cette résolution, je souhaite donc demander que le Grand Conseil vote la résolution suivante :

« Le Grand Conseil souhaite que le Conseil d'Etat prenne toutes les dispositions nécessaires au maintien des places de travail sur le site d'Ecublens ».

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Yann Glayre (UDC) —

Je dénonce le double langage du parti socialiste qui prétend vouloir sauver des emplois, mais conduit, année après année, une politique destructrice des conditions-cadres propices à l'emploi. Ce n'est pas la première entreprise vaudoise à plier bagage – on peut citer le cas récent de Cremo à Lucens. Parmi les augmentations de charges imposées par la gauche ces dernières années, on peut citer la hausse des taxes sur l'épuration des eaux, l'électricité, l'essence et les carburants au niveau national ainsi que la nouvelle taxe automobile punitive. On ne peut évidemment pas compter sur vous pour une politique fiscale attractive pour les entreprises. On ne peut pas compter non plus sur vous pour les baisses d'impôts des personnes physiques. On ne peut pas compter sur vous pour favoriser la consommation de viande. Je refuserai donc cette résolution, parce que lorsqu’on a mis le feu, on ne peut pas se targuer d'être le pompier qui vient l'éteindre.

M. Nicolas Suter (PLR) —

Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter de cette résolution en séance de groupe. Je remercie néanmoins le groupe socialiste de nous l'avoir fait suivre préalablement et d'avoir été ouvert à quelques modifications. Sur le principe, le PLR n'est pas enthousiaste à ce que notre Grand Conseil s'immisce dans chacune des relations économiques, si ce n'est pour en fixer les conditions-cadres et en assurer le développement. Néanmoins, une partie du groupe va certainement manifester son soutien aux employés concernés, d'autant plus que ces employés sont actifs dans un secteur essentiel pour l'alimentation de notre population, secteur mis à mal par les appels à ne plus consommer de viande

M. Hadrien Buclin (EP) —

Le groupe Ensemble à Gauche et POP va bien entendu soutenir cette résolution. Nous souhaiterions rappeler que, derrière l'entreprise concernée, il y a la Migros, un très grand groupe dans une situation économique florissante. Pour rappel, le chiffre d'affaires de la Migros a augmenté de près de 6 % en 2023 et nous estimons donc que ce groupe a largement les moyens de maintenir les emplois dans la région, quitte éventuellement à transférer des salariés dans d'autres filiales. Il est toutefois certain que le maintien des emplois aux mêmes conditions de salaire et de travail est le moindre qu'on puisse exiger d'un groupe qui a aussi des prétentions de responsabilité sociale. On espère que ces prétentions ne sont pas que des arguments marketing, mais qu'elles se traduisent aussi par des actes, c'est-à-dire par un traitement correct de ces salariés.

Selon nous, il est normal, lorsqu’un grand nombre d'emplois sont concernés et quand des licenciements menacent, que les autorités s'engagent pour essayer de favoriser le maintien de l'emploi avec un dialogue et une interpellation auprès de la direction du groupe Migros. C’est le minimum qu'on puisse attendre des autorités et je regrette beaucoup la position du groupe UDC. Au-delà des désaccords que l’on peut avoir entre partis politiques, on pourrait s'accorder sur cet objectif d'absence de licenciements et de préservation de l'emploi. S'ils vous ont écouté, les salariés concernés doivent être très déçus par cette prise de position.

M. Pierre-François Mottier (PLR) —

Je ne serai pas tout à fait aussi virulent que mes préopinants, mais je reste un peu surpris et les bras m’en tombent d'entendre la gauche de cet hémicycle voler au secours de postes de travail. C’est extrêmement louable et je vais pouvoir probablement suivre cette résolution. Toutefois, on prône à tour de bras qu'il ne faut plus consommer de viande, changer notre alimentation et faire différemment et aujourd’hui on souhaite voler au secours des personnes travaillant dans ces métiers. Il faudrait faire preuve d’un peu de cohérence. Alors cherchez l'erreur, mais je soutiens cette résolution.

M. Aurélien Demaurex (V'L) —

Vous connaissez l'amour du groupe vert’libéral pour les résolutions. Une résolution n’a de sens que si elle fait l’objet d’une forte unanimité dans ce Parlement. Au vu de la prise de position de nos collègues de l'UDC tout à l'heure, je ne pense pas que ce sera le cas. De plus, cette résolution n'est ni verte ni libérale ; je la refuserai donc.

M. Loïc Bardet (PLR) —

Je déclare mes intérêts : je suis le directeur de la faîtière agricole romande. Je serai bref dans ma prise de position, en me contentant de rappeler que si le meilleur moyen pour protéger le vignoble de Lavaux, c'est de consommer des produits locaux ; le meilleur moyen de sauver les emplois chez Micarna, c'est de consommer de la viande, achetée y compris en grandes surfaces.

Mme Isabelle Moret (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

Depuis plusieurs jours, mon département et moi-même menons des discussions avec les différents acteurs du dossier. Mon département a essayé d'amener les protagonistes à discuter. Actuellement, il n'y a aucun signal d'apaisement en vue. Le Conseil d'Etat a donc décidé, face à une situation exceptionnelle, de saisir l'organe cantonal de conciliation, comme le permet la Loi vaudoise sur la prévention et le règlement des conflits collectifs. J'en ai informé ce midi les principaux acteurs et personne ne s'y oppose. Je rappelle que cet organe est indépendant et j'appelle les différents protagonistes à entrer dans ce processus dans un esprit constructif.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

La résolution est adoptée par 70 voix contre 39 et 27 abstentions.

M. Julien Eggenberger (SOC) —

Il y a un intérêt public à avoir un vote nominal sur cette résolution, en particulier pour les personnes concernées.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui soutiennent la résolution votent oui ; celles et ceux qui la rejettent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, la résolution est adoptée par 70 voix contre 41 et 28 abstentions.

*Insérer vote nominal

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