Jeûne fédéral
Les journées de prière et de pénitence trouvent leur origine dans la Bible. C’est "lors de la crise du bas Moyen Age qu’elles firent leur apparition dans les débats de la Diète fédérale". Que ce soit pour cause de guerre, d’épidémie, de disette ou en action de grâce (pour remercier, par exemple, d’avoir été épargné par une guerre), des jeûnes ont été ordonnés tant par les cantons catholiques que protestants.
Le premier Jeûne fédéral remonte au 8 sept. 1796: on craignait la menace révolutionnaire. Mais c’est en 1832 que la Diète fixe un jour précis (le 3e dimanche de septembre) accepté par tous les cantons (à l’exception des Grisons jusqu’en 1848 et de Genève jusqu’à aujourd’hui).
Si le Jeûne a participé à la consolidation de la Suisse de 1848 et "coïncide avec l’ouverture de la session d’automne du Parlement", sa date "n’a pas d’autre rôle dans le droit fédéral." (Cf. V. Conzemius, Dictionnaire historique de la Suisse, article "Jeûne").
Les cantons protestants de Suisse romande (VD, NE et GE) ainsi que le district du Lac (FR) perpétuent au Jeûne la tradition de la tarte aux pruneaux. Constituant à l’origine l’entier du repas de midi, elle n’en est le plus souvent aujourd’hui que le dessert.
Le recensement du Patrimoine culinaire suisse dit ignorer la date exacte de l’association de cette tarte avec le Jeûne, mais propose le début du XXe s. Et souligne que cette tradition est encore très vivace.
Les cantons de Vaud et Neuchâtel ont un jour férié (VD) ou chômé (NE) supplémentaire lié au Jeûne fédéral : le lundi du Jeûne (lundi qui suit le 3e dimanche de septembre).
Dans le canton de Vaud
Tout le canton
A voir
- RTS, 2008, 1'26'': Fête religieuse: Jeûne fédéral
- Archives RTS, 1965, 5'31'' : La tarte aux pruneaux
En Suisse et ailleurs
Le Jeûne est aussi fêté dans le canton de Neuchâtel
Genève a son propre jour du Jeûne, lui aussi férié : le jeudi qui suit le 1er dimanche de septembre (Jeûne genevois)
En relation
Il l'a dit
Edward Gibbon, Journal, 8 sept. 1763 :
"Aujourd'hui est un jour de jeûne par toute la Suisse. Comme il ne revient qu'une fois l'an, on le célèbre avec beaucoup d'exactitude et de dévotion. Tous les amusements sont interrompus et tout le monde, vêtu de noir, passe six ou sept heures dans les églises, pour y écouter le dénombrement de leurs péchés et pour faire d'excellentes résolutions, sauf à les oublier le lendemain. C'est cette instabilité de l'homme dans le bien qui a fourni à M. Favre le sujet d'un discours très sensé."
Edward Gibbon, Le Journal de Gibbon à Lausanne: 17 août 1763 - 19 avril 1764, Georges Bonnard éd., Lausanne, F. Rouge, 1945, p. 27.