Un meilleur accompagnement pour les seniors dans leur transition entre l'aide sociale et les régimes de retraite

Lorsqu’une personne bénéficiaire du revenu d’insertion (aide sociale) arrive à ses 60 ans (pour les femmes) ou 61 ans (pour les hommes), elle est orientée vers d’autres régimes financiers, ceux de la rente-pont et de l’AVS. Ce passage présente des complexités pour les bénéficiaires qui sont majoritairement isolés et au bénéfice du revenu d’insertion depuis de nombreuses années. Ces personnes doivent par exemple gérer de nouvelles démarches administratives, regrouper leurs avoirs de prévoyance professionnelle en vue de la retraite imminente, planifier cette nouvelle étape de vie... La liste est longue.

Ces moments de transition sont encore plus difficiles pour les personnes issues de la migration : à la complexité du système suisse s’ajoute celle du pays d’origine, l’opacité du langage administratif, la culture suisse de la demande contrastant avec celle de certains pays où l’accession aux droits est automatisée. En outre, ces personnes ont souvent moins d’entourage pour les aider dans de telles démarches.

Manque d’un appui social

« Si la partie financière des transitions du revenu d’insertion vers les régimes de retraite est clairement définie, ce n’est pas le cas pour l’appui social des bénéficiaires », explique Camille Jaquet, chargée de projet à la Direction générale de la cohésion sociale et responsable du projet pilote. Ainsi, en résultent généralement un manque d’information et d’orientation : « Les personnes concernées se sentent souvent perdues. Elles ne comprennent pas comment la nouvelle aide financière fonctionne, quels sont les changements et quel est leur rôle dans cette transition. Elles n’ont pas d’assistance pour la gestion administrative et les démarches à entreprendre comme les remboursements des frais de santé ou le paiement des impôts », souligne Camille Jaquet. Ce manque d’accompagnement social génère non seulement un fort désarroi auprès des seniors mais se solde parfois par des retards d’octroi d’aides supplémentaires qui sont nécessaires pour pouvoir vivre.

L’expertise du vécu au cœur du projet pilote

Fort de ces constats, ce projet pilote de Vieillir2030, appelé « Coordination de l’appui social », a démarré en fin d’année 2021. Les objectifs étaient d’analyser ce manque d’orientation, d’émettre des recommandations et de répondre au besoin d’appui social des seniors dans cette transition. La Direction générale de la cohésion sociale souhaitait que le projet comporte une démarche participative : « Les personnes concernées sont les mieux placées pour connaître leurs besoins précis », relève Camille Jaquet.

Ainsi, deux groupes de travail « d’experts du vécu » ont été créés, composés de 18 ancien-ne-s bénéficiaires du revenu d’insertion ayant passé aux régimes de retraites. L’un était basé à Nyon, l’autre à Clarens. Au cours de six séances, les participant-e-s ont abordé les principaux problèmes : 

Shema 1

À la suite de l’analyse des situations vécues, les deux groupes de travail ont émis des recommandations : « Nous avons pris en compte ces propositions lors de l’élaboration du nouveau processus de transition entre l’aide sociale et les régimes de retraite », explique la responsable du projet pilote. Il s’agit notamment d’un maintien de l’appui social si souhaité par le bénéficiaire, d’un meilleur accompagnement vers les prestations existantes, d’une meilleure information, ainsi que d’une coordination renforcée des acteurs impliqués dans cette transition.

Les implications sociales du modèle participatif

Outre la grande richesse des apports de ces expert-e-s pour le nouveau processus d’appui social, la démarche participative a eu des impacts concrets sur les participant-e-s. Malgré un scepticisme au départ quant à la réelle application de leurs recommandations, le projet a suscité rapidement une forte implication et mobilisation de leur part. Le groupe de Nyon a même tenu une réunion supplémentaire pour poursuivre le travail amorcé.

Une dynamique de partage et d’entraide s’est rapidement créée, dépassant les objectifs initiaux du projet. Les participant-e-s ont témoigné de leur expérience positive :

schéma

Depuis le début de l'année, le nouveau processus est testé dans les deux régions de Nyon et de la Riviera. Ce projet pilote durera 9 mois avant d’être évalué.

Cette démarche novatrice s’est révélée non seulement très utile pour la conception d’un meilleur accompagnement des seniors mais elle a aussi permis aux expert·e·s de leur vécu de développer leur pouvoir d’agir. Une partie des participant-e-s de la région de Nyon est même allée plus loin et est en train d’établir une entraide entre pairs en proposant une permanence hebdomadaire pour accueillir, informer et soutenir les personnes qui vivent cette transition.

Partager la page

Partager sur :