22_POS_37 - Postulat Maurice Neyroud et consorts - Pour une meilleure gestion de l’eau d’arrosage et des pluies torrentielles en viticulture.
Séance du Grand Conseil du mardi 2 mai 2023, point 29 de l'ordre du jour
Texte déposé
Le changement climatique est une préoccupation qui touche l’ensemble de la population. Il se traduit par des grandes périodes de chaleur et de sécheresse suivies souvent par des pluies torrentielles.
Les conséquences pour la viticulture sont connues et la sécheresse de cette année 2022 en fait partie et aura de graves séquelles sur la maturation des raisins, les rendements et sur la plante elle-même.
Les épisodes de pluies torrentielles qui peuvent arriver ne profitent malheureusement pas à la plante ; elles ont pour effet de causer des dégâts de ravinage, d’érosion et faire couler directement l’eau au lac. Elles peuvent emporter des murs de soutènement, entraînant des charges considérables, sans pour autant satisfaire les besoins en eau de la plante.
Pour lutter contre les effets de ces profonds changements climatiques, des actions doivent être entreprises et coordonnées, tant au niveau de l’écoulement que de la distribution de l’eau. Cette eau est un bien précieux : la collecter, la canaliser et l’utiliser avec efficience est nécessaire.
Aujourd’hui, on constate de grandes disparités entre les régions et les communes. Certaines régions sont équipées de réseaux d’arrosage et suffisamment pourvues en eau ; d’autres, moins dotées en sources et loin du lac et des rivières, ont des problèmes d’approvisionnement. Par contre, la récupération de l’eau de pluie n’est quasi pas pratiquée dans l’ensemble des régions et des communes.
Par ce postulat, je souhaite que le Conseil d’Etat élabore un état des lieux et un inventaire des mesures actuelles mises en place dans la viticulture par les communes et par le canton pour la gestion de l’eau et étudie des solutions pour :
- Une gestion des eaux de pluie torrentielle, avec possibilité de récupération dans des réservoirs en vue de la redistribuer.
- Une gestion de l’eau d’arrosage avec la mise en place de réseaux d’eau.
- Etudier la possibilité de réaliser ces investissements par le nouveau fonds en lien avec le climat, doté de 200 millions
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Denis Dumartheray | UDC |
Daniel Ruch | PLR |
Joëlle Minacci | EP |
Marc-Olivier Buffat | PLR |
Florence Bettschart-Narbel | PLR |
Elodie Golaz Grilli | PLR |
Oscar Cherbuin | V'L |
Jacques-André Haury | V'L |
Jean-Daniel Carrard | PLR |
Guy Gaudard | PLR |
Blaise Vionnet | V'L |
Jean-Marc Udriot | PLR |
Florian Despond | PLR |
Grégory Bovay | PLR |
Jean-Franco Paillard | PLR |
Pierre-François Mottier | PLR |
Stéphane Jordan | UDC |
Jean-François Cachin | PLR |
Pierre-André Romanens | PLR |
Aliette Rey-Marion | UDC |
Philippe Germain | PLR |
Jean-Luc Bezençon | PLR |
Anne-Lise Rime | PLR |
Fabrice Neyroud | UDC |
Olivier Petermann | PLR |
Patrick Simonin | PLR |
Graziella Schaller | V'L |
Cédric Weissert | UDC |
Josephine Byrne Garelli | PLR |
Jean-Louis Radice | V'L |
Chantal Weidmann Yenny | PLR |
Florence Gross | PLR |
Loïc Bardet | PLR |
Nicole Rapin | PLR |
Laurence Bassin | PLR |
Pierre-Alain Favrod | UDC |
Circé Fuchs | V'L |
Alexandre Berthoud | PLR |
Thierry Schneiter | PLR |
Carole Dubois | PLR |
Gérard Mojon | PLR |
Jean-Bernard Chevalley | UDC |
Marion Wahlen | PLR |
Regula Zellweger | PLR |
Fabrice Tanner | UDC |
Monique Hofstetter | PLR |
Marc Morandi | PLR |
Nicolas Bolay | UDC |
Mathieu Balsiger | PLR |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa commission traitant de ce postulat s’est réunie le 28 novembre 2022, en présence de Mme la conseillère d’Etat Dittli, Mme Van Buel et MM. Hottinger et Viret. Mme Métraux, que nous remercions, a tenu les notes de séance.
Le changement climatique a notamment pour cause des modifications des quantités et types de précipitations : il ne pleut que très peu pendant de longues périodes et, tout à coup, nous subissons des pluies torrentielles que le sol ne peut pas absorber. Selon le postulant, les conséquences de ce phénomène sont particulièrement visibles en Lavaux. En 2022, par exemple, la saison a commencé avec un déficit hydrique qui s’est amplifié au cours des mois. Dans ce contexte, le postulat de notre collègue Neyroud demande que le Conseil d’État élabore un état des lieux et un inventaire des mesures actuelles mises en place dans la viticulture par les communes et par le Canton pour la gestion de l’eau et étudie des solutions pour :
– gérer les eaux de pluie torrentielle, avec possibilité de récupération dans des réservoirs ;
– gérer l’eau d’arrosage avec la mise en place de réseaux d’eau ;
– étudier la possibilité de réaliser ces investissements par le nouveau fonds en lien avec le climat, doté de 200 millions de francs.
Les membres de l’administration cantonale ont ensuite apporté diverses informations quant à la gestion de l’eau dans le canton. Il est à noter, entre autres, que peu d’infrastructures d’arrosage de cultures sont branchées sur le réseau d’eau potable, car cette dernière coûte cher. Certaines communes utilisent le pompage dans les rivières ; d’autres puisent l’eau des lacs. Des réservoirs d’eau sont déjà en place. On nous explique que, au vu de l’ampleur des sécheresses ces dernières années, un plan sectoriel d’irrigation est en cours d’élaboration. Lors de la discussion générale, l’ensemble des membres de la commission a reconnu les difficultés croissantes dans la gestion de l’eau, difficultés provoquées par le changement climatique. Toutefois, certaines réserves ont été émises par plusieurs députées et députés, car les solutions discutées pourraient potentiellement nuire à l’environnement. Des bassins de rétention d’eau peuvent confisquer de l’eau pour un usage spécifique, comme en France. Ce type d’installations impliquent également du bétonnage. Des solutions moins artificielles ont également été discutées, comme l’enherbement ou l’utilisation de cépages plus résistants. Lors de cette discussion, le Conseil d’Etat a affirmé vouloir privilégier ces solutions plus naturelles. Deux députés ont alors rappelé qu’un postulat est non contraignant et que le texte suggère une réflexion sur diverses solutions. Dans cet état d’esprit, quatre d’entre nous ont proposé d’amender le postulat, en citant deux sous-secteurs de l’agriculture – la viticulture et l’arboriculture – pour ouvrir les réflexions. A la fin, cet amendement a été accepté par 8 voix et 1 abstention. La commission recommande au Grand Conseil de prendre partiellement en considération ce postulat, à l’unanimité des membres présents, et de le renvoyer au Conseil d’Etat.
La discussion est ouverte.
Je déclare mes intérêts : je suis vigneron-encaveur à Chardonne et également président de la Commission intercommunale de Lavaux. Cette problématique est de plus en plus d’actualité ; nous avons des périodes de sécheresse qui alternent avec des périodes de grande pluie. Or, c’est vrai, ces grandes pluies posent un grave problème, puisqu’elles ne profitent pas au sol. S’il pleut 50 litres par m2, il n’y en aura peut-être que 10 qui vont pénétrer à l’intérieur du sol ; les autres partiront directement dans le lac. De plus, les 10 litres qui profiteront au sol resteront en surface et seule l’herbe en profitera, puisque cette eau ne pourra pas descendre jusqu’aux racines. Cela pose d’énormes problèmes.
Aujourd’hui, plusieurs études sont en cours ; il ne s’agit pas seulement de l’arrosage. Il s’agit d’étudier notamment des cépages résistants. Des études sont en cours et on espère que cela va aboutir à de bons résultats.
Concernant la question de Lavaux, les vignerons sont tout à fait favorables à cette étude. Une assemblée générale de la Fédération vaudoise des vignerons, section Lavaux, a siégé et une information a été faite ; cela a suscité beaucoup d’approbations. De la même manière, les dix communes membres de la Commission intercommunale de Lavaux se sont déclarées très favorables, lors de leur dernière assemblée générale, à entreprendre quelque chose pour essayer de trouver des solutions à ce problème de plus en plus critique.
En tant que membre de la commission, je vous encourage à suivre les recommandations de la commission, car la gestion de l’eau et l’irrigation des cultures, notamment de la vigne et des vergers, sont importantes en ces temps de changement climatique. J’aimerais aussi appuyer un élément qui revient à plusieurs reprises dans le rapport et dont on a beaucoup discuté en commission, à savoir la notion de réserve utile en eau dans les sols, soit la capacité des sols à retenir l’eau. C’est un aspect central quand on parle de gestion de l’eau, comme le rappellent de nombreux documents, notamment des Nations unies, qui expliquent que des sols sains avec une forte teneur en matières organiques ont la capacité de stocker de grandes quantités d’eau. Cette manière organique permet également aux sols d’être des puits de CO2. Il faut donc penser à construire des réservoirs pour récupérer l’eau, ou en tout cas prendre des mesures. Il ne faut pas oublier de prendre soin des sols et regarder ce qu’on peut faire de plus pour augmenter leur teneur en matières organiques, pour qu’ils puissent continuer à être fertiles, stocker l’eau et le dioxyde de carbone.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Le Grand Conseil prend le postulat en considération partiellement à l'unanimité.