22_INT_149 - Interpellation Romain Pilloud et consorts au nom du groupe socialiste - La qualité de la formation et l’égalité des chances menacées par la crise énergétique ? (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 8 novembre 2022, point 6 de l'ordre du jour

Texte déposé

Lors de la crise sanitaire, de nombreuses mesures nécessaires ont dû être entreprises dans l’ensemble des domaines touchant le quotidien de toutes et tous les résident·es de notre pays. Nombre de ces mesures ont eu des conséquences importantes pour la population, puisque l’ensemble de leur quotidien a été bouleversé. Ce qui diffère de notre crise sanitaire cette fois-ci, c’est notamment une anticipation qui permet de nous préparer à la crise énergétique. Si les premières mesures prises par la Confédération, les Cantons, les milieux économiques et les habitant·es ne suffisent pas, notre pays risque cependant de devoir contingenter notre électricité, en particulier pour les gros consommateurs qui seraient forcés de diminuer leur consommation. Il s’agit de la dernière étape avant les délestages. Il y a quelques semaines, l’EPFL annonçait à ce titre envisager la fermeture partielle de son campus, dont la facture d’électricité va probablement exploser en 2023.

 

Dans le domaine de la formation, les gros consommateurs sont nombreux : hautes écoles, Université de Lausanne, centres de formation professionnelle, gymnases et établissements scolaires, notamment. Or, si ces établissements de formation sont soit soumis à des délestages, soit choisissent volontairement de réduire l’activité des bâtiments ou des campus en prévision de futures factures d’électricité, les conséquences, particulièrement pour les personnes en formation, risquent d’être douloureuses.

 

Au plus haut de la crise sanitaire, les étudiant·es et écolier·ères de notre pays ont dû faire face à beaucoup de sacrifices. L’enseignement à distance a posé des problèmes conséquents, notamment de santé mentale, mais aussi des problèmes financiers, logistiques ou sociaux : les étudiant·es n’ont pas toutes et tous les mêmes conditions d’accès à la formation chez eux, n’ont pas toujours les moyens d’avoir accès à une connexion internet suffisante pour suivre les cours ni le cadre adéquat, et ont perdu des liens sociaux avec des conséquences négatives pour leur santé mentale[1]. Cette situation critique avait conduit le Conseil d’Etat à l’adoption en juin 2021 de 15 mesures pour la santé mentale des jeunes incluant de la prévention (sensibilisation contre le risque suicidaire en milieu scolaire) jusqu’à la prise en charge médicale, en passant par le repérage et l’intervention précoce en milieu scolaire ou encore la protection de l’enfance. En avril 2022, ce train de mesures était renforcé dans un crédit supplémentaire de CHF 11 millions du Conseil d’Etat.

 

Veut-on vraiment renforcer les inégalités face à la formation post-obligatoire dans notre Canton ? Aujourd’hui, force est de constater que les établissements de formation ont très peu communiqué sur leur plan énergétique en prévision de cet hiver, mais aussi en cas de risque sur le long terme. Or, il nous paraît essentiel de ne pas retomber dans les mêmes situations que lors des premières vagues de la crise sanitaire. Ce qui est paradoxal ici, c’est que nous aurons plus besoin que jamais de compétences venant des établissements scolaires, lieux de formation, universités et hautes écoles pour faire face aux crises qui surviendront dans 10, 20 ou 30 ans, mais aussi pour éviter de creuser les inégalités et nous adapter au réchauffement climatique dans le domaine de l’énergie, de l’ingénierie, de la sociologie, de l’urbanisme, de l’architecture, de l’innovation technologique, de l’étude la durabilité, etc. Aujourd’hui, la réussite des études et l’avenir de la jeunesse et des compétences sont menacées par ces crises énergétique et climatique pour lesquelles nous avons un besoin urgent de former.

 

Les étudiant·es ont besoin de réponses, et c’est la raison pour laquelle j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

 

  1. De manière générale, comment les établissements de formation obligatoire et post-obligatoire présents sur le marché libre de l’électricité vont-ils faire face à l’augmentation des coûts en matière d’énergie ?
  2. Certains lieux de formation risquent-t-il de (partiellement) fermer de manière volontaire? Si oui, quel sera l’élément déclencheur ?
  3. Étant donné les conséquences sociales entraînées par d’éventuelles fermetures de ces établissements de formation, comment le Conseil d’Etat se positionne-t-il face au risque de fermeture, volontaire ou non ?
  4. Pendant la crise sanitaire, de nombreux services n’étaient plus à disposition des étudiant·es. Que prévoit le Conseil d’Etat afin d’assurer qu’il existe des infrastructures ouvertes pour les étudiant·es en toute circonstance, que les services des établissements de formation auprès des étudiant·es soient assurés, et qu’un soutien soit mis en place pour les étudiant·es en difficulté en raison d’un éventuel retour de certains cours en ligne ?
  5. Le Conseil d’Etat considère-t-il que l’accès à des conditions d’études de qualité, en particulier en temps de crise, est compatible avec la notion de « service essentiel » en temps de crise ?
  6. Avec la hausse du prix de l’énergie, que prévoit le Conseil d’Etat afin de soutenir les étudiant·es, souvent précaires, pour faire face à des augmentations de facture d’électricité, pouvant mettre en péril leurs études et leurs conditions de vie ?

 

 

Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour les réponses qui pourront être apportées à ces questions.

 

 

[1]https://www.letemps.ch/suisse/luniversite-lausanne-etudiants-eprouves-sessions-dexamens-ligne

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Valérie ZoncaVER
Céline MisiegoEP
Nathalie JaccardVER
Yves PaccaudSOC
Cendrine CachemailleSOC
Felix StürnerVER
Sandra PasquierSOC
Géraldine DubuisVER
Jean TschoppSOC
Théophile SchenkerVER
Denis CorbozSOC
Oriane SarrasinSOC
Isabelle FreymondIND
Muriel ThalmannSOC
Cédric RotenSOC
Valérie InduniSOC
Thanh-My Tran-NhuSOC
Joëlle MinacciEP
Laurent BalsigerSOC
Claude Nicole GrinVER
Yannick MauryVER
Sébastien CalaSOC
Monique RyfSOC
Carine CarvalhoSOC
Claire Attinger DoepperSOC

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Romain Pilloud (SOC) —

Mon interpellation traite essentiellement des enjeux – ou plutôt des conséquences – de la crise énergétique sur les étudiantes et étudiants, apprenties et apprentis, écolières et écoliers, de notre canton. Ces personnes ont payé un lourd tribut, pendant la crise sanitaire, avec des conséquences négatives sur leur parcours de formation. Lorsque les étudiantes et étudiants doivent étudier depuis leur domicile, mais qu’ils n’ont pas les moyens de payer un wi-fi, lorsque les repères sociaux disparaissent, lorsque les taxes d’étude ne sont pas réduites alors que les services des hautes écoles ne sont plus assurés, cela tend à creuser les inégalités, à créer une vraie détresse et à affaiblir notre système de formation. A ce jour, les établissements de formation vaudois n’ont presque rien communiqué. Quid de la fermeture d’établissements, du soutien aux étudiants, du maintien de l’ouverture partielle ou complète des lieux de formation ? Pour cette année, mais aussi et surtout pour les années à venir, il est important de prendre du recul pour préserver non seulement nos étudiants, apprentis et écoliers, mais aussi notre système de formation. Le canton de Zoug prévoit par exemple le cas de figure, de même que l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne qui envisage la fermeture du campus. A ce jour, le canton de Vaud n’a pas communiqué sur ces différents aspects. C’est la raison pour laquelle je pose un certain nombre de questions, afin d’éclaircir une situation dans laquelle beaucoup de questions restent sans réponse et de protéger celles et ceux que notre canton forme. Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour les réponses qui pourront être apportées à mon interpellation.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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