23_INT_71 - Interpellation Romain Pilloud et consorts au nom du Groupe socialiste - Autoroute A1 - Coppet-Nyon : conséquences pour l'agriculture, la voie CFF Lausanne-Genève et le report modal (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 2 mai 2023, point 12 de l'ordre du jour
Texte déposé
Le mardi 18 avril, la commission des transports et des communications du Conseil national (CTT-N) informait par voie de communiqué de presse le souhait d’intégrer dans l’étape d’aménagement des routes nationales 2023 un tronçon autoroutier vaudois situé entre Coppet et Nyon. Si aucune décision définitive n’a encore été prise, on peut s’attendre à un vote final des Chambres à la session d’automne 2023.
Cette intégration, d’un coût de 911 millions de francs, interroge. En effet, au-delà de l’incompréhension du choix de prioriser ce tronçon sur sol vaudois, celui-ci amène de très nombreuses interrogations.
La première concerne le doublement de la desserte CFF entre Lausanne et Genève, attendue depuis de (trop) nombreuses années. Une étude prospective de l’Office fédéral des transports (OFT) est attendue cette année encore en vue de doubler l’infrastructure ferroviaire entre Lausanne et Genève. Or, une des variantes prises en considération doit précisément passer le long de l’autoroute A1. Une extension autoroutière pourrait donc rentrer en concurrence directe avec ce projet attendu des autorités valdo-genevoises et de la population. En même temps, la Confédération réduit sa participation financière au trafic régional CFF, ce qui aggrave les différences de traitement entre les autoroutes et le rail.
La seconde interrogation concerne la question des surfaces d’assolement. Il semble évident, au regard de la typologie du territoire cantonal de la zone concernée, que le projet empiétera sur plusieurs hectares de surface d’assolement utilisés par les agriculteur·trices. Au 29 juin 2022, il restait une marge de manœuvre nette de 108 hectares de surface d’assolement.
La dernière interrogation concerne les conséquences d’un tel élargissement autoroutier. On peut imaginer aisément que la création d’une nouvelle voie autoroutière aura des conséquences particulièrement négatives. Pourquoi donc ? En construisant de nouvelles routes, on incite les gens à prendre leur voiture, à délaisser les transports en commun et à s’installer toujours plus loin de leur lieu de travail. Et cela sans compter les conséquences directes pour des villes telles que Nyon, qui n’ont pas été pensées pour absorber du trafic supplémentaire. Bref, on risque d’augmenter la pollution, d’empêcher le report modal et de réduire l’attrait des transports publics, de même que les politiques d’agglomération.
Cette situation n’est pas seulement absurde, elle est aussi complètement paradoxale par rapport à la situation à laquelle les Vaudois·es font face : le prix des transports publics, qui augmenteront de 4,3% en 2024, réduit l’attrait vis-à-vis d’une mobilité plus durable. Le blocage des travaux de la gare de Lausanne ralentit le développement des projets dans le Canton de Vaud, et cela fait de nombreuses années que le report modal est à l’arrêt. L’augmentation du coût de la vie rend la situation encore plus problématique. Que la Confédération envisage investir 911 millions pour créer une troisième voie risque d’aggraver la situation, sans par ailleurs améliorer la fluidité des routes pour autant. On rappelle que le prix des transports publics augmente trois fois plus vite que celui de l’automobile.
Raisons pour lesquelles j’interpelle le Conseil d’Etat de la manière suivante :
- Un éventuel développement autoroutier entre Coppet et Nyon met-il en danger les potentielles solutions pour dédoubler le trafic de voyageur·ses en train entre Lausanne et Genève ?
- Quelles seraient les conséquences de la création d’une troisième voie autoroutière sur les réserves cantonales en matière de surface d’assolement ?
- La consommation des réserves de surface d’assolement pour une extension autoroutière pourrait-elle poser un problème dans le cas où des surfaces d’assolement devaient être réservées au dédoublement de la ligne CFF ?
- Face à ces éléments, quelle est la stratégie cantonale pour renforcer l’attrait et le développement des transports publics et encourager le report modal à court, moyen et long terme ?
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Yannick Maury | VER |
Alberto Cherubini | SOC |
Sébastien Cala | SOC |
Julien Eggenberger | SOC |
Nathalie Vez | VER |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Yolanda Müller Chabloz | VER |
Oriane Sarrasin | SOC |
Sébastien Humbert | V'L |
Joëlle Minacci | EP |
Théophile Schenker | VER |
Anna Perret | VER |
Sandra Pasquier | SOC |
Jean-Louis Radice | V'L |
Muriel Thalmann | SOC |
Blaise Vionnet | V'L |
Valérie Induni | SOC |
Valérie Zonca | VER |
Cloé Pointet | V'L |
Felix Stürner | VER |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Vincent Jaques | SOC |
Pierre Fonjallaz | VER |
Jerome De Benedictis | V'L |
Jean Tschopp | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourDepuis 2010, le report modal au niveau national est à l’arrêt ; 13 % des déplacements sont réalisés en transports publics en 2015, 12 % en 2010 et 12 % en 2005, et cela malgré le fort développement de l’offre. Il y a quelque temps, nous apprenions deux informations de la Confédération : le souhait du Conseil fédéral de diminuer la participation fédérale au trafic régional CFF, d’une part, et la volonté de la Commission des transports et des télécommunications d’investir 911 millions de francs pour élargir le tronçon autoroutier Le Vengeron – Coppet – Nyon d’autre part. Il y a un évident paradoxe à voir se réduire les investissements de la Confédération pour le trafic des voyageurs en train et à penser que l’on va encore élargir les autoroutes, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.
Là où le projet d’élargissement autoroutier prévu interroge, c’est qu’il prend place alors même que l’on attend pour 2023 une étude prospective de l’Office fédéral des transports en vue de doubler l’infrastructure ferroviaire entre Lausanne et Genève. Une des solutions actuellement travaillées consiste à créer une ligne, en tout cas partiellement, le long de l’autoroute. On peut donc légitimement se demander si le projet d’extension autoroutière ne mettrait pas en danger le développement d’une ligne CFF, le cas échéant. Une autre interrogation demeure : les surfaces d’assolement sont très nombreuses, le long de l’autoroute ; or les réserves vaudoises pour de telles surfaces sont relativement restreintes, alors même qu’il faudra sans doute réserver des hectares pour dédoubler la ligne Genève – Lausanne. Comment faire pour encore trouver des hectares pour des extensions autoroutières ?
Mon interpellation vise à ce que des réponses soient apportées à cette situation paradoxale où nos efforts pour encourager le report modal sont mis à mal par la Confédération. Les enjeux des surfaces d’assolement sont immenses, notamment pour les milieux agricoles. A l’heure où l’on apprend que les prix des transports publics augmentent trois fois plus vite que le prix de la mobilité individuelle et que l’on sait que le prix des transports publics est un des facteurs qui influencent le choix de privilégier ou non une mobilité plus durable, nous devons questionner tous ces éléments. Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour les réponses qu’il apportera à cette interpellation.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.