22_POS_32 - Postulat Taraneh Aminian et consorts - Pour le maintien du Gymnase du soir dans sa forme actuelle et de son financement (Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).
Séance du Grand Conseil du mardi 7 septembre 2021, point 10 de l'ordre du jour
Texte déposé
Depuis 1965, le Gymnase du soir (GYS) a pour but de permettre à des adultes n’ayant pas suivi le cursus scolaire classique d’accéder aux études universitaires tout en exerçant une activité professionnelle la journée. Afin de garantir la souplesse nécessaire à sa mission, moins rigide que celle de l’administration, une association fut créée dans laquelle sont représentées les partenaires sociaux et les Hautes écoles, ainsi que les personnes morales adhérant au but et à la mission du GYS.
En 55 ans, cette institution a démontré sa pertinence en répondant aux besoins des étudiant.e.s dans un contexte en constante évolution, par la mise en place de lieux accessibles, d’horaires et de plans d’études adaptés. Car il faut une forte motivation pour, en plus de la vie professionnelle et familiale, suivre ces cours du soir. Cela implique un important travail personnel réalisé durant les heures dédiées normalement à la vie privée et renforce la motivation et les exigences de ces étudiant.e.s du soir qui, pour la plupart, rejoignent ensuite les hautes écoles pour y accomplir, souvent avec brio, un nouveau parcours professionnel.
Or, depuis 2002 et la mise en œuvre d’EtaCom, l’administration cantonale n’a cessé de vouloir absorber l’association qu’elle subventionne, dont la forme d’indépendance peine à trouver sa place dans l’organigramme étatique :
- 2003 : 1er projet de cantonaliser le GYS ;
- 2010 : projet de regroupement du GYS avec les cours de Chamblandes et de Passerelle à Renens ;
- 2012 : vote par le Grand Conseil de l’EMPD du CEOL qui prévoit le regroupement des formations pour adultes à Renens ;
- 2017 : projet d’absorption et de réorganisation de tous les cours ; moratoire d’un an ; création du Gymnase pour adultes (GYPAD) à Renens et regroupement des classes passerelles ;
- 2018 : rapatriement des classes passerelles à Chamblandes ;
- 2020 : perte par le GYS des classes passerelles présente dans l’institution depuis 2004
et dont le taux de réussite aux examens était de 100% les trois dernières années contre 48% au GYPAD ;
- 2021 : fin de la convention liant le GYS au Canton en septembre.
En 2019, un groupe de travail (GT), créé deux ans auparavant, rend son rapport dans lequel il conclut qu’il n’y a pas de doublon entre le GYS et le GYPAD à l’exception des classes passerelles qui viennent d’être absorbées par ce dernier. Le GT conclut également à l’utilité de regrouper toutes les formations dans une même structure sous l’égide du Canton, avec plusieurs variantes. La délégation du GYS insiste alors sur les modifications réglementaires permettant de maintenir la qualité des prestations et suggère une structure de droit public. Les remarques de la délégation du GYS seront expurgées pour donner naissance à un Gymnase de fin d’après-midi.
Pour obtenir l’indépendance et la reconnaissance de leurs filières sous forme de Gymnase pour adultes, le GYPAD doit posséder une école de maturité, ce qu’il n’a pas, mais que possède le GYS. À ce sujet, il est surprenant que le GYPAD, qui n’a pas encore d’unité budgétaire, soit présenté comme un Gymnase. Cela met également un doute sur la légalité de sa conférence des maîtres et des décisions qui y seraient prises. Et un autre doute si l’on y ajoute la violation de la Directive du Conseil d’État sur les participations personnelles de 2007 (art. 4.1) par laquelle l’État a désigné le responsable des cours de Chamblandes comme délégué au sein du Comité de direction du Gymnase du soir.
Durant près de 15 ans, les statistiques ont montré que seulement 10% des étudiant.e.s des classes passerelles étaient en emploi et rejoignaient les cours du soir du GYS, alors que 90% étaient des gymnasien.n.e.s ou issu.e.s des écoles professionnelles du postobligatoire à plein-temps. Nous nous demandons s’il ne serait pas pertinent de mieux répartir ces classes dans les régions du Canton là où les besoins existent plutôt que, par exemple, contraindre des gymnasien.n.e.s du Pays d’Enhaut à rejoindre Pully pour les cours du soir alors que ceux-ci pourraient être dispensés dans leur région la journée.
Le modèle du Gymnase du soir est construit sur les besoins de ses bénéficiaires. Il fait appel à des intervenant.e.s de haut niveau fortement apprécié.e.s par les étudiant.e.s. Or ce modèle serait appelé à disparaître au profit d’un gymnase cantonal où n’interviendraient que des enseignant.e.s de gymnase en activité principale ; celle-ci se conjuguant mal avec la vie nocturne, les horaires seraient avancés au détriment de la mission et des besoins des bénéficiaires. C’est l’occasion de rappeler ici l’interpellation déposée le 25 février 2020 par Hadrien Buclin intitulée « Le gymnase du soir restera-t-il accessible aux personnes exerçant une activité durant la journée ? ».
Ce projet de Gymnase pour adultes complique très sérieusement voire rend impossible les possibilités d’études pour les adultes en emploi. Cette délocalisation des cours à Pully à une heure avancée et l’augmentation de la durée des cours d’une demi-journée rendront cette filière inaccessible à de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs du Canton. La qualité de l’enseignement s’en ressentira, en renonçant aux enseignant.e.s provenant d’autres horizons que le Gymnase de jour, riches en expériences professionnelles.
Avec la disparition du Gymnase du soir, les plus défavorisé.e.s qui ne pourront pas se libérer de leurs obligations professionnelles seront privé.e.s de cette magnifique opportunité de reprendre les études.
Les motionnaires déplorent que la suppression d’une prestation qui a fait ses preuves sur le plan de l’aménagement social se fasse au profit d’un Gymnase pour adultes aux conditions administratives plus lourdes et au système plus onéreux.
Par cette motion, nous demandons que des mesures soient proposées par le Conseil d’État afin que le gymnase du soir soit maintenu dans sa forme actuelle, que son financement soit garanti et que ses bénéficiaires ne soient pas pénalisés.
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Jérôme Christen | LIBRE |
Sabine Glauser Krug | VER |
Céline Misiego | EP |
Elodie Lopez | EP |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Circé Fuchs | V'L |
Andreas Wüthrich | V'L |
Werner Riesen | UDC |
Jean-Marc Nicolet | |
Blaise Vionnet | V'L |
Vincent Keller | EP |
Graziella Schaller | V'L |
Léonard Studer | |
Cloé Pointet | V'L |
Hadrien Buclin | EP |
Jean-François Chapuisat | V'L |
Isabelle Freymond | IND |
Cédric Echenard | SOC |
Marc Vuilleumier | EP |
Claire Richard | V'L |
Delphine Probst | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourDepuis 1965, le Gymnase du soir permet à des adultes n’ayant pas suivi le cursus scolaire classique d’accéder aux études universitaires tout en exerçant une activité professionnelle la journée. Durant de longues années, il a démontré sa pertinence en répondant aux besoins des étudiantes et étudiants dans un contexte en constante évolution, par la mise en place de lieux accessibles, d’horaires et de plans d’étude adaptés, contrairement à ce qui est présenté dans le projet de Gymnase pour adultes. Le modèle du Gymnase du soir est construit sur les besoins de ses bénéficiaires. Il fait appel à des intervenantes et intervenants de haut niveau, provenant d’autres horizons que le Gymnase de jour, riches en expérience professionnelle et fortement appréciés par les étudiantes et étudiants. Or, ce modèle est appelé à disparaître au profit d’un gymnase cantonal où n’interviendraient que des enseignantes et enseignants de gymnase en activité principale, celle-ci se conjuguant mal avec la vie nocturne et les horaires seraient avancés au détriment des besoins des bénéficiaires.
Ce projet de Gymnase pour adultes complique très sérieusement, voire rend impossibles les possibilités d’étude pour les adultes en emploi. La délocalisation des cours à Pully à une heure avancée et l’augmentation de la durée des cours d’une demi-journée rendront cette filière inaccessible à de nombreux travailleurs et travailleuses du canton. Avec la disparition du Gymnase du soir, les plus défavorisés qui ne pourront pas se libérer de leurs obligations professionnelles seront privés de cette magnifique opportunité de reprendre les études. Il est regrettable qu’une prestation qui a fait ses preuves sur le plan de l’aménagement social soit supprimée au profit d’un Gymnase pour adultes aux conditions administratives plus lourdes et au système plus onéreux. C’est pourquoi nous demandons que des mesures soient proposées par le Conseil d’Etat afin que le Gymnase du soir soit maintenu dans sa forme actuelle, que son financement soit garanti et que ses bénéficiaires ne soient pas pénalisés.
Retour à l'ordre du jourLa motion, cosignée par au moins 20 députés, est renvoyée à l’examen d'une commission.