21_RES_3 - Résolution Yvan Pahud et consorts au nom du groupe UDC - Pour que les travailleurs mangent au chaud à midi (Développement et mise en discussion avec au moins 20 signatures).
Séance du Grand Conseil du mardi 16 février 2021, point 23 de l'ordre du jour
Texte déposé
La présente résolution demande que le Conseil d’Etat, prenne contact avec le Conseil Fédéral afin de modifier l'ordonnance COVID pour que celle-ci autorise la transformation temporaire des bistrots, cafés et restaurants en « cantines » afin de leur permettre d’accueillir durant le confinement tous les employés et ouvriers obligés de travailler à l’extérieur de leur domicile ou de leur entreprise cet hiver et qui n’ont pas accès un endroit chauffé pour leur pause de midi.
En effet, de nombreux professionnels travaillent dehors durant cet hiver, comme les forestier-bûcheron, les charpentiers, les couvreurs, les maçons, les électriciens, etc. Ceux-ci doivent travailler dans des conditions rendues difficiles par le froid, la neige ou à la pluie et n’ont plus la possibilité, depuis la fermeture des restaurants de se réchauffer durant la pause de midi.
Or, le corps a besoin de périodes de repos, en particulier chez ceux qui exercent une activité physique, surtout quand il fait très froid. Le fait de pouvoir se réchauffer réduit également le risque d’accidents professionnels.
Des milliers de travailleurs vaudois n’ont donc pas la chance de disposer d’un restaurant d’entreprise ou d’une cantine chauffée pour se reposer à midi.
C’est pourquoi il est demandé au Conseil d’Etat de prendre contact avec le Conseil fédéral afin que celui-ci modifie au plus vite l'ordonnance COVID et ainsi autoriser la transformation temporaire des bistrots, cafés et restaurants en « cantines » afin de pouvoir ouvrir pendant le confinement et permettre aux travailleurs de pouvoir manger un repas chaud, dans un endroit chauffé, en pleine hiver.
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Philippe Jobin | UDC |
Maurice Treboux | UDC |
Sylvain Freymond | UDC |
Aliette Rey-Marion | UDC |
Pierre-Alain Favrod | UDC |
Jean-François Thuillard | UDC |
Yann Glayre | UDC |
Julien Cuérel | UDC |
Dylan Karlen | UDC |
Jean-Marc Sordet | UDC |
Carole Dubois | PLR |
José Durussel | UDC |
Sergei Aschwanden | PLR |
Daniel Develey | PLR |
Pierre Fonjallaz | VER |
Florence Gross | PLR |
Florence Bettschart-Narbel | PLR |
Cloé Pointet | V'L |
Jean-Daniel Carrard | PLR |
Alexandre Berthoud | PLR |
Denis Rubattel | UDC |
Céline Baux | UDC |
Philippe Liniger | UDC |
Chantal Weidmann Yenny | PLR |
Aurélien Clerc | PLR |
Jean-Bernard Chevalley | UDC |
Sacha Soldini | UDC |
Pierre-André Romanens | PLR |
Jean-Marc Genton | PLR |
Pierrette Roulet-Grin | PLR |
Nicolas Glauser | UDC |
Carole Schelker | PLR |
Marion Wahlen | PLR |
Philippe Ducommun | UDC |
Cédric Weissert | UDC |
Nicolas Bolay | UDC |
Olivier Petermann | PLR |
Pierre Zwahlen | VER |
Séverine Evéquoz | VER |
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa résolution étant accompagnée de 39 signatures, la présidente ne demande pas l’appui de 20 députés.
« La fermeture des restaurants dégrade les conditions de travail des ouvriers », voilà le titre de l’émission 19h30 de la Radio Télévision Suisse (RTS) diffusée le 6 février dernier, soit quelques jours après le dépôt de cette résolution. Les mardis pendant lesquels nous siégeons au SwissTech Convention Center, nous avons la chance — et je pèse mes mots — de pouvoir manger, au sec et au chaud, un repas chaud. Or, ce n’est pas le cas des milliers d’ouvriers vaudois qui doivent travailler à l’extérieur, sous la pluie et dans le froid. Je déclare mes intérêts : je suis forestier-bûcheron. J’ai la chance de travailler en salopette, avec de gros souliers, au soleil, mais parfois aussi dans le froid, sous la pluie ou sous la neige. Je suis au contact de ces ouvriers et je vis ce qu’ils vivent tous les jours, lorsqu’ils doivent travailler sur des chantiers. Avec le confinement, ils n’ont plus la possibilité de pouvoir se réchauffer à midi en mangeant un repas chaud. Or, le corps a besoin d’une période de repos pour se réchauffer, pour reprendre des forces et ainsi éviter des accidents. En réalité, ces ouvriers vont chercher un sandwich et le mangent, à quatre ou cinq, dans la jeep ou dans le bus, en mettant le chauffage à fond. Potentiellement, il s’agit là de clusters, mais on ne fait rien pour ces personnes.
Jusqu’à présent, le Conseil d’Etat — j’espère, comme le Conseil fédéral — s’est basé sur le nombre de personnes hospitalisées pour justifier des mesures comme la fermeture des restaurants, des commerces non essentiels ou des lieux de culture. Or, vous avez reçu, hier, les chiffres que l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC) nous transmet. Nous avons maintenant la chance de recevoir ces chiffres et nous sommes donc au courant de la situation épidémiologique dans notre canton. A titre de comparaison, le 16 novembre dernier, il y avait 555 hospitalisations dues au COVID, dont 103 se trouvaient aux soins intensifs. Hier, il n’y en avait plus que 129 sur l’entier des hôpitaux vaudois, dont 43 aux soins intensifs. C’est quatre fois moins qu’au mois de novembre ! Je ne peux m’empêcher de faire une règle de trois : si 555 hospitalisations représentent le 100 % de la capacité hospitalière vaudoise pour le mois de novembre — ce qui n’est pas le cas — alors 129 hospitalisations, c’est quatre fois moins. Cela signifie que nous aurions moins de 25 % d’hospitalisations dues au COVID dans le canton. Je ne suis pas un spécialiste, mais c’est une simple règle de trois. D’après moi, on ne peut pas ainsi justifier toutes ces mesures et laisser les ouvriers manger un sandwich dans le froid et sous la pluie.
Par ailleurs, selon un rapport interne de l’administration fédérale, dans 90 % des cas de coronavirus, le lieu de contamination est connu : 43 % sont issus de la sphère privée ; 23 % au travail ; 9 % dans les EMS ; 7 % lors de rassemblements et seulement 2 % dans les restaurants. Selon les informations données par M. le conseiller fédéral Alain Berset, la situation actuelle ne devrait pas s’améliorer dès le 28 février. Nous verrons mercredi si le Conseil fédéral décidera de ne rien décider ou si des mesures seront prises. Dès lors, par respect et par dignité, il est primordial de faire un geste en faveur de tous ces ouvriers qui travaillent à l’extérieur et dans le froid. C’est la raison pour laquelle il est demandé au Conseil d’Etat — et cette résolution n’est pas contraignante — de prendre contact avec le Conseil fédéral afin que celui-ci modifie, au plus vite, l’ordonnance COVID et autorise ainsi la transformation temporaire des bistrots, cafés et restaurants en cantines, afin de pouvoir ouvrir pendant le confinement et permettre aux travailleurs de manger cet hiver un repas chaud, dans un endroit chauffé.
La discussion est ouverte.
Je reviens au texte de la résolution, parce que le développement de M. Pahud fait penser qu’il souhaite rouvrir les restaurants, en se basant sur une règle de trois. Il est difficile, lorsqu’on est plâtrier-peintre, maçon ou bûcheron, de s’adonner aux joies du télétravail. Ce n’est pas possible de couper un arbre par Zoom ni de construire un mur avec Webex, peut-être dans le futur, mais pas aujourd’hui… Il est aussi difficile d’accepter de laisser celles et ceux qui exercent ce métier, dont l’outil de travail reste l’extérieur, prendre des risques et ne pas pouvoir simplement manger un repas chaud à midi. Si on vous demande si vous préférez croquer un jambon beurre congelé dans la camionnette de l’entreprise, sur le bord de la route, ou manger une assiette chaude et tenter de vous réchauffer dans un restaurant, « la question, elle est vite répondue », comme dirait un grand entrepreneur vaudois connu de la rédaction. Néanmoins, une autre question se pose : comment appliquer une telle mesure, tant il est vrai que le groupe à l’origine de cette résolution ne s’embarrasse que très rarement de l’applicabilité des idées qu’il lance ? Cela dit, le groupe Ensemble à Gauche et POP soutiendra la résolution de notre collègue Yvan Pahud.
Je pense que le Conseil d’Etat possède la sensibilité qui vient d’être développée. J’imagine que demander au Conseil d’Etat de prendre langue avec le Conseil fédéral est déjà quelque chose qui se fait régulièrement. J’en profite d’ailleurs pour remercier M. le conseiller d’Etat Leuba pour tout ce qu’il fait dans ce secteur afin d’essayer de trouver des solutions. Dieu sait si cela ne doit pas être très simple.
Pour en revenir au texte, je pense que le fond de cette résolution est juste : on ne peut pas imaginer que, par les temps qui courent, le monde de la construction doive se confiner dans des voitures ou des roulottes. Comment mettre en place une solution ? Je ne sais pas, mais il pourrait y avoir des dérogations, comme cela a été imaginé pour le monde commercial. Je pense que nous devons réfléchir à comment aller dans le sens de ce qui est demandé dans cette résolution pour faire en sorte que nous puissions entendre les gens qui travaillent à l’extérieur et qui souffrent des températures extrêmement froides que nous connaissons actuellement. Nous devons trouver un moyen pour faire en sorte qu’ils puissent se réchauffer, dans un restaurant ou dans un cadre qui resterait encore à définir. C’est la raison pour laquelle je vous invite aussi à soutenir cette résolution de principe.
Je pense que cette proposition part d’une bonne intention, mais je doute que le Conseil fédéral puisse négocier l’utilisation des restaurants, de manière privative, comme des cantines d’entreprise. Cette idée est pertinente ; cela s’est vu dans des restaurants fermés à proximité de centres commerciaux qui n’ont eux-mêmes pas de restaurant. Ce sont des choses toutes simples qui peuvent être mises en place. Je ne vois pas, dans les ordonnances, une interdiction de l’utilisation de ces locaux à destination des cantines d’entreprise purement privatives. Aujourd’hui, dans les textes, il n’y a rien qui nous empêche de le faire. En revanche, il faut beaucoup de créativité, de prises de contact, pour élaborer ces solutions, pour indemniser potentiellement l’utilisation de ces locaux. Cela ne peut pas se décréter par une résolution. Le Grand Conseil ne va pas résoudre toute la problématique sanitaire et épidémiologique, ou celle des repas de midi, par une résolution. Je soutiens l’esprit de ce texte, je trouve qu’il contient des idées qui mériteraient de faire des petits dans la réalité, mais je ne suis pas sûr que le Grand Conseil vaudois, voire le Conseil fédéral soient à même de les réaliser rapidement.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
La résolution est adoptée par 91 voix contre 1 et 28 abstentions.