22_REP_114 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Jérôme Christen et consorts au nom Les Libres - Soutien aux jeunes sportifs : comment améliorer les critères d’allégements d’horaire ? (22_INT_68).

Séance du Grand Conseil du mardi 5 novembre 2024, point 29 de l'ordre du jour

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M. Jean-Louis Radice (V'L) —

(remplaçant Jérôme Christen, ancien député) Notre ancien collègue m’a fait parvenir quelques commentaires dont je vous donne lecture. La réponse donnée par le Conseil d’Etat confirme les doutes de l’interpellateur. Certes, les allègements ne sont pas exclusivement réservés à une super élite. Il n’en demeure pas moins qu’il existe une part d’élèves dont l’engagement sportif reste hors norme, ou du moins largement supérieur à la moyenne. Pourtant, ces derniers n’accèdent pas aux allègements sans faire valoir d’autres arguments solides en dehors du seul résultat de la performance. L’appréciation des directeurs scolaires est subjective, car elle dépend largement de leur vision personnelle du sport et elle provoque des inégalités de traitement d’un établissement à l’autre. Si l’école reste la priorité, à côté du sport, on peine à comprendre pour quelles raisons des élèves qui obtiennent des résultats scolaires satisfaisants sont exclus des allègements. Les bons offices de la direction de l’enseignement obligatoire auxquels il est fait allusion sont une procédure plutôt lourde et dissuasive. Les parents préfèrent le plus souvent y renoncer, dès lors qu’ils peuvent éprouver la crainte – objective ou subjective – de prendre le risque de se mettre à dos le directeur de l’établissement, avec les conséquences que cela pourrait avoir pour leur enfant. 

Si le sport de haut niveau n’est pas accessible à toutes et tous et n’a pas vocation à l’être, les seuls résultats ne sauraient être l’unique critère retenu au vu de l’évolution physique et psychologique des jeunes entre 10 et 20 ans. Il serait raisonnable de tenir compte des variations de performances que tous les sportifs connaissent et les laisser progresser en fonction de leur développement personnel. Les critères actuels pénalisent celles et ceux qui disposent d’un grand potentiel, mais ne performent pas aussi vite que le prévoient les grilles établies par les fédérations sportives. Ces dernières sont seules émettrices de critères, qui ne tiennent pas assez compte des aspects de la santé et du développement psychosocial des jeunes qu’elles prétendent encadrer. Combien de jeunes sportives et sportifs craquent, épuisés, blessés ? Le Service de l’éducation physique et des sports (SEPS) a-t-il conscience de cette réalité ? La médecine du sport en général et celle des adolescents en particulier ne dit pas autre chose, à l’heure actuelle : il faut tenir compte des potentiels individuels qui ne sauraient se limiter à des grilles et des classements par tranche d’âge. Ces critères limitants et indifférenciés coupent les ailes de beaucoup de sportives et sportifs en devenir ou les poussent à l’excès, et cela sans que l’école ne les soutienne et leur épargne quelques heures, parfois salutaires, dans un emploi du temps plus que chargé. Le Conseil d’Etat le reconnaît lui-même, puisqu’il explique « qu’il ne suffit pas de pratiquer un sport avec un très grand nombre d’heures pour atteindre l’élite ». La question reste de savoir combien d’années le SEPS laisse aux jeunes sportifs pour atteindre le niveau de l’élite. Quelle pression fait-il subir à ces jeunes, en plus d’une pression scolaire en augmentation depuis de nombreuses années ? La perspective de l’épuisement scolaire et sportif fait renoncer une partie de ces jeunes sportives et sportifs et dès lors devient totalement contre-productive. 

Une question à l’attention du Conseil d’Etat : en dehors du système de distribution des talents de Swiss Olympic Card, le SEPS a-t-il consulté les professionnels de la santé des adolescents ? Il existe une division spécialisée au CHUV – le Centre SportAdo – spécialisée dans la prise en charge globale des jeunes sportifs et sportives. Le SEPS l’a-t-il consultée ou se base-t-il uniquement sur le système mis en place par Swiss Olympic ? Un des critères fixés pour les sports qui ne figurent pas dans la liste du SEPS est lui aussi élitiste, puisqu’il définit comme condition la participation à des compétitions de niveau national ou international. 

En conclusion, pour permettre un développement serein qui tienne compte des différences que l’on peut observer entre chaque sportif, l’interpellateur estime que l’on devrait remplacer les critères actuels qui se basent uniquement sur la comparaison de la performance et du classement, par une attestation fournie par le club qui reflèterait, d’une part, le nombre d’heures consacrées aux entraînements et, d’autre part, le nombre de compétitions effectuées. Il s’agirait également de demander l’expertise du corps médical spécialisé dans les questions fondamentales se rapportant à la santé des jeunes sportifs et sportives. L’interpellateur compte bien sûr sur le meilleur défenseur de cette cause, le député Sergei Aschwanden, qui avait d’ailleurs cosigné cette interpellation. Vive le sport !

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte

M. Sébastien Cala (SOC) —

En tant que président de SportVaud, la faitière du sport associatif vaudois, j’aimerais amener un élément : la question des aménagements d’horaire revient régulièrement. Se baser sur les cartes Swiss Olympic est un élément correct, mais qui dépend beaucoup de la nature des différents sports. Certains sports ont des cartes Swiss Olympic – talent cards – qui vont jusqu’au niveau local, mais d’autres ne les ont pas et ne commencent qu’au niveau régional. Il y a donc déjà des différences. Certains sports attribuent une grande quantité de cartes à travers la Suisse, mais d’autres ne le font pas. Certains sports attribuent beaucoup de cartes en Suisse alémanique et peu en Suisse romande, et de ce fait, il y a aussi des décalages.

J’aimerais aussi relever qu’une grande part de la décision revient à l’appréciation de la direction des écoles. Cela peut être bénéfique, parce que les enseignants sont plus proches des familles et se rendent bien compte des besoins. La demande de M. Christen de s’appuyer également sur des éléments amenés par les clubs – la charge de travail des jeunes sportifs et sportives – est un élément qui me semble important. Cet élément est déjà pris en considération, mais il pourrait être renforcé dans la décision. En effet, de jeunes sportifs et sportives nous font remonter qu’ils n’ont pas la possibilité d’obtenir des aménagements – ou qu’ils n’ont que des aménagements partiels – alors que d’autres – à un niveau un peu supérieur, mais pas forcément avec une charge d’entraînement supérieure – bénéficient d’aménagements. Cela mériterait peut-être une clarification.

Mme Christelle Luisier Brodard (C-DITS) — Président-e du Conseil d’Etat

Evidemment, le Conseil d’Etat est très attentif à ces questions, comme à celles qui concernent le sport sous toutes ses facettes, alors que nous venons de terminer la consultation du contre-projet sur l’initiative pour le sport. Dans ce cadre, tout ce qui touche aux liens entre le sport, l’éducation physique et l’école est évidemment analysé, de la même manière que tout ce qui touche au soutien au sport d’élite, et cela depuis le plus jeune âge, avec la volonté d’accompagner au mieux les jeunes, dans ce cadre. 

Par rapport à la première intervention, je trouve intéressant de préciser que ce ne sont pas simplement les performances qui sont prises en compte par les fédérations, mais aussi le potentiel. Il n’y a probablement pas de système parfait, mais j’aime l’idée de se positionner en lien avec la réalité de chaque sport et donc avec les critères émis par les fédérations. Forcément, le système peut être amélioré, mais ce sont quand même les fédérations qui connaissent le mieux leur sport. De même, ce sont les personnes qui pratiquent un sport qui sont les plus à même d’élaborer des critères. Je pense qu’il s’agit d’un élément important. Il en va de même pour les établissements scolaires qui doivent avoir une marge de manœuvre et de souplesse pour chaque personne et chaque situation. Ce n’est pas une mauvaise chose ; c’est même un élément qui peut être une force dans notre système. 

Monsieur Cala, si certains cas posent de gros problèmes, nous proposerons nos bons offices. Faites nous remonter ces cas et nous verrons, avec M. Borloz, si des choses peuvent être améliorées ; nous devons simplement être au courant de cas concrets. Je précise enfin que, dans le cadre du contre-projet sur le sport, les questions liées à la santé et au sport sont un élément fondamental. Il en va de même pour le sport d’élite, mais aussi en ce qui concerne les jeunes. Ce sont des éléments que nous prenons clairement en considération, notamment via le Centre Sport-Etudes Lausanne (CSEL).

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité. 

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