REP_683352 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Philippe Germain et consorts - Comment le canton considère-t-il la cohabitation entre l'homme et le loup sur son territoire ? (19_INT_388).
Séance du Grand Conseil du mardi 19 janvier 2021, point 19 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe souhaite tout d’abord vivement remercier le Conseil d’État pour ses réponses à mes questions. Avant de vous faire part de mes réflexions par rapport à ces réponses, je vous rappelle mes intérêts : je suis agriculteur, éleveur de vaches laitières et amodiataire d’un alpage dans la région du Marchairuz.
A la réponse numéro 1, tout au long de l’été 2020, j’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises d’échanger avec les éleveurs de la région du Marchairuz qui collaborent avec la Fondation Landry et la Direction générale de l’environnement (DGE) pour la mise en place des mesures de protection. J’ai aussi régulièrement été en contact avec M. Landry et ses collaborateurs dont j’ai suivi le travail, de même que M. Guy Humbert, responsable de l’alpage où la meute est présente.
Depuis le dépôt de mon interpellation, de nombreuses choses se sont passées. Il faut souligner que la DGE et la Fondation Landry ont fait un énorme travail, tout comme M. Guy Humbert et son berger, pour tenter de trouver des solutions de cohabitation satisfaisante pour tous. Il s’avère néanmoins que les montants définis dans la réponse à mon interpellation me semblent très faibles et éloignés de la réalité du terrain. Je suis persuadé que cette cohabitation va coûter bien plus que prévu à ce jour et j’espère que le canton et la DGE en sont conscients.
Au point 2, je suis rassuré de savoir que le monitoring sur le loup sera poursuivi durant les prochaines années dans le but de disposer d’informations et de données fiables. En effet, durant l’été 2020 et d’après mes contacts avec M. Landry, il est apparu que les idées et les affirmations d’un jour ne sont pas forcément avérées le lendemain. Le monitoring sur le long terme me semble donc nécessaire.
A la réponse numéro 3, trois points me préoccupent :
1. la pose de clôtures de protection ne me paraît pas forcément adéquate ou en tout cas difficilement concevable dans la région du Marchairuz, car elle engendrerait un travail énorme, voire disproportionné, vu le nombre important d’hectares concernés, surtout en pâturages boisés et sur des sols caillouteux. L’étude et les essais le démontreront peut-être.
2. Les chiens de protection, les patous, peuvent être une bonne idée, mais qu’en est-il de la gestion des promeneurs souvent accompagnés de leur chien et de leur méconnaissance du comportement à adopter ?
3. Quant au développement d’une application d’information, ce service est une excellente idée, mais je vous rappelle que toute la région du Marchairuz n’est pas couverte par le réseau téléphonique et que les données seront donc, pour certains, difficilement consultables.
En ce qui concerne la réponse numéro 4, les indemnités pour les animaux tués, je remercie le canton pour sa décision d’une indemnisation totale suite à une attaque avérée. Néanmoins, une indemnité ne remplacera jamais un animal. L’argent, c’est une chose, mais la perte d’un animal de rente est aussi une perte sentimentale. Il ne faut pas oublier qu’un animal peut aussi avoir une haute valeur génétique et sa perte représente aussi celle d’un investissement sur l’avenir.
A la réponse numéro 5, je suis satisfait de savoir que des relations avec les régions frontalières vont être mises en place.
Pour conclure, voici quelques considérations. A mes yeux, il est très important que le canton s’engage afin que la protection des troupeaux soit prise au sérieux et correctement rémunérée. Ceci dit, ces montants ne devraient pas être soustraits du budget agricole. Si on souhaite la biodiversité et le retour du loup, il n’y a aucune raison que les budgets agricoles soient impactés. Pour une bonne cohabitation, nous sommes conscients que des efforts doivent être consentis de toutes parts. Je suis persuadé qu’avec de la bonne volonté, nous allons y arriver. Dans cette optique, je pense également que des concepts de communication et des messages clairs auprès des promeneurs et autres visiteurs des lieux doivent être rapidement définis et véhiculés publiquement auprès de chacun, afin que cette cohabitation loup, animaux de rente, mesures de protection, amodiataires et promeneurs soit un succès.
La discussion est ouverte.
M. Germain vient de dire que l’argent ne remplace pas le dégât affectif de voir son troupeau souffrir ou de perdre des animaux. Pour le COVID, c’est la même chose : l’argent ne remplacera pas le bistrot que l’on ne peut pas ouvrir ou l’entreprise qui fait faillite. Alors que certains nous prédisent une nouvelle vague pour le mois de mars ou d’avril — et peut-être cet été et cet automne — on ne peut pas se contenter de dire aux gens que tant qu’ils sont payés, ils peuvent s’estimer heureux. A un moment donné, il faut procéder à cette évaluation fine qui consiste à penser que l’on ne peut pas simplement payer les gens, il faut aussi penser à ce qu’ils vivent.
Je remercie le député Germain pour son appréciation et ses remarques. Sur l’information des promeneurs, je voudrais souligner que nous avons modifié le règlement de la faune. Depuis 2019, nous avons introduit, à l’article 2, l’obligation de tenir les chiens en laisse dans les pâturages occupés par du bétail. Nous avons procédé à une communication en parallèle. Néanmoins, je partage votre avis, monsieur le député, il incombe aux promeneurs de bien tenir leur chien en laisse. Nous avons fait une grande action de communication auprès des randonneurs, mais cela sera encore rappelé au printemps et en été.
Concernant votre crainte de voir les budgets agricoles modifiés, je précise qu’il s’agit du budget de la DGE. C’est donc mon budget et non pas celui de M. Leuba qui est impacté par les chiffres que je vous ai donnés et les soutiens à l’achat de matériel de clôtures ou à l’aide aux amodiataires et aux paysans concernés.
Quant au monitoring des populations de loups, je l’ai indiqué, nous travaillons avec la fondation KORA et cela ne va pas s’arrêter. Nous prenons vraiment en compte ces questions relatives au loup ; nous discutons avec toutes les parties et nous essayons de prendre les mesures les plus intelligentes et qui aident le plus les paysans relativement à cette difficile question du grand prédateur.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.