Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 27 février 2024, point 9 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le château de Gréchon et son four à pain voisin sont des objets d’importance cantonale (note 2 au Recensement architectural cantonal). Situé en zone agricole, cette grande maison de campagne a été construite dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, sur des bases plus anciennes. Formé dès l’origine de trois parties aux fonctions bien différentes, l’édifice présente une disposition très originale et comprend :

  • le logement de maître, richement aménagé, dans le pavillon sud-ouest ;
  • le logement du fermier sis dans le corps central et ;
  • un rural accolé au nord-est, dont le volume et les façades font écho au pavillon sud-ouest, afin que les façades principales, longues de plus de 50 m, présentent une certaine symétrie.

 

Ce long bâtiment est complété d’anciennes annexes, dont le four à pain, et de plusieurs jardins en terrasses. Ayant fait l’objet de très peu d’interventions au cours du XXe siècle, le château a conservé sa substance d’origine (parquets, boiseries, décors peints, poêles en faïence, fenêtres, etc.), ce qui lui confère un caractère exceptionnel. En effet, très peu de bâtiments subsistent dans la région dans un état d’origine aussi complet. Sa valeur historique est largement reconnue dans les milieux scientifiques et patrimoniaux qui s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’un bâtiment d’intérêt national.

 

Inhabité depuis des décennies, cet ensemble se dégrade d’année en année, et son manque d’entretien est de plus en plus préjudiciable à sa conservation. Le mauvais état de l’enveloppe extérieure ne permet plus d’assurer l’étanchéité du bâtiment et les infiltrations répétées des eaux de pluie ont déjà provoqué d’importants dégâts, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le bâtiment avait plus ou moins bien résisté au manque d’entretien jusqu’au début des années 1990. Depuis lors, de nombreux dégâts sont apparus, surtout dans le logement de maître[1]. Le rythme de ces dégradations « naturelles » ne peut qu’augmenter avec le temps, surtout en période hivernale. S’y ajoutent d’importants actes de vandalisme : portes forcées, toiles peintes lacérées et arrachées, pour ne mentionner que les actes principaux ainsi que la disparition de plusieurs encadrements de cheminée en noyer, du XVIIIe siècle.

 

Patrimoine suisse, section vaudoise, a donc sollicité en mars 2020 le classement du château de Gréchon et du four à pain voisin afin d’en assurer la sauvegarde à long terme et d’obliger ses propriétaires soit à entretenir leur bien de manière satisfaisante soit à s’en séparer.

 

Le Conseiller d’Etat en charge du dossier, M. Broulis, a alors répondu que la Municipalité de Moudon avait demandé de surseoir à cette requête durant 1 année au moins, des négociations étant en cours en vue de l’acquisition de cet objet par une preneur disposé à le restaurer et à l’entretenir.

 

4 ans plus tard, le château n’est toujours pas vendu et continue à se dégrader ce qui se répercute sur sa valeur historique. Il semblerait que le Canton entende sortir cette parcelle de la zone agricole afin d’en faciliter la vente.

L’article 23 de la loi sur la protection du patrimoine culturel immobilier (LPrPCI)[2] du 30 novembre 2021, consacré à l’entretien d’un objet inscrit à l'inventaire stipule ce qui suit :

1 L'entretien d'un objet inscrit à l'inventaire incombe au propriétaire, cas échéant aux titulaires d'un autre droit réel.

2 Si besoin, le département fixe un délai convenable pour effectuer les travaux d'entretien nécessaires.

 

Au vu de ce qui précède, j’ai l’honneur de poser au CE les questions suivantes :

  • Quand est-ce que le CE va intervenir pour assurer la sauvegarde de ce bâtiment d’intérêt cantonal voire national ?
  • Le CE a-t-il enfin l’intention de classer cet objet et de prendre les mesures qui s’imposent pour en assurer la sauvegarde ?
  • Quel est l’intérêt de sortir cette parcelle de la zone agricole, le site étant un site d’exception à préserver ?

 

Je remercie d’avance le CE pour sa réponse.

 

Pully, le 19 février 2024

 

[1]façade principale : dégradation importante d’éléments taillés en molasse ;

augmentation du taux d’humidité intérieure, due en particulier au drainage déficient de la façade principale ;

chambres sud-ouest : attaque de boiseries et de la structure porteuse ;

effondrement d’un arc intérieur en molasse, d’un mur et d’un sol, suite à des infiltrations constantes ;

charpentes : affaissements et pourriture, dus à des modifications malheureuses et à des infiltrations.

[2] 451.15

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Julien EggenbergerSOC
Sandra PasquierSOC
Pierre-André RomanensPLR
Amélie CherbuinSOC
Cendrine CachemailleSOC
Yannick MauryVER
Jean-Louis RadiceV'L
Laure JatonSOC
Cédric RotenSOC
Laurent BalsigerSOC
Valérie ZoncaVER
Eliane DesarzensSOC
Claude Nicole GrinVER
Felix StürnerVER
Circé Barbezat-FuchsV'L
Claire Attinger DoepperSOC
Rebecca JolyVER
Alice GenoudVER
Nathalie JaccardVER
Sébastien PedroliSOC
Yves PaccaudSOC
Isabelle FreymondSOC
Pierre FonjallazVER
Cédric EchenardSOC
Géraldine DubuisVER

Document

24_INT_34-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Muriel Thalmann (SOC) —

En préambule, j’annonce mes intérêts : je suis présidente de la section vaudoise de Patrimoine suisse. Mon interpellation a pour objet la conservation du Château de Gréchon et de son four à pain. (Une image est projetée.)

* Insérer image

Il s’agit d’une vaste maison de campagne construite durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle comprend trois parties aux fonctions bien distinctes : un logement de maître richement aménagé, un logement pour le fermier et un rural. Ce bâtiment, long de plus de 50 mètres, a fait l’objet de très peu d’interventions au cours des siècles, ce qui lui a permis de conserver sa substance d’origine. Il abrite des parquets, des boiseries, des décors peints, des poêles en faïence, etc., ce qui lui confère un caractère exceptionnel. Sa valeur historique est largement reconnue dans les milieux scientifiques et patrimoniaux. Tous deux s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’un bâtiment d’intérêt national.

Inhabité depuis des décennies, cet ensemble se dégrade d’année en année et son manque d’entretien est de plus en plus préjudiciable à sa conservation. Son classement a été sollicité en mars 2020 afin d’en assurer la sauvegarde à long terme. Le conseiller d’Etat chargé du dossier, M. Broulis, a alors répondu qu’il avait donné suite à la demande de la municipalité de Moudon et décidé de sursoir à cette requête durant un an au moins, étant donné que des négociations étaient en cours en vue de son acquisition. Quatre ans plus tard, le château n’est toujours pas vendu et continue à se dégrader, ce qui se répercute sur sa valeur historique. J’ai donc l’honneur de poser quelques questions au Conseil d’Etat afin de savoir ce qu’il en est de cette sauvegarde et dans quelles mesures le canton va intervenir. Je le remercie d’avance pour ses réponses.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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