Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 23 avril 2024, point 25 de l'ordre du jour

Documents

Texte adopté par CE - Rap-CE Fonjallaz 21_POS_18 - publié

Rapport de commission - Viticulture durable en développant les cépages résistants

Transcriptions

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Mme Marion Wahlen (PLR) — Rapporteur-trice

La commission s'est réunie en septembre dernier afin d'examiner le rapport du Conseil d'Etat sur le postulat Fonjallaz concernant le développement des cépages résistants. Mme la conseillère d'Etat Valérie Dittli était accompagnée de M. Olivier Viret, responsable du Secteur viticulture et cultures spéciales à la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV). Nous les remercions pour la qualité des informations fournies.

L'étude de la résistance de la vigne aux maladies et ravageurs au travers des cépages résistants a débuté au milieu du XIXe siècle, suite au développement de maladies phytosanitaires telles que l'oïdium, le mildiou ou le phylloxéra, arrivés des Etats-Unis. Ainsi, de nouvelles variétés appelées hybrides résistant à ces maladies ont été obtenues, permettant d'éviter l'application répétée de cuivre et de soufre pour les combattre. Actuellement, plus de 130 cépages sont disponibles, plaçant les viticulteurs devant un choix difficile : le potentiel de ces cépages n’est pas toujours connu, et il y a le risque qu’ils ne correspondent pas, à terme, au goût du consommateur.

La discussion générale fournie a permis de prendre connaissance des études mises en place par le canton et des essais réalisés. Le choix des futurs cépages est déjà et sera encadré par tous les acteurs concernés au travers, notamment, de dégustations à l'aveugle. La commission remercie encore M. Viret pour la qualité de ses explications. Au vu de ce qui précède, la commission recommande au Grand Conseil d'accepter le rapport du Conseil d'Etat à l'unanimité des membres présents.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Kilian Duggan (VER) —

(remplaçant M. Pierre Fonjallaz, absent) En l'absence de notre collègue Fonjallaz, excusé pour la séance du jour et dont je me fais le porte-parole, je tiens à remercier le Conseil d'Etat pour ses réponses détaillées à ce postulat. Les éléments historiques sur les cépages résistants, ainsi que les détails sur les travaux de l'Agroscope, notamment le projet de recherche de nouveaux cépages en collaboration avec la DGAV et l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), sont particulièrement appréciables. J'espère vivement que ce projet produira d'excellents résultats et facilitera la transition tout en préservant nos traditions viticoles dans notre canton. Cependant, un aspect du rapport me préoccupe : la formation et l'information disponibles pour les professionnels concernant ces cépages résistants. L'intention de ce postulat était également de suggérer une ouverture vers les initiatives des pays voisins et des sélectionneurs privés, et non de se limiter exclusivement aux travaux de l'Agroscope. Bien que le suivi proposé par ces acteurs diffère de celui de l'Agroscope, il est crucial de compiler un maximum d'informations sur ces cépages résistants pour maximiser les chances de réussite de la transition professionnelle face aux défis actuels. Il est également essentiel de considérer le changement climatique qui nous oriente, en Romandie, davantage vers des modèles français ou italiens plutôt qu'allemand ou autrichien. Néanmoins, en tenant compte de ces clarifications, je vous propose d'accepter ce rapport.

M. Vincent Keller (EP) —

Un tel postulat technique pourrait rebuter certains, car on pourrait se dire qu'il faut avoir les compétences d'une ou d'un vigneron-encaveur, d'une ou d'un œnologue, pour pouvoir participer à la discussion en commission, sachant qu'elle a eu lieu avec le spécialiste Olivier Viret. Mais cela n’a pas été le cas et c'est assez rare pour être souligné : il n'y a pas eu de débat politique en commission, mais seulement des échanges entre députés et députées, passionnés et passionnées par le noble breuvage cultivé sur plus de 14’000 hectares dans ce pays. Cela m’a rappelé une commission qui avait eu lieu il y a quelques années concernant un projet de décret pour la rénovation de la Cathédrale de Lausanne, une commission présidée par l'ancien député, Philippe Vuillemin, qui nous avait fait découvrir les catacombes du vieux bâtiment.

Lorsqu'il s'agit de s'intéresser à ce que l'on pourrait créer et planter comme nouveau cépage résistant, la vaine discussion du vendredi soir – « qu'est-ce qu'on boit pour l'apéro ? » – pourrait ressurgir. L'excellent rapport de la présidente de la commission Marion Wahlen le dit clairement : « Il n'est pas seulement question de créer des cépages résistants, mais des vins qui doivent correspondre aux critères désirés par les consommatrices et les consommateurs. » Le rapport du Conseil d'Etat nous enseigne que les critères choisis pour effectuer des croisements ne le sont plus tant de diversifier les cépages pour pallier l'importation de vins de coupage, comme ce fut le cas à une certaine époque, mais parce que chacune et chacun se rend compte que le climat du Lavaux ou des Côtes de l'Orbe change. Or, ce changement, sur le temps long, a forcément une influence majeure sur vitis vinifera. C’est pour cette raison que les spécialistes, notamment de l'Agroscope et de Changins, testent des croisements avec des cépages cultivés plus au sud, comme le Nebbiolo ou le Merlot. Ils ne le font pas par hasard, mais à dessein, et ce travail ne se fait pas en quelques semaines, mais en plusieurs années, voire en dizaines d'années. Dès lors, s'il y a bien une raison de se réjouir du changement climatique, c'est bien pour voir celui-ci avoir raison du Chasselas. Je déclare mes intérêts : mes gènes zurichois ont visiblement créé une forte résistance au Chasselas sous forme de vin ! Je souhaite donc que le Chasselas laisse sa place aux fins tanins d'un Barolo de Saint-Saphorin, au fruité d'un Barbera d'Aclens, ou à la délicatesse d'un Moscato d'Allaman. Le groupe Ensemble à Gauche et POP acceptera le rapport du Conseil d’Etat.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé à l’unanimité.

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