Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 14 novembre 2023, point 8 de l'ordre du jour

Texte déposé

En 2018, le Canton se dotait d'une loi moderne et ambitieuse permettant de mieux cadrer la recherche et I’exploitation des ressources naturelles du sous-sol. A son art. 7, la LRNSS prévoit que le département en charge de I’environnement collabore activement avec tous les milieux intéressés, notamment les milieux académiques, pour favoriser la connaissance du sous-sol.

L'article en question prévoit également que les informations géologiques obtenues lors d'investigations dans le sous-sol sont transmises en tout temps et gratuitement au département ainsi qu'au département en charge du Musée cantonal de géologie.

 

Il convient cependant de passer la vitesse supérieure. Le sous-sol, dont la responsabilité de la gestion est du ressort du Canton, est un véritable potentiel en mains collectives pour contribuer à la transition énergétique et climatique de notre canton :

 

  • Géothermie : les différentes tentatives de forage géothermiques de moyenne profondeur dans le canton (Lavey-les-Bains, Vinzel, Montagny-près-Yverdon) ont donné des résultats mitigés, que ce soit la quantité d'eau (Lavey-les-Bains et Montagny-près-Yverdon) ou de la température pour permettre une viabilité économique et une subvention fédérale (Vinzel). A noter qu'à partir d'une certaine température, il est possible de produire également de l'électricité.
  • Eaux souterraines : si la température n'était pas celle souhaitée, le forage de Vinzel a permis la découverte d'une quantité significative d'eau souterraine. Certaines nappes d'eau souterraines ne sont pas encore connues et pourraient être utilisées pour l'approvisionnement en eau de boisson ou pour l'irrigation.
  • Métaux ou gaz stratégiques : il est possible que les aquifères profonds contiennent des quantités intéressantes de lithium ou de bore. Enfin, la présence d'hydrogène blanc ou de tout autre ressource pourrait aussi être potentiellement détectée.
  • Stockage CO2 : l'atteinte du zéro émission nette passera par la captation et le stockage de CO2. Plutôt que de le transporter sur des grandes distances, il pourrait être enfoui dans le sous-sol vaudois.

 

Aujourd’hui, les connaissances du sous-sol vaudois sont limitées et après les résultats décevants des forages exploratoires de Lavey, Yverdon et Vinzel, il est notamment nécessaire de soutenir la prise de risque des entreprises disposant de permis de recherche en lien avec la LRNSS pour poursuivre les investigations. En effet, les données sont anciennes, partielles et ne couvrent que certaines parties du territoire. De plus, celles transmises par les privés se limitent aux zones pour lesquelles des concessions ont été fournies par l'Etat. Aussi, il est primordial de conduire de manière systématique, en collaboration avec les entités disposant de permis de recherche en lien avec la LRNSS, des travaux pour acquérir et mutualiser des données étendues sur tout le canton et couvrant toutes les ressources potentielles, en faisant usage de méthodes de prospections modernes.

 

Ces données permettraient de développer une réelle politique d’exploration, d’exploitation et de préservation de notre sous-sol tout en augmentant les chances de succès des projets, notamment de géothermie voire de prospection d'eau potable ou d'irrigation. Il est crucial pour le succès des initiatives privées et des partenariats publics-privés en la matière que des données de qualité et diversifiées sur le territoire puissent être produites. L'exemple de Genève porte ses fruits : la campagne de prospection cantonale menée en 2021 a apporté des découvertes géologiques majeures ayant permis de confirmer le potentiel de la géothermie profonde et conduisant à une stratégie étendue de décarbonation du chauffage par utilisation des ressources du sous-sol (chaud et froid), ainsi qu’à une planification méthodique des infrastructures nécessaires[1].

 

Dès lors, les signataires de cette motion demandent au Conseil d'Etat de présenter au Grand Conseil un projet de décret afin de mener sans délai, en collaboration avec les entités ayant des permis de recherche liés à la LRNSS et notamment en soutenant la prise de risque de ces dernières, les travaux de prospection complémentaires nécessaires au renforcement la connaissance du sous-sol vaudois. Le potentiel multiple de ce dernier est crucial pour réussir la transition énergétique et climatique et par là-même améliorer la sécurité d’approvisionnement de notre Canton et de ses habitants et entreprises.

 

[1] Cf. https://www.geothermies.ch/actualites/resultats-de-la-campagne-3d:-le-potentiel-geothermique-de-geneve-est-confirme/66.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Yannick MauryVER
Circé Barbezat-FuchsV'L
Jean-Louis RadiceV'L
Aurélien DemaurexV'L
Muriel ThalmannSOC
Sébastien HumbertV'L
Nicolas SuterPLR
Cédric RotenSOC
Cloé PointetV'L
Monique RyfSOC
David VogelV'L
Eliane DesarzensSOC
Cendrine CachemailleSOC
Alice GenoudVER
Nathalie VezVER
Grégory BovayPLR
Carole SchelkerPLR
Sandra PasquierSOC
Laure JatonSOC
Martine GerberVER
Valérie ZoncaVER
Jean-François ChapuisatV'L
Yolanda Müller ChablozVER
Denis CorbozSOC
Carole DuboisPLR
Pierre WahlenVER
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Jacques-André HauryV'L
Sergei AschwandenPLR
Isabelle FreymondSOC
Jerome De BenedictisV'L
Sébastien CalaSOC
Yves PaccaudSOC
Géraldine DubuisVER
Blaise VionnetV'L
Théophile SchenkerVER
Regula ZellwegerPLR
Michael WyssaPLR
Oriane SarrasinSOC
Patricia Spack IsenrichSOC
Claude Nicole GrinVER

Document

23_MOT_29-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Laurent Balsiger (SOC) —

Je commence par rappeler mes intérêts : je suis directeur de la Société électrique des forces de l’Aubonne. A ce titre, je suis également vice-président d’Energeo, une société qui effectue des recherches et forages pour explorer et exploiter la géothermie dans la région de la Côte et qui a notamment effectué le forage à Vinzel. J’ai aussi participé, en tant que directeur de l’énergie du canton, au montage du projet de Lavey. Nous sommes quatre députés impliqués dans le domaine énergétique à porter cette motion et à l’avoir corédigée – à savoir Nicolas Suter, Sébastien Humbert et Pierre Wahlen. Je les remercie pour leur efficace et persévérante collaboration.

Un article du 24heures du 25 octobre dernier présentait la géothermie de notre canton. En quatre points, je résume brièvement les principaux enjeux de la motion. Premièrement, la géothermie profonde devrait être la chaleur principale des villes et des chauffages à distance, et à long terme répondre à 50 % des besoins en chaleur de notre canton. Je cite un extrait de l’article mentionné : « L’énergie générée par la chaleur en profondeur se situe en bas de tableau des objectifs de l’actuelle Conception cantonale de l’énergie, mais son potentiel est important. S’il se confirme, cette source pourrait contribuer à notre approvisionnement énergétique avec une production théorique potentielle estimée à 1880 gigawattheures sur un total de 8000 gigawattheures renouvelables en 2050. » Donc, il s’agit bien de 1880 sur les 8000 dont nous aurions besoin, et ainsi d’un chauffage potentiel pour 100’000 ménages à l’horizon 2050, soit un quart de la population vaudoise. Vous trouvez toutes les informations dans la Conception cantonale de l’énergie, version 2019.

Deuxièmement, les trois premiers forages vaudois n’ont pas donné les résultats escomptés. Plus de chaleur, mais peu d’eau, à Lavey, et l’inverse à Vinzel. L’exploration reste prometteuse et les entreprises motivées. Troisièmement, au vu des investissements très conséquents nécessaires pour un forage – plusieurs millions, voire dizaines de millions – et à risque, comme le montrent les trois premiers forages, il est nécessaire que le canton vienne en complément des aides fédérales, et soutienne également la phase exploratoire, qui est un risque pur. C’est d’ailleurs le cas actuellement à Genève. Par ailleurs, le Groupe E  – il l’a annoncé en fin de semaine passée – met en pause les projets géothermiques pour des raisons de priorisation des investissements et donc pour des raisons de coût, ce qui démontre bien la pertinence de la présente motion. Quatrièmement et dernièrement, cela présente l’avantage, également pour le canton, d’accélérer la connaissance de son sous-sol, avec de grands enjeux au vu des multiples utilisations possibles. Ainsi, cette motion ne se limite pas à la géothermie, mais sans ouvrir à nouveau l’exploitation fossile. Au nom de mes trois collègues également, je vous remercie de réserver un bon accueil à cette motion. Je me réjouis de travailler en commission et d’en discuter avec vous. Il faut que ce soit fait rapidement au vu des enjeux importants que connaît actuellement le milieu de la géothermie.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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