Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 7 mars 2023, point 9 de l'ordre du jour

Texte déposé

"Dr Goethe zitiere isch wichtig, aber s’isch genau so wichtig mit öisne Nochbere uf dr andere Siite vom Röschtigrabe rede zchönne"

 

Le multilinguisme de la Suisse constitue l’une de nos fiertés les plus marquées : tant par nos quatre langues nationales que par toutes les diverses autres langues qui sont parlées par les habitantes et habitants de nos régions, la diversité linguistique est caractéristique de la culture helvétique. Une culture qui nous rend d’autant plus fiers qu’elle s’inscrit sur un territoire géographique relativement limité, de sorte qu’il est simple de passer du français à l’allemand, puis de l’italien au romanche, en quelques arrêts de train. Le Canton de Vaud lui-même borde pas moins de trois cantons bilingues, dont l’un borde lui-même le Tessin.

 

Malgré cette proximité, l’apprentissage des autres langues nationales ne suit pas toujours le cours d’un long fleuve tranquille. Au contraire, nombreuses et nombreux sont les étudiantes et étudiants qui ont passé des nuits blanches à apprendre notamment du Wortschatz à n’en plus pouvoir, afin d’espérer assurer un semblant de maîtrise en allemand. Un exercice qui, une fois confronté à la réalité de la Suisse alémanique, apparaît parfois en décalage de la réalité. Car alors que l’allemand constitue naturellement l’une de nos quatre langues nationales, et est utilisé dans un contexte officiel, la vie de tous les jours s’exprime plutôt en suisse allemand. Ou plutôt en suisses allemands, tant la diversité régionale modèle cette langue qui nous est le plus souvent inconnue. Car nos voisins maîtrisent la diglossie de façon particulièrement marquée et privilégient, dans des contextes décontractés ou familiers, le suisse allemand. Une pratique qui s’étend également au monde professionnel, où les réels contacts avec ses collègues se font également dans cette langue. Ainsi, sur le marché du travail, le suisse allemand représente la langue la plus fréquemment parlée en Suisse (63% des personnes actives occupées), suivi de l’allemand standard (34%), du français (28%), puis de l’anglais (21%) et de l’italien (8%)[1].

 

Ces dernières années, notamment suite à plusieurs objets ayant été déposés et discutés par-devant notre Grand conseil[2], le Canton de Vaud a passablement développé son offre de séjours linguistiques. C’est ainsi notamment que des responsabilités de référents-es au sein des établissements pour des échanges ont été créés et qu’une déclaration commune avec le canton de Zürich pour encourager les échanges a été signée[3]. Ces démarches, essentielles en vue d’encourager au mieux les échanges entre les régions de Suisse, ne permettent toutefois que très partiellement d’acquérir les notions de base en suisse allemand. Pire : en étant uniquement habitués à l’allemand standard, les étudiantes et étudiants au bénéfice de ces échanges peuvent se retrouver confrontés à des difficultés lors de leur séjour.

 

Plusieurs initiatives ont été développées ces dernières années dans plusieurs cantons voisins pour favoriser un apprentissage du suisse allemand, tant parmi les plus jeunes qu’à l’école obligatoire et post-obligatoire. Chaque fois avec l’objectif d’assurer au-moins un minimum de connaissances et favoriser au mieux son apprentissage futur. A ce jour en revanche, le Canton de Vaud semble rester en retrait de ces développement et continue d’axer son approche sur l’allemand – évidemment nécessaire, mais non suffisant en Suisse.

 

Dans l’ensemble, il est impératif aujourd’hui qu’une réelle stratégie liée à l’apprentissage du suisse allemand soit adoptée. Une stratégie qui devrait examiner la meilleure façon et le meilleur moment de proposer des cours de suisse allemand à l’école, obligatoires ou facultatifs. Afin, au final, que les étudiant-e-s vaudois-e-s puissent disposer des notions requises pour maîtriser non seulement la langue de Goethe, mais aussi et surtout celle de Dürrenmatt.

 

A la lumière de ce qui précède, les signataires demandent au Conseil d’Etat d’élaborer une stratégie liée à l’apprentissage du suisse allemand dans les écoles et centres de formation vaudois.

 

***

 

[1] Statistiques OFS sur les langues au travail ; https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/population/langues-religions/langues.html.

[2] Voir par exemple la Réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation Catherine Labouchère et consorts –
Mobilité des élèves pour les échanges linguistiques, que faire pour l’améliorer ? (19_INT_285) ainsi que la Réponse du Conseil d’Etat à l’interpellation Florence Bettschart-Narbel et consorts – Mobilité linguistique : pourquoi le canton de Vaud est-il à la traîne ? (19_INT_291), toutes deux de novembre 2019.

[3] 17_POS_87 : Rapport de la Commission chargée d’examiner le Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le Postulat Hugues Gander et consorts concernant les échanges linguistiques en 12ème année LEO – une pierre, deux coups ?, p. 1.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Hadrien BuclinEP
Rebecca JolyVER
Nathalie VezVER
Yolanda Müller ChablozVER
Julien EggenbergerSOC
Felix StürnerVER
Alice GenoudVER
Muriel ThalmannSOC
Laurent BalsigerSOC
Vincent BonvinVER
Isabelle FreymondSOC
Sabine Glauser KrugVER
Nathalie JaccardVER
Céline BauxUDC
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Graziella SchallerV'L
Jerome De BenedictisV'L
Alberto MocchiVER
Pierre FonjallazVER
Martine GerberVER
Patricia Spack IsenrichSOC
Blaise VionnetV'L
Andreas WüthrichV'L
Cendrine CachemailleSOC
Yannick MauryVER
Aude BillardSOC
Valérie InduniSOC
Théophile SchenkerVER
Kilian DugganVER
Anna PerretVER
Aurélien DemaurexV'L

Document

23_POS_14-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. David Raedler (VER) —

Ce postulat tient compte et s’inscrit dans la diversité linguistique de notre pays, qui se caractérise par une variété linguistique proche de notre canton. Parmi cette variété linguistique, il y a une ou des langues que l’on ne maîtrise très souvent pas, dans notre canton : le suisse allemand ou plutôt les suisses allemands. A ce titre, il est dommage, pour des raisons à la fois sociales et professionnelles, de ne pas maîtriser cette langue. Que l’on soit de temps en temps dans un canton suisse alémanique ou que l’on y réside avec l’intention de s’y établir durablement, il est utile, dans tous les cas, de parler le suisse allemand, ce qui sera utile socialement et professionnellement.

Le postulat vise à faire un rapport sur la question du suisse allemand enseigné à l’école, avec les différentes possibilités qui s’offriraient : que l’on fasse seulement une introduction, que l’on propose des cours optionnels ou que l’on introduise véritablement le suisse allemand comme une langue à apprendre ; il y a une grande marge de manœuvre. L’idée du postulat est d’examiner cette question dans un but de cohésion sociale et pour améliorer dans l’ensemble la situation linguistique des étudiantes et étudiants vaudois. Je remercie d’avance le Conseil d’Etat et les députés qui seront membres de la commission.

Mme Séverine Evéquoz (VER) —

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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