Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 30 avril 2024, point 14 de l'ordre du jour

Texte déposé

En comparaison internationale, le canton, à l’instar de la Suisse, se démarque par la bonne tenue de son industrie qui est restée créatrice nette d’emplois, comme le mentionne le rapport de prospective 2040 du Canton de Vaud. La pérennité de cet état de fait n’est pas pour autant garantie. La diversité de notre tissu économique est une garantie importante pour sa résistance aux aléas de la conjoncture économique ; et les nouveaux enjeux internationaux en matière de souveraineté d’approvisionnement, de développement de l'économie circulaire et de relocalisation de la production imposent à notre avis une attention particulière aux maintiens des diverses activités industrielles et artisanales.

 

Enjeux d’aménagement du territoire

Dans un territoire limité et économiquement dynamique, les terrains disponibles sont très convoités. Au vu de la raréfaction des terrains, les recherches d’opportunités s’effectuent désormais parfois sur des terrains affectés à l’industrie et à l’artisanat. Des acteurs industriels ou immobiliers cherchent désormais à changer l’affectation des terrains et bâtiments afin de les consacrer à des activités à plus haute valeur ajoutée ou misent sur une nouvelle affectation au logement à moyen ou long terme. Les enjeux financiers étant important, les acteurs n’hésitent plus à miser sur des plans à 10 ou 20 ans pour effectuer une bonne opération immobilière. De tels problèmes sont d’actualité dans l’Ouest lausannois et dans le cas de Vetropack à St-Prex.

 

Tendance confirmée et à corriger

Cette tendance est confirmée par les travaux sur le plan directeur cantonal 2050. La Direction générale du territoire et du logement constate que, sur le territoire cantonal, « l’offre foncière et immobilière reste globalement faible par rapport à la demande, particulièrement sur l’Arc lémanique. Dans les agglomérations et centres, la pression exercée par les besoins en logements pousse à la reconversion de zones d’activités pour l’habitat. Cela occasionne souvent une délocalisation des entreprises industrielles et manufacturières, de l’artisanat, voire de certaines activités de services. »[1]

 

Outils à renforcer

Des outils d’aménagement du territoire existent aujourd’hui pour garantir l’affectation durable d’une zone aux activités industrielles et artisanales. La loi sur l’aménagement du territoire et les constructions (LATC) et le plan directeur cantonal en vigueur scelle l’affectation de zones d’importance stratégique pour le canton, notamment en matière industrielle. Ces dispositifs doivent aujourd’hui être consolidés pour garantir la préservation du parc industriel et artisanal vaudois et permettre son développement à l’horizon non plus d’une ou deux décennies mais d’une cinquantaine d’années. A défaut de cela, la prospection des promoteurs immobiliers et la transformation des acteurs industriels en acteurs immobiliers menace grandement l’avenir des emplois industriels et artisanaux dans notre Canton.

 

Considérant ce qui précède, nous avons l’honneur de demander au Conseil d’Etat un renforcement de la LATC ou/et du Plan directeur cantonal ou la création d’un nouvel outil afin de sceller à très long terme la vocation industrielle / artisanale des terrains affectés jusqu’à aujourd’hui à ces activités, ceci moyennant bien entendu l’accord des communes concernées. Un dispositif particulier sera introduit pour les sites jugés d’importance stratégique par le Grand Conseil et le Conseil d’Etat qui serait menacés par un changement / départ d’activités.

 

[1] https://vd.pdcn.ch/fr/activites-economiques

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Florence GrossPLR
Jean-Louis RadiceV'L
Bernard NicodPLR
Laurence BassinPLR
Denis DumartherayUDC
Stéphane MontangeroSOC
Amélie CherbuinSOC
Sébastien KesslerSOC
Olivier GfellerSOC
Laurent BalsigerSOC
Rebecca JolyVER
Yves PaccaudSOC
Carine CarvalhoSOC
Denis CorbozSOC
Pierre DessemontetSOC
Florence Bettschart-NarbelPLR
Isabelle FreymondSOC
Anna PerretVER
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Nicolas SuterPLR
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Cendrine CachemailleSOC
Vincent JaquesSOC
Joëlle MinacciEP
Jean-Marc UdriotPLR
Valérie ZoncaVER
Sébastien CalaSOC
Cédric RotenSOC
Géraldine DubuisVER
Eliane DesarzensSOC
Julien EggenbergerSOC
Romain PilloudSOC
Alexandre DémétriadèsSOC
Philippe GermainPLR
Grégory BovayPLR
Monique HofstetterPLR
Nicole RapinPLR
Patricia Spack IsenrichSOC
Laure JatonSOC
Thierry SchneiterPLR
Anne-Lise RimePLR
Yannick MauryVER
Carole DuboisPLR
Sébastien HumbertV'L
Cédric EchenardSOC
Kilian DugganVER
John DesmeulesPLR
Jean-Franco PaillardPLR
Georges ZündPLR
Jean-Daniel CarrardPLR
Olivier PetermannPLR
Alexandre RydloSOC
Claire Attinger DoepperSOC
Josephine Byrne GarelliPLR
Pierre WahlenVER
Mathieu BalsigerPLR
Marc VuilleumierEP
Pierre-André RomanensPLR
Muriel ThalmannSOC
Alexandre BerthoudPLR
Jean-François CachinPLR
Vincent KellerEP
Monique RyfSOC

Document

24_MOT_26-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Arnaud Bouverat (SOC) —

Je déclare mes intérêts : je suis secrétaire régional du syndicat Unia, actuellement mandaté par les salariés dans le cadre de la procédure de consultation auprès de l’entreprise Vetropack, pour défendre leurs intérêts et le maintien des postes de travail à Saint-Prex. Comme le dit son titre, ce texte est inspiré par la situation de l’entreprise Vetropack qui envisage la fermeture de l’usine de Saint-Prex, la dernière verrerie industrielle de Suisse et le dernier maillon du recyclage et de la production de verre, en Suisse. Cette fermeture provoquerait la supression de près de 180 emplois, dans le canton, et marquerait la fin de notre autonomie d’approvisionnement en récipients en verre. L’impact économique et écologique de cette éventuelle décision serait donc majeur.

Il faut rechercher les origines d’une telle option économique. Derrière ce choix, il y a des réflexions industrielles, mais aussi et surtout des réflexions immobilières. Comme dans d’autres cas, des entrepreneurs et promoteurs souhaitent transformer des espaces, dévolus jusqu’ici à l’utilisation industrielle, afin de développer des loyers plus productifs et diminuer des charges d’emplois majeures. C’était la stratégie de Vetropack à Bülach et c’est probablement aujourd’hui aussi une partie de la stratégie de Vetropack à Saint-Prex. Ce n’est pas une fatalité ! Cette forme de spéculation immobilière menace aujourd’hui notre tissu industriel et artisanal, et favorise une tertiarisation effrénée de notre économie. Cela menace une économie de proximité qui assure l’approvisionnement du pays en biens manufacturés et concerne aussi quantité de petites et moyennes entreprises (PME) qui ne trouvent plus d’occasions de louer des surfaces afin d’y mener leurs activités. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, dans de nombreuses périphéries de communes, des garages pas du tout adaptés aux activités artisanales sont squattés pour développer un tissu économique absolument indispensable. Dans l’Ouest lausannois, des promoteurs frappent aux portes d’industries encore tout à fait fonctionnelles, pour leur proposer de juteuses promotions immobilières et le déplacement de l’entreprise ailleurs, en Suisse ou à l’étranger. Cela prouve que la stratégie cantonale de préservation des zones d’activité ne suffit plus, aujourd’hui. Il faut se décider à garantir, dans notre canton – en tout cas pour les activités les plus stratégiques – des zones industrielles et artisanales réservées, sur le long terme. Aujourd’hui, les promoteurs immobiliers n’hésitent plus à attendre dix ou quinze ans pour un changement d’affectation et ainsi réaliser une belle opération immobilière !

La présente motion, cosignée par Alexandre Berthoud, reçoit aussi le soutien de députés issus de l’ensemble de l’hémicycle. Cela atteste de la nécessité de trouver un nouvel outil, que ce soit au sein du Plan directeur cantonal, de la Loi sur les constructions et l’aménagement du territoire cantonal, ou tout autre outil utile à l’aménagement du territoire, afin de garantir la pérennité de la diversité de notre tissu industriel et artisanal vaudois.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La motion, cosignée par au moins 20 membres, est renvoyée à l’examen d’une commission.

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