Interpellation Nathalie Vez et consorts - LHC – FCC : un match science - environnement ?

Transmise au CE, 11.03.2025

Texte déposé

Le CERN, plus grand laboratoire de physique des particules au monde, travaille sur un projet de construction d’un gigantesque collisionneur de hadrons dans le sous-sol de la région franco-genevoise, avec un passage sous le Lac Léman, à une encablure du Canton de Vaud. 

Le projet consiste à construire un accélérateur de particules de 90 km de circonférence et d’environ 5 mètres de diamètre, à 200 mètres de profondeur. Ce futur collisionneur circulaire (FCC) est destiné à remplacer à l’horizon 2045 l’actuel grand collisionneur de hadrons d’une circonférence de 27 km (LHC). 

Il s’agira du plus grand accélérateur de particules jamais construit. A ce jour, seule la Chine travaille sur un projet similaire.

D’un point de vue scientifique, l’objectif n’est rien moins que de reconstituer les conditions qui existaient juste après le Big Bang ! Outre l’intérêt purement scientifique, les avancées espérées devraient permettre nombre d’innovations technologiques.

Les études de faisabilité, notamment pour définir la stabilité du sous-sol, sont en cours côté français : passage de camions vibreurs destinés à cartographier le sous-sol, forages à 400 m de profondeur, etc. Les investigations géologiques côté suisse devraient avoir lieu courant 2025. 

Ce projet d’envergure internationale devra ensuite être validé par les 24 Etats membres du CERN. Une décision du comité du CERN est prévue en 2028.

Côté suisse en revanche, s’agissant d’un plan sectoriel, le projet ne sera pas soumis à référendum. Certains n’hésitent pas à dénoncer une confiscation des droits démocratiques pour un projet d’envergure internationale mais qui sera réalisé en partie sur territoire suisse.

Or, d’un point de vue environnemental et énergétique, la réalisation de ce projet pharaonique suscite de nombreuses des réactions. En effet : 

• La construction du FCC nécessitera l’excavation de gravats et de molasses équivalant à trois pyramides de Khéops, dont on ne sait que faire.
• La construction du FCC nécessitera d’énormes quantités de béton, alors que l’on cherche activement à diminuer l’utilisation de ce matériau. 
• Le chantier (forage, bétonnage, évacuation des produits d’excavation, etc) induira le trafic de milliers de camions et de machines de chantier, source de nuisances multiples et à l’encontre des objectifs de réduction des émissions.
• Le fonctionnement du FCC consommera à terme autant d’électricité qu’une ville de 700'000 habitants (4 TWh), alors que les risques de pénuries perdurent et que l’heure est à l’efficience et à la sobriété énergétiques.
• Les impacts sur les nappes phréatiques ainsi que les risques sismiques ne sont pas encore connus, ce qui est une préoccupation d’autant plus grande que le projet sera réalisé en sous-sol d’un milieu urbain et périurbain.

Pour ces différentes raisons, des motions ont été déposées à Berne et à Genève pour exiger une étude sur les impacts environnementaux, énergétiques, climatiques et sociétaux du FCC.

Les risques environnementaux ne connaissant pas les frontières nationales ou cantonales d’une part, et le district de Nyon faisant partie du Grand Genève d’autre part, le Canton de Vaud ne saurait rester indifférent à un projet d’une telle envergure.

Au vu de ce qui précède, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

1. Comment le Conseil d’Etat se positionne-t-il face à ce projet ?

1. Le Conseil d’Etat participe-t-il aux discussions intercantonales et internationales entourant la réalisation de ce projet ?

1. Le Conseil d’Etat soutiendra-t-il l’exigence d’une étude des impacts environnementaux, énergétiques, climatiques et sociétaux liés à la réalisation de ce projet ?

Conclusion

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