Interpellation Mathilde Marendaz et consorts - Lutte contre les féminicides après les meurtres d'Yverdon : quel bilan tirer des dispositions de la LOVD et comment la renforcer ?

Auteur

Mathilde Marendaz

Date du dépôt

14.03.2023

Département pilote

DEIEP

Département en appui

DSAS, DJES

Identifiant

23_INT_38

Commission

-

Délais réponse du CE

19.06.2023

Dernière décision du GC

Transmise au CE, 21.03.2023

Texte déposé

Jeudi, la presse relatait un accident mortel, l’incendie d’une maison à Yverdon-les-Bains, plongeant dans la détresse familles, habitant-e-s d’Yverdon et les voisin-e-s proches des lieux, dont je fais partie. Quelques jours plus tard, la Police cantonale vaudoise faisait état d’un «drame familial» présumé, informant que des impacts de balles ont été retrouvés sur le corps des enfants et des adultes et une arme proche du père. Un meurtre commis par un homme contre une femme, cela s’appelle un féminicide. Il est problématique que la Police cantonale n'utilise pas cette expression claire, mais privilégie un terme vague et confondant.

 

En Suisse, l’OFS à propos des statistiques en matières de violences domestiques, recense que sur 329 homicides commis entre 2009 et 2018, 74.8% des victimes sont des femmes et des filles et 25.2% des hommes et garçons.

 

En 2021, à travers le monde, plus de cinq femmes étaient tuées chaque heure par un membre de sa propre famille, plus de 120 par jour, selon les conclusions d’un rapport de l’ONU sur les féminicides (1). Selon ce rapport, la violence contre les femmes et les filles est l’une des violations des droits de l’homme les plus répandues dans le monde. En 2021, sur l’ensemble des femmes et filles tuées intentionnellement, 56% des meurtres ont été commis par un partenaire intime ou un membre de la famille. En comparaison à ce chiffre, sur l’ensemble des homicides contre des hommes, 11% sont perpétrés dans la sphère privée.

 

Depuis plusieurs années, les combats féministes en Suisse et ailleurs ont amené une prise de conscience collective de la nécessité de nommer les violences faites aux femmes, et de nommer ce que sont les féminicides, ainsi que les infanticides. Pour combattre un phénomène de violence inégal et historique, on doit pouvoir le nommer correctement, et de cette manière, comprendre d’où il vient (2). En 2022, la Belgique se dotait par exemple d'une loi qui définissait les catégories de féminicides existants (féminicide intime, féminicide non intime, féminicide indirect ou homicide fondé sur le genre (3). Le Canton de Vaud adoptait en 2017 la loi d’organisation de la lutte contre la violence domestique (LOVD). Après les féminicides et infanticides d'Yverdon, il est grand temps de demander un bilan de l'application de cette loi.

 

1. Le Conseil d'État entend-il mettre à jour les bases légales et/ou les pratiques afin que le vocabulaire utilisé par les services pour nommer les meurtres commis à l’encontre d’une femme, soit "féminicides" et les meurtres commis sur des enfants "infanticides" ?

 

2. Quatre ans après le dépôt de revendications au Conseil d'État par la Grève féministe, quelles suites le Conseil d'État a-t-il donné aux revendications à propos des violences sexistes, notamment la création d’un Observatoire cantonal des violences sexistes et sexuelles, la mise sur pied d'une ligne téléphonique joignable toute l’année 24h/24h, la formation des professionnels, etc. ?

 

3. Le Conseil d’État prévoit-il de mener une enquête pour déterminer les failles qui ont conduit à une absence de prise en charge de la situation du féminicide et des infanticides d'Yverdon avant qu’il ne soit trop tard, avec les services en charge des situations de violences domestiques selon la loi d’organisation de la prévention et de la lutte contre la violence domestique (LOVD), à savoir le Service de protection de la jeunesse art. 6 LOVD, la prise en charge coordonnée des situations à haut risque art. 10 LOVD, la commission cantonale de lutte contre la violence domestique art.9 LOVD ?

 

4. Le Conseil d’État prévoit-il une révision de la LOVD avec une disposition de contrôle plus élevé des individus en possession d’armes, en vue de prévenir et éviter d'autres drames ?

 

5. Quels sont les chiffres que le Conseil d'État détient à propos des statistiques des infanticides ainsi que des enfants témoins de féminicides, et quel suivi prévoit le Conseil d'État à ce sujet ?

Sources :

1. https://unric.org/fr/feminicides-femmes-filles-risquent-davantage/

2. https://www.liberation.fr/debats/2020/06/10/le-feminicide-est-un-crime-de-propriete_1790871/

3. https://sarahschlitz.be/adoption-de-la-loi-stopfeminicide-la-belgique-premier-pays-europeen-a-se-doter-dune-loi-globale-contre-les-feminicides/

Conclusion

Souhaite développer

Documents

LienType
 23_INT_38-Texte déposé Intervention parlementaire

Séances dont l'objet a été à l'ODJ

DateDécision
21.03.2023 -
14.03.2023 -

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Théophile Schenker VER
Elodie Lopez EP
Nathalie Jaccard VER
Laurent Balsiger SOC
Oriane Sarrasin SOC
Hadrien Buclin EP
Pierre Fonjallaz VER
Sylvie Podio VER
Sandra Pasquier SOC
Claude Nicole Grin VER
Patricia Spack Isenrich SOC
Cédric Roten SOC
Céline Misiego EP
Nathalie Vez VER
Alexandre Rydlo SOC
Cendrine Cachemaille SOC
Joëlle Minacci EP
Claire Attinger Doepper SOC
Alexandre Démétriadès SOC
Valérie Zonca VER

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