Une ingénieure agronome qui contribue au bien-être des animaux
Quelques formations ouvrent des perspectives d’emploi au contact des animaux. Le bachelor HES en agronomie et ses spécialisations en sciences animales et équines en est une.
Marine Brand, 26 ans, rêvait de devenir vétérinaire. Passionnée de nature et entourée de toutes sortes de bêtes – des grenouilles aux chevaux en passant par les chats –, elle a grandi à la campagne dans une famille de scientifiques. Bonne élève, la jeune fille a choisi ses options à l’école obligatoire (maths-physique), puis au gymnase (biologie et chimie, physique en option complémentaire) en vue de ce projet d’études. Après l’obtention de sa maturité gymnasiale, il lui a pourtant fallu revoir son objectif. Marine Brand raconte: «Je n’ai pas réussi les tests d’aptitudes pour les études de vétérinaire. Comme je ne voulais pas perdre une année, je me suis inscrite en sciences de l’environnement à l’Université de Lausanne.» Elle n’y étudie que six mois: «C’était trop déconnecté du terrain. Ce n’est pas ce que je cherchais.»
Nouvelle voie
Nouvelle voie Tout en travaillant chez un distributeur de matériel agricole, Marine Brand s’est alors renseignée sur une alternative aux études à l’Université. «J’ai découvert l’existence du bachelor en agronomie proposé par la Haute École des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de Zollikofen, qui dépend de la Haute École spécialisée bernoise. Ce n’est pas très connu ici. Comme élève de VSB (aujourd’hui VP), je visais plutôt des études universitaires», observe la jeune femme, aujourd’hui inspectrice en matière de détention d’animaux, de transport d’animaux et d’abattages auprès de l’association privée Protection suisse des animaux (PSA). L’accès direct aux Hautes écoles spécialisées est ouvert aux titulaires d’une maturité professionnelle accompagnant un CFC spécifique. En revanche, les titulaires d’une maturité gymnasiale doivent acquérir une expérience pratique dans le domaine visé. «Je suis partie comme employée agricole dans une exploitation dans le canton de Soleure, tout en suivant un jour de cours théoriques organisé par la HAFL.» Cette expérience en immersion lui aura permis de se familiariser avec le suisse allemand tout en apprenant sur le tas les bases des métiers de la terre.Le séjour linguistique que la jeune femme avait effectué en Allemagne juste après l’obtention de sa maturité en prévision de ses études de vétérinaire lui a également été utile pour ses études appliquées à Zollikofen, partiellement organisées en français ou en bilingue. Deux ans après l’obtention de son bachelor of science, Marine Brand apprécie son choix à sa juste valeur. «En HES, c’est à petite échelle, étudiants et enseignants se connaissent tous et l’ambiance est à l’entraide. Dès la 2e année, nos projets sont basés sur des situations réelles, il y a des excursions et des visites. C’est concret.»
Passage à l’emploi
Au terme de sa formation d’ingénieure agronome HES, Marine Brand est entrée dans le monde du travail par un stage de recherche scientifique d’un an auprès d’une grande entreprise du secteur de l’alimentation animale. Motivée par le désir d’être sur le terrain, elle a ensuite présenté sa candidature pour un emploi à la PSA. L’intitulé de sa fonction, Kontrolleurin Tierhaltung, Tiertransport und Schlachtung, n’existe pas en français: elle est la seule collaboratrice francophone de la PSA. «Je travaille pour le centre de compétences Animaux de rente, avec une équipe de 20 personnes. Notre mission est d’améliorer la vie des animaux d’élevage.» Régulièrement, la jeune inspectrice se rend à l’improviste dans les exploitations agricoles produisant sous labels et contrôle les conditions de détention des porcs, des poules, des poulets et des chevaux en fonction des directives des marques. «Il y a environ 150 exploitations produisant sous labels dans toute la Suisse romande. Je suis souvent bien reçue car, pour les éleveurs, c’est un choix de contribuer au bien-être des animaux.»
Cahier des charges varié
Le contrôle des transports d’animaux, tout comme les audits des grands abattoirs en Suisse, fait également partie de son cahier des charges. «On voit des choses affreuses à l’étranger et c’est un domaine plutôt caché. Mon travail permet aux abattoirs de gagner en visibilité, et nos propositions d’amélioration sont souvent suivies d’effets. C’est dans l’intérêt de tous – consommateurs, restaurateurs, distributeurs,éleveurs –que les animaux de rente soient bien traités.» Marine Brand organise son temps de travail autour des contrôles et audits inopinés qu’elle essaie de regrouper pour rationaliser les déplacements. Son poste à 80% lui laisse encore le loisir de monter sa jument espagnole chaque jour ou presque
Corinne Giroud
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle - Vaud
Publié dans le 24 heures du 9 juin 2022