LIFT, un coup de pouce pour les élèves au seuil de la vie active
Mis en œuvre dans tous les cantons, le programme national LIFT est un partenariat entre les écoles et les entreprises visant à aider les élèves à apprivoiser le monde professionnel.
Entrer dans le monde professionnel après l’école génère parfois des questionnements, la peur de se tromper ou une incertitude quant à la voie à privilégier. Lancé en 2006 en Suisse alémanique, le projet LIFT a fêté ses dix ans de présence en Suisse romande en 2020. Son succès tient à la collaboration entre les écoles secondaires et les entreprises pour aider les élèves dans cette étape. «Chaque école a son propre projet, tout en suivant les mêmes fondamentaux», précise Aude Métral, responsable LIFT pour la Suisse romande et le Tessin, avant de poursuivre: «LIFT s’adresse aux élèves susceptibles de rencontrer des difficultés d’insertion ou ne sachant pas vers quel métier se diriger.» Pour les participants et participantes au programme, il s’agit donc d’abord de se familiariser avec le monde du travail, sans avoir forcément d’idée précise, à la différence d’un stage de découverte d’un métier. Au cours de leur 9e année, qui marque le début du cycle secondaire, les élèves présélectionnés par l’équipe LIFT en charge du programme au sein de l’école sont informés de l’existence et des principes de LIFT. Les élèves sélectionnés sur la base des critères du programme s’engagent à vivre au minimum trois expériences de trois mois, à raison de 2 à 3 heures par semaine, hors temps scolaire, entre la 9e et la 11e. Les coordinateurs et coordinatrices LIFT dans les écoles mettent à leur disposition une liste d’entreprises disposées à les accueillir, les préparent et les accompagnent tout au long de leurs expériences. Régulièrement, des réunions LIFT sont organisées dans chaque école. «Le travail de groupe est intéressant, relève Aude Métral, car il permet aux élèves d’échanger et de découvrir qu’ils ou elles vivent des situations similaires.»
De LIFT à l’apprentissage
Les écoles lausannoises sont très impliquées dans le projet LIFT. AlbertineGrisoni, enseignante dans un établissement secondaire de la capitale vaudoise, coache huit élèves en voie générale, dont Leandro, 16 ans, qui va terminer l’école cette année. «Je préfère faire des choses concrètes plutôt que rester assis sur une chaise à écouter, explique-t-il. Je m’intéresse aux voitures, et j’ai fait deux expériences en carrosserie et en mécanique. Au garage, les tâches m’ont plu. C’est très varié, et j’ai aimé aussi l’esprit d’équipe.» Motivé et sûr de son choix, Leandro a envoyé son dossier dans une dizaine de garages pour une place d’apprentissage de mécanicien en maintenance d’automobiles. Il a été convoqué à un stage de sélection dans celui où il a vécu son expérience LIFT. «J’attends la réponse», souffle-t-il. En attendant, il continue à postuler tout en préparant ses examens de fin d’études secondaires. «Leandro adécouvert la réalité de la postulation», commente Albertine Grisoni, qui a aidé son élève à revoir son CV et sa lettre de motivation, puis l’a coaché pour les entretiens d’embauche. «L’avantage de LIFT, c’est la préparation et le suivi des élèves concernés», observe la coordinatrice.
Apprivoiser le monde professionnel
LIFT s’adresse en priorité aux élèves de la voie générale, mais peut aussi aider un ou une élève de la voie prégymnasiale (VP) pour qui se frotter à la réalité du monde professionnel semble profitable, selon ses enseignants. C’est le cas d’Anabelle, élève de 10 VP dans l’Est vaudois. À 13 ans et demi, elle vit sa deuxième expérience LIFT dans le Centre d’information sur les études et les professions d’un Centre régional d’orientation. Elle y découvre les activités de documentaliste, dont le catalogage ou la compilation de statistiques. Vive et loquace, Anabelle raconte sa motivation à participer au projet. «Je me sens stressée de ne pas savoir ce que je vais faire après l’école. Mes amies ont déjà des idées, pas moi. Je sais que je vais faire des études, mais je ne sais pas encore dans quel domaine. Je me suis dit que ce serait de toute manière utile d’apprendre à faire un CV et de me préparer à des entretiens, d’apprendre comment me comporter avec des adultes.» Lors de sa première expérience, Anabelle a parcouru les différents services (administration, marketing, vente, logistique) d’un grossiste en boissons. «J’aime l’organisation», confie-t-elle. Lors des rencontres avec le groupe LIFT de son école, elle a appris à connaître les autres participants. «Nous avons des échanges sur nos stages, nous faisons des exercices pour travailler la confiance en soi, le respect, l’attention aux autres.» À la fin de chaque expérience, les élèves reçoivent une attestation qui pourra enrichir un dossier de postulation. «LIFT, c’est rassurant, ça permet de se préparer pour la suite», se réjouit Anabelle qui, pour sa troisième expérience, envisage d’aller dans un refuge de la Société protectrice des animaux. Mais elle ne s’emballe pas: «C’est très prisé.» À ce jour, près de 60% des jeunes en Suisse qui ont participé à LIFT et qui ont terminé leur scolarité obligatoire en 2021 ont trouvé une place d’apprentissage.
Corinne Giroud
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle
Publié dans le 24 heures du 27 avril 2023