Dix minutes pour convaincre et décrocher une place d’apprentissage
L’Orientation vaudoise organise des sessions de recrutement pour favoriser la rencontre entre candidats et entreprises formatrices. Zoom sur la Nuit de l’apprentissage.
Mise sur pied en collaboration avec les entreprises formatrices, la Nuit de l’apprentissage s’est déroulée en janvier dernier dans quatre écoles professionnelles du canton de Vaud. La particularité de cet événement annuel, ce sont les rencontres directes: les jeunes à la recherche d’une place d’apprentissage ont dix minutes pour démontrer leur intérêt et leur motivation à des entreprises formatrices, qui les reçoivent en entretien sans le filtre du CV. Les six candidats qui ont participé cette année à un entretien avec l’entreprise d’électricité Sedelec SA Lausanne ont tous obtenu un stage d’électricien. Le stage est une étape décisive, comme l’explique Pierre-André Gaudard, formateur chez Sedelec SA Lausanne: «Certains candidats sont parfois surpris par la variété des tâches à exécuter dans la semaine, entre les petits travaux chez les clients et les gros chantiers de construction.» Le formateur poursuit: «Je préfère engager un jeune qui a bien aimé son stage, même si ses notes à l’école ne suivent pas toujours. On pourra toujours l’aider pour les cours. Néanmoins, de bonnes connaissances en mathématiques et un esprit logique sont nécessaires pour la bonne réussite d’un apprentissage dans notre domaine.»
Retour sur une entrevue gagnante
Arrivé en Suisse il y a quatre ans, Reza Qasemi a, depuis, fait son chemin. À la fin de l’École de la transition, il s’est lancé dans la recherche d’une place d’apprentissage d’électricien. Il a pris rendez-vous avec toutes les entreprises d’électricité présentes à la Nuit de l’apprentissage 2023 à Lausanne. «J’ai reçu six propositions pour faire un stage!» se rappelle-t-il en souriant. Originaire d’Afghanistan, le jeune homme de 21 ans bénéficie d’une expérience professionnelle acquise dans son pays, où il a suivi cinq ans de scolarité avant d’entrer sur le marché du travail: «Là-bas, on travaille depuis l’âge de 13 ans. J’ai travaillé dans une fabrique de chaussures et aussi dans l’électricité.» Un domaine que Reza Qasemi connaît bien: «Mon père est électricien et je l’accompagnais parfois sur les chantiers.» Parmi les entreprises présentes l’année dernière à la Nuit de l’apprentissage, Sedelec SA Lausanne a été séduite par la candidature de Reza Qasemi. «Ce qui nous a plu chez Reza, se souvient Christian Mischler, conseiller clientèle, c’est sa personne. Je suis entraîneur de foot et j’ai vu passer des centaines de jeunes pendant quarante ans. J’ai mes propres critères. Je suis attentif au langage corporel, à l’attitude. Je laisse parler le jeune, j’observe. On aborde ensuite un autre sujet pour détendre l’atmosphère. Lors de l’entretien, Reza était attentif, me regardait dans les yeux, posait des questions. Et, en stage, il a fait preuve d’une grande maturité.» Reza Qasemi a choisi de signer son contrat d’apprentissage avec Sedelec SA Lausanne pour la qualité humaine de l’entreprise, très engagée en faveur de la relève: «La formation est importante pour notre directeur, commente Pierre-André Gaudard, Il essaie toujours de rencontrer les stagiaires et se montre accessible.»
La motivation, clé du succès
Chez Sedelec SA Lausanne, qui recrute des apprentis et apprenties dans trois métiers (installateur électricien, électricien de montage et informaticien du bâtiment), les jeunes en formation professionnelle voient de tout. Pierre-André Gaudard évoque «le dépannage chez les clients, la bricole, les chantiers locatifs, les chantiers industriels, la télématique…» Pour Reza Qasemi, cette diversité est une chance: «Ce qui me plaît dans mon métier, c’est la variété des activités et des perspectives de travail sur les chantiers, dans la planification ou comme chef de chantier.» Sur le chantier où il se trouve actuellement, Reza Qasemi travaille sous la responsabilité de Natnael Efrem. Originaire d’Érythrée, l’électricien chef de chantier a également suivi son apprentissage chez Sedelec SA Lausanne: «Quand on veut s’intégrer, il faut qu’on nous donne notre chance et qu’on sache la saisir.» Les métiers de l’électricité interviennent du début à la fin du chantier: la coordination avec les autres métiers est donc indispensable. Dès les premiers mois de sa formation, Reza Qasemi a su prendre sa place et communiquer efficacement. Son expérience du monde du travail, sa volonté et sa motivation ont convaincu: «Ce qui compte pour nous, c’est la volonté d’apprendre. C’est enrichissant pour l’entreprise d’avoir des personnes de tous horizons», apprécie Pierre-Alain Gaudard.
Corinne Giroud
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle
Publié dans le 24 heures du 14 mars 2024