De l'apprentissage à l'entreprenariat
Passionné de mécanique et de machines, Étienne Rouge a monté son entreprise de transports et terrassement avec succès.
Avec un papa chef d’atelier pour une compagnie de chemin de fer, Étienne Rouge a baigné dans la mécanique depuis tout petit. «Nous habitions dans un appartement au-dessus de l’atelier, raconte- t-il. J’y étais tout le temps fourré le soir pour réparer des vélos et des vélomoteurs. Je bricolais beaucoup avec mon papa et mon grand frère.» Si très vite la mécanique n’a plus eu de secret pour lui, au niveau scolaire, c’était un peu plus compliqué. «L’école n’était pas ma tasse de thé. J’avais de la peine à lire et à écrire. J’ai fini ma scolarité en voie terminale à option (ndlr : équivalent de l’actuelle VG niveau 1). » Intéressé par l’apprentissage de mécanicien poids lourds, l’adolescent échoue au test d’aptitudes visant à sélectionner les candidats. «L’entreprise auprès de laquelle j’avais postulé m’a tout de même engagé comme apprenti, car j’avais fait un stage qui s’était très bien passé.». Dès qu’il atteint l’âge requis, l’apprenti passe son permis voiture, enchaîne avec le permis poids lourds et obtient finalement celui pour les machines de chantier. Son CFC en poche, il effectue ses quatre mois d’école de recrue en tant que machiniste pour pelles-araignées. «Ce sont des machines spéciales, très mobiles, qui permettent, par exemple, de travailler dans des talus. J’étais passionné par ce type de machine et je les connaissais bien car mon père en avait acheté une pour refaire la conduite d’eau de son chalet à la montagne.» Étienne Rouge trouve ensuite un emploi de chauffeur de dameuse dans une petite station de ski. En parallèle, il est engagé par un patron comme conducteur de pelles mécaniques et de camions. Il alterne ainsi quelques années entre le travail en station l’hiver et la conduite en plaine l’été.
Premiers pas vers l’indépendance
En mai 2000, Étienne Rouge a l’opportunité de racheter à un bon prix une vieille pelle-araignée. «C’est à ce moment-là que je me suis dit que je pouvais me mettre à mon compte: toutes les entreprises n’ont pas ce type de machine, car elles ne sont pas faciles à conduire.» Le jeune homme part de zéro. «J’avais 22 ans et aucun réseau. J’ai écrit aux entreprises de la région pour proposer mes services. Mon papa s’occupait de la facturation. Je n’avais pas d’atelier ni rien: j’ai loué une place de parc pour pouvoir garer ma pelle. Au début, comme c’était une veille machine, je passais une heure chaque soir à la réparer après mes heures de boulot. Les débuts ont vraiment été difficiles. Je me demandais régulièrement s’il fallait que je continue ou non.» La qualité de son travail permet cependant au bouche à-oreille de fonctionner. Une année après, le jeune entrepreneur peut louer un petit terrain auprès d’une entreprise, puis, en 2002, acheter sa première pelle-araignée neuve, grâce à un crédit bancaire.
Un patron passionné
En 2004, son frère rejoint l’entreprise en tant qu’agent de transport et logistique et reprend la facturation. La même année, Étienne Rouge embauche son premier machiniste, puis l’entreprise grandit petit à petit. «A la base, je voulais être indépendant et travailler seul. Mais il y avait beaucoup de demandes et je ne voulais pas refuser du travail, avec le risque de perdre un client. C’est comme ça que j’ai commencé à engager des employés.» Aujourd’hui, Étienne Rouge est patron d’une entreprise comptant 25 salariés et 35 machines de chantiers. Il n’a cependant en rien perdu sa passion des machines et consacre l’essentiel de son temps hors du bureau. «Je m’occupe de la gestion et de l’organisation du chantier. Je vais sur chaque site voir ce qui sera nécessaire et je prépare les offres correspondantes.
» C’est également lui qui y amène les pelles-araignées. «Charger les machines sur les camions, c’est assez compliqué. Tous les conducteurs de camion ne peuvent pas le faire et sur les dix machinistes, un seul a le permis poids lourds. Mais surtout, j’aime conduire!» L’entrepreneur apprécie aussi les défis rencontrés pour certains travaux, pour lesquels il faut parfois
adapter et concevoir de nouveaux engins. «Dernièrement, j’ai combiné une pelle à chenilles avec une pelle-araignée pour en faire un outil un peu hybride. Dans ce métier, il faut être futé et passionné pour trouver des combines! », conclut-il. Bien que peu scolaire, Étienne Rouge a su utiliser ses compétences transversales dans le monde du travail. Il a développé sa propre entreprise grâce à sa capacité d’organisation et sa créativité. La voie de l’apprentissage est ainsi un excellent moyen de valoriser ces aptitudes dans des réalisations concrètes.
En savoir plus
Les personnes intéressées par la mécanique des machines et des véhicules ont aujourd’hui un large choix de formation. Cinq métiers de niveau CFC existent dans le domaine:
- Mécatronicien/mécatronicienne d’automobiles, orientation véhicules légers ou véhicules utilitaires – 4 ans de formation.
- Mécanicien/mécanicienne en maintenance d’automobiles, orientation véhicules légers ou véhicules utilitaires – 3 ans de formation.
- Mécanicien/mécanicienne en machines de chantier – 4 ans de formation.
- Mécanicien/mécanicienne en machines agricoles – 4 ans de formation.
- Mécanicien/mécanicienne d’appareils à moteur – 4 ans de formation.
Pour davantage d’informations sur ces professions: www.vd.ch/orientation
Zoé Schneider
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle
Publié dans le 24 heures du 6 avril 2023