Faire sa place dans le domaine technique

Photographie d'Amandine Cosandey
Amandine Cosandey, technicienne en technique des bâtiments: «Je suis jeune, je suis une femme, alors je dois YVAIN GENEVAY

Technicienne en technique des bâtiments, Amandine Cosandey partage son temps entre l’enseignement et son activité d’indépendante. Portrait.

A la fin de la scolarité obligatoire, Amandine Cosandey se sent un peu perdue. Elle multiplie les stages pour explorer différents métiers: pâtissière-confiseuse, bijoutière, libraire, agente en information documentaire, droguiste… Des univers variés, mais qui ne l’intéressent pas suffisamment pour s’engager sur le long terme. Son père lui suggère finalement de faire un stage en tant que projeteuse en technique du bâtiment, spécialisée en chauffage. «Je ne savais pas trop à quoi m’attendre», reconnaît-elle. Elle se laisse tenter par l’expérience, qui la convainc de se lancer dans un apprentissage.

Une formation exigeante, mais enrichissante
Durant quatre ans, l’apprentie découvre les multiples facettes du métier: le dessin, le calcul, la gestion de projet, le suivi des installations. La formation de projeteuse, axée sur la réalisation de plans et de projets d’alimentation des bâtiments en chauffage, sanitaire ou ventilation, demande de la rigueur et de l’application. «J’ai été surprise par la place des mathématiques dans le métier. À l’école, je n’aimais pas ça du tout. Pourtant, aujourd’hui, c’est une part essentielle de mon travail.» Son CFC en poche, la jeune femme choisit de poursuivre ses études et de se former en tant que technicienne ES en technique des bâtiments. Cette formation, qui permet de diriger des projets de construction et de rénovation de grande envergure pour tout type d’installation technique des bâtiments, s’effectue à l’École supérieure technique de Morges, sur trois ans, en cours d’emploi. Travaillant alors à 80%, Amandine Cosandey jongle entre ses journées de bureau et les cours du jeudi soir et du vendredi. Son expérience dans différentes entreprises en parallèle à sa formation lui permet d’aborder de nombreux aspects du métier: la conception de plans, la soumission de projets, le suivi de chantier. Elle fait ainsi l’expérience du travail en bureau d’ingénieur et en entreprise d’installation de chauffage, deux approches complémentaires. «Dans un bureau d’ingénieur, on réalise la soumission, les dessins, on fait les calculs, mais on suit moins l’exécution sur le terrain. En entreprise, on est au plus près du suivi des équipes et de l’exécution des plans.»

Transmettre son savoir
À la fin de sa formation ES, Amandine poursuit ses activités en entreprise. Des changements internes et une remise en question personnelle l’amènent alors à réfléchir à son avenir. Un poste à 50% d’instructrice pour les cours interentreprises des apprentis projeteurs se libère, et elle s’engage pour ce mandat. «Quand j’étais petite, je voulais être prof. Mais comme je n’étais pas très studieuse, j’ai vite abandonné l’idée.» L’enseignement lui apparaît aujourd’hui comme une évidence, même si les débuts ne se sont pas faits sans pression: «J’étais très anxieuse. J’ai des élèves plus âgés que moi, certains ont plus d’expérience pratique. J’ai dû apprendre à trouver ma place.» La technicienne apprécie particulièrement de voir ses élèves progresser, gagner en maturité et en compétences. «Ce qui est intéressant, c’est qu’on apprend aussi d’eux. Chaque parcours est différent, cela enrichit nos échanges.»

Vers l’indépendance
En parallèle, Amandine Cosandey décide de se mettre à son compte: la formation ES, qui aborde notamment des notions de ressources humaines et de gestion, lui a ouvert de nouvelles perspectives. «Ça a été un vrai défi. Mais monter mon bureau d’études et de conseil m’a permis de travailler comme je le voulais, de choisir mes mandats et d’organiser mon temps.» Cette liberté l’amène également à ajouter une nouvelle corde à son arc: elle se forme comme experte CECB*. Cette spécialisation lui permet de réaliser des évaluations énergétiques de bâtiments et de conseiller les propriétaires sur des solutions de rénovation adaptées. Sensible aux enjeux écologiques, elle s’efforce de proposer des transformations qui tiennent compte des spécificités de chaque bâtiment et des capacités financières des propriétaires. La question de la durabilité et de l’optimisation énergétique prend ainsi une place de plus en plus importante
dans son travail.

Milieu masculin
Le secteur du bâtiment reste largement masculin, et Amandine Cosandey en a fait l’expérience dès son apprentissage. «Dans ma volée, nous étions quatre filles sur 25, et c’était déjà beaucoup! » Encore maintenant, dans ses cours, elle observe une présence majoritaire de garçons. Dans sa pratique d’indépendante tout comme en tant qu’enseignante, elle est régulièrement amenée à faire valoir ses compétences. «Je suis jeune, je suis une femme, alors je dois d’autant plus montrer que j’ai ma place, que je suis légitime. Le regard des autres évolue, mais il faut savoir s’imposer et se faire respecter.» Aujourd’hui, à 28 ans, Amandine Cosandey continue de développer son entreprise, de perfectionner ses compétences et de transmettre son savoir. Toujours aussi motivée par son métier, elle en apprécie particulièrement la diversité: «Il n’y a pas une journée qui se ressemble. Entre le travail au bureau, les visites de chantier, les échanges avec les clients et les fournisseurs, les calculs  techniques et la gestion administrative,je suis toujours en train de m’adapter et d’évoluer.»

*Certificat énergétique cantonal des bâtiments

Zoé Schneider

Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle

Publié dans le 24 heures du 3 avril 2025

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