Elargir ses perspectives avec la maturité professionnelle

Photographie de Corentin Jaermann
Corentin Jaermann. Sa double casquette d’architecte et de menuisier lui permet d’avoir une bonne vision d’ensemble des projets et des chantiers. CELLA FLORIAN

Corentin Jaermann a complété son CFC de menuisier par un bachelor en architecture grâce à la maturité professionnelle.

Souhaitant exercer un métier manuel et physique, Corentin Jaermann a choisi de se former comme menuisier à la fin de sa scolarité obligatoire en voie générale. « J’aimais beaucoup le sport. J’avais fait un stage dans un magasin de sport, mais ça ne m’avait pas convenu » explique-t-il. Un stage en menuiserie le convainc davantage : « L’ambiance était super et le chef d’atelier a vraiment pris le temps de m’expliquer le métier. J’avais même pu utiliser une machine. » Une deuxième expérience à l’Ecole technique – Ecole des métiers de Lausanne (ETML) le conforte dans son choix. « Je m’étais aussi inscrit au gymnase, au cas où j’aurais les points pour y accéder. Ça n’a pas été le cas et finalement c’était très bien ainsi : je n’étais pas un gros travailleur et je ne pense pas que j’aurais davantage réfléchi à mes projets durant les trois ans de gymnase. » Corentin Jaermann effectue son apprentissage de menuisier en quatre ans à plein temps à l’ETML. Une fois son CFC obtenu, il découvre durant six mois différents environnements de travail lors de courts mandats comme temporaire. Les travaux de chantier l’intéressant particulièrement, il profite de faire un stage dans une entreprise de charpente, puis commence la formation complémentaire de deux ans pour obtenir le CFC de charpentier. « J’ai beaucoup aimé l’ambiance de travail, mais le travail du bois était moins présent que ce que j’imaginais. Après six mois, j’ai finalement renoncé. »

Reprendre des études
Corentin Jaermann part alors quatre mois en Allemagne pour améliorer ses connaissances linguistiques. De retour en Suisse, il décide d’entreprendre une maturité professionnelle technique. « Ça a été très difficile, car je ne suis pas un matheux dans l’âme. J’ai plus brillé dans les branches comme le français, l’histoire ou l’allemand. En apprentissage, il s’agissait de math pratiques. En matu, dès que ça devenait abstrait, c’était plus compliqué…J’ai dû m’accrocher. » Plusieurs aspects l’aident à persévérer : « Nous étions une petite classe de douze élèves, de domaines variés: informatique, automatique, construction métallique. C’était une année enrichissante, avec une super ambiance et des profs hyper passionnés par leur travail. » Corentin Jaermann met également à profit cette année pour réaliser un stage auprès d’un architecte : « Un type incroyable, responsable des travaux d’entretien au Château de Chillon et dont la vision du métier m’a marqué. » Il se renseigne sur la procédure à suivre pour être admis à la Haute école spécialisée de Fribourg ; en l’occurrence, compléter son cursus par un stage préalable de dix mois, seul le CFC de dessinateur ou dessinatrice en architecture permettant un accès direct. « Ces dix mois étaient indispensable ! Ils m’ont permis d’acquérir les connaissances de base et de confirmer mon choix. » Les trois ans de bachelor qui suivent représentent un nouveau défi : « Je m’étais inscrit en bilingue, avec des cours de math en allemand…Heureusement, la technique du bâtiment et les projets d’architecture comptaient davantage dans le cursus. J’ai passé beaucoup de temps sur ces projets : je n’ai jamais autant travaillé de ma vie ! C’était le bon moment, l’envie était là : j’avais un objectif et j’étais motivé. »

Se mettre à son compte
Son bachelor en poche, le jeune architecte est engagé dans un bureau à Bulle. « J’ai fait surtout de l’exécution. J’avais clairement envie de m’orienter vers cet aspect du métier. C’est ce qui me fait le plus vibrer, sans doute en lien avec ma formation de base : j’aime réfléchir aux détails, trouver des solutions à des problèmes concrets. » Durant cette pratique formatrice, une envie d’indépendance se fait petit à petit sentir, tout comme le besoin de revenir à des activités plus manuelles et moins routinières : « J’ai un peu de peine à être toujours au bureau à faire du dessin ou de l’administratif. Je me suis donc mis à mon compte. Grâce à la menuiserie, j’ai pu rapidement gagner ma vie avec des petits mandats. J’ai commencé à travailler en tant qu’architecte en sous-traitance pour d’anciens employeurs ou pour des amis. » Sa double casquette architecte-menuisier lui permet d’avoir une bonne vision d’ensemble des projets. Aujourd’hui, après trois ans d’indépendance, ses activités se partagent à part presque égales entre ses deux métiers. Corentin Jaermann a également trouvé un équilibre avec sa vie de famille : « J’ai de la peine à prendre de vraies vacances ; il y a peut-être trois semaines en trois ans où je n’ai pas du tout travaillé. Mais sur l’année je suis à 80%, et grâce à la flexibilité de mes horaires, j’ai pu beaucoup m’occuper de mon fils, âgé de deux ans aujourd’hui. » Le jeune entrepreneur et papa est conscient et reconnaissant d’avoir bénéficié d’un système de formation souple, offrant un large choix de possibilités. Et de conclure : « Cela permet à des jeunes qui ne savent pas encore ce qu’ils veulent faire de bifurquer ou compléter leur parcours par la suite. »

Zoé Schneider
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle

Publié dans le 24 heures du 16 mai 2024

Partager la page

Partager sur :