Bois de résonance

Bois du Risoud, 2004, photo: A.-L. Vuilloud - DR

Cueilleur de bois de résonance

Le bois de résonance sert à la fabrication d’instruments de musique.

L’épicéa rouge est recherché dans ce but depuis le XVIe siècle. Aujourd’hui, sa sélection suit différents critères. L’environnement joue son rôle: l’épicéa doit se trouver entre 1000 et 1800 m d’altitude, où le climat est stable, la croissance lente et régulière. Le terrain doit être de nature maigre, pas trop pentu, abrité du vent. L’allure de l’arbre est analysée: un diamètre d’au moins 50 cm, une hauteur de 40 m, un âge de 200 à 400 ans, un tronc vertical, des branches tombantes, pas de nœuds cachés.

Le cueilleur est à l’écoute de la forêt et perçoit l’arbre; il le frappe avec un marteau pour évaluer ses propriétés acoustiques. Les arbres sont sélectionnés avant abattage, qui a lieu au mieux à lune décroissante dans la constellation du Lion le plus tard possible en novembre. C’est alors que le verdict tombe: le cœur doit être centré, les cernes réguliers.

Entre science et instinct, seul 1 épicéa sur 10’000 sera sélectionné.

Le cueilleur d’arbres joue aussi un rôle de jardinier de la forêt, en prenant soin des jeunes épicéas. Libérer l’espace autour des pousses pour qu’elles se développent au mieux inscrit la pratique sur une échelle temporelle intergénérationnelle. L’arbre repéré aujourd’hui pourra être coupé dans deux cents ans.

La consommation indigène en épicéas de résonance n’est que de 50m3 par an, alors que les Japonais construisent plus de 100’000 pianos chaque année. Le bois se vend en Suisse entre 600 et 1000 frs/m3. Outre ce potentiel économique non négligeable, le bois de résonance vaudois peut avoir un rôle d’ambassadeur à l’étranger.

En 2013, l'épicéa le plus haut de Suisse mesurait 56,6 m. et se trouvait dans la forêt du Dürsrüti, en Emmental.

Dans le canton de Vaud

  • Massif jurassien (forêt du Risoud)
  • Préalpes (Pays-d’Enhaut ; forêt des Arses)

Menaces sur la transmission

Le cueilleur d'arbres de la forêt du Risoud est décédé récemment. Ses connaissances et son talent restent inégalés. Pour perpétuer ce savoir, il faudrait agir en 2 directions:

  • inventorier les futurs arbres de résonance
  • voir émerger des successeurs

A voir

En Suisse et ailleurs

  • Massif jurassien (canton du Jura)
  • Préalpes (Fribourg, Berne)
  • Grisons
Le bois de résonance est beaucoup utilisé en lutherie, photo: A.-L. Vuilloud - DR
Lutherie - DR
Les épicéas du Risoud sont reconnus pour leur bois de résonance, photo: A.-L. Vuilloud - DR

Bibliographie

BALLU, Jean-Marie, Bois de musique, la forêt berceau de l’harmonie, Paris, Ed. du Gerfaut, 2004.

FAVRE, Michel, "Dans le Risoud de la forêt à la guitare", in La Forêt, Soleure, Economie forestière Suisse, octobre 2010, p. 18-20.

NOVERRA, Pierre, "Epicéas haut de gamme du Jura", in Terre et Nature, Lausanne, Edipresse Publications S.A. 16 avril 2009.

PUGIN, Patrick, "Quand résonne l’épicéa", in La Gruyère, Bulle, Glasson Imprimeurs Editeurs S.A., 7 novembre 2000.

VAUTHIER, Bernard, Le patrimoine fruitier de Suisse romande, fruits d'aujourd'hui et pomologie ancienne, Lausanne, Retropomme et Bibliothèque des arts, 2011.

VULLIOUD, Anne-Lise, PIDOUX, Gilles, Le Cueilleur d’arbres, Lausanne, 24Heures, 2008.

ZBINDEN, Jürg, "Le Bois de résonance, un cadeau de la nature", in Pays-d’Enhaut, lieux historiques, lieux vivants, Rossinière, Association Pays-d’Enhaut, lieux historiques, lieux vivants, 2005, vol. 2, p. 43-74.

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