« Nous avons constaté, ces dernières années, une recrudescence de projets technologiques liés à l’art », lance Philippe Leuba, conseiller d’Etat en charge du Département de l’économie, de l’innovation et du sport (DEIS). « Nous souhaitons capitaliser sur cette masse critique qui, associée au travail de nos hautes écoles, nous permettra de dynamiser l’économie cantonale avec la création de nouvelles start-up en perspective ». Dans le même temps, le SERAC a lancé en 2019 un premier appel à projets dans le secteur des jeux vidéo, qui a connu un vif succès comme l’explique Cesla Amarelle, conseillère d’Etat en charge du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) : « Pour avoir plus d’impact dans ce secteur d’interface entre l’art et la culture d’un côté, la technologie et l’innovation de l’autre, nous travaillons ensemble à évaluer son potentiel et identifier les domaines concernés. Le but des deux départements est de développer une politique cantonale commune et de créer un écosystème. ».
Dans le cadre de ce travail conjoint, les deux services ont engagé depuis plus de deux ans une démarche conjointe sur les synergies entre l’art et la technologie dans le canton. Ils ont mandaté Caroline Kokocinski, fondatrice de la plateforme arttechs.io, pour réaliser à la fois une cartographie approfondie de ce domaine et identifier avec les acteurs en place, les opportunités et besoins en la matière, ainsi que des actions concrètes de développement. Une fiche thématique et un cas d’étude d’une entreprise à succès, Artmyn, ont vu le jour et ont été mis en ligne sur le portail vaud-economie.ch, illustrant l’intérêt pour le canton de Vaud de se positionner dans ce domaine.
« Les artistes sont des explorateurs de nouvelles techniques et de nouvelles technologies. Les entrepreneures et entrepreneurs, des explorateurs de l’innovation. Quand ces deux publics se rencontrent et associent leur créativité et leur capacité d’innovation, il en résulte une impressionnante diversité de réalisations possibles » s’enthousiasme Caroline Kokocinski. Dans le canton de Vaud, elles réunissent des productions très variées incluant par exemple des partitions interactives pour jouer de la musique en étant accompagné d’un orchestre tel Tomplay, qui totalise plus d’un million d’utilisateurs sur plus de 157 pays, mais également des scanners permettant d’authentifier et de numériser des œuvres d’art avec Artmyn, acquise fin 2021 par Invaluable, un leader du marché d’art, ou encore Furinkazan, qui développe Opticale, associant patrimoine culturel, design fabuleux et réalité augmentée, collaborant avec plus d’une dizaine d’artistes, et un taux d’engagement qui est 4 fois plus élevé que les standards du domaine ».
Fort de ce constat prometteur un nouvel appel à projets est lancé sous forme de Challenge. Intitulé QART, pour « Quand l’Art Rencontre la Technologie », il a pour but de faire émerger de nouvelles initiatives en donnant les moyens à celles et ceux qui ont des idées, de les réaliser. Les idées peuvent être soumises directement sur le site dédié http://qarts.tech
Encadré par la fondation Inartis, active dans la conduite de « challenges » d’innovation depuis 2011, cet appel à projets se déroulera en trois étapes :
· Une phase d’idéation, qui visera à recueillir un maximum de projets et permettra la sélection de cinq finalistes
· Une phase d’accompagnement, qui permettra aux cinq finalistes d’incarner leur idée dans un prototype
· Une phase d’accompagnement plus approfondie prévue pour un à deux projets lauréat(s)
Le jury chargé d’évaluer la pertinence des projets proposés est composé de 10 personnes représentantes des milieux académiques, culturels, économiques et de l’innovation.
« Rompue à l’exercice de faire émerger et d’accompagner de nouvelles idées, la Fondation Inartis sera aux avant-postes de la conduite opérationnelle du QART Innovation Challenge via son site d’UniverCité à Renens. Cela passera par la mise à disposition du makerspace Made@UC ainsi que par l’allocation de ressources humaines et financières pour s’assurer de transformer les idées naissantes en prototypes à même de faire la différence auprès de partenaires futurs », explique Benoît Dubuis, Président de la Fondation Inartis qui détaille, « L’art et la technologie sont trop longtemps restés cantonnés dans l’univers culturel pour le premier, le monde économique pour le second. Leur rencontre permet d’ouvrir de nouvelles voies à résonance artistique et entrepreneuriale ».