La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation de milliers de personnes, en particulier celles en situation de précarité. Ces personnes — des indépendant-e-s mal protégé-e-s, des salarié-e-s mal rémunéré-e-s, des sans-abri ou sans-papiers, etc.— étaient jusque là souvent invisibles, car elles passaient sous le radar des autorités et n’apparaissaient pas dans les statistiques fédérales, notamment parce qu’elles ne font pas valoir leurs droits aux prestations sociales. Le constat est alarmant, une personne sur six vit dans la pauvreté en Suisse.
Dans un tel contexte, appuyée par les autorités cantonales et en étroite collaboration avec les actrices et acteurs de la santé et de l’action sociale et ses partenaires académiques, la HETSL annonce la création d’un Observatoire des précarités dont les activités démarreront en mai prochain. C’est une occasion pour la Haute école, qui partage les préoccupations des professionnel-le-s de terrain, de réaffirmer son engagement au cœur de la société.
Pour Cesla Amarelle, Conseillère d’Etat en charge de la formation, de la jeunesse et de la culture, la pandémie a aggravé diverses inégalités et les jeunes n’ont pas été épargnés: "Nous avons vu lors du semi-confinement la fracture numérique dans les familles en situation de précarité. Beaucoup d’étudiantes et d’étudiants ont aussi été privé-e-s de leurs emplois temporaires et se sont brutalement trouvé-e-s précarisé-e-s, ce qui a conduit le Conseil d’Etat à renforcer les fonds sociaux des hautes écoles. Ce nouvel Observatoire, piloté par la HETSL, permettra d’appréhender ce type de situations inédites. Notre capacité à cerner les enjeux d’inégalités constituera certainement l’un des grands défis de notre époque".
Pour Rebecca Ruiz, Conseillère d’Etat au département de la santé et de l’action sociale, la création d’un observatoire met en lien les actrices et les acteurs du domaine, issus de différents mondes qui combattent, qui documentent et qui sont au contact de la précarité: "Il contribuera à toujours mieux comprendre les facteurs de pauvreté et de précarité et permettra d’alimenter les autorités politiques dans la recherche de mesures d’amélioration".
Aux yeux d’Alessandro Pelizzari, Directeur à la HETSL, la création de l’observatoire répond aux demandes des actrices et acteurs de l’action sociale et sanitaire vaudoise de disposer d’un instrument pour identifier et suivre les situations de précarité, largement invisibles en dehors du contexte de la crise, en phase également avec les observations des professionnel-le-s de terrain. Le Canton de Vaud disposera ainsi d’un nouvel instrument d’analyse et d’action, capable d’accompagner l’évolution des pratiques professionnelles et, plus généralement, de la société marquée par la pandémie.
Pour Caroline Regamey, responsable de l'action sociale au CSP Vaud, la documentation, le monitoring et l’analyse scientifiques doivent en effet contribuer à rendre visibles et intelligibles des problématiques de précarité identifiées par les organisations de travail social, mais qui restent dans l’ombre: cela concerne notamment les situations qui passent au travers des mailles du filet social: "Comme une sorte de pont, cet observatoire doit pouvoir relier les observations des terrains professionnels et les recherches scientifiques, sans oublier les savoirs d’usage des personnes concernées. Le but est bien sûr d’alimenter les réflexions et l’analyse socio-politique en vue d’améliorer la protection sociale".
Un observatoire des précarités sous le sceau d’un nouveau partenariat
Le fonctionnement et les priorités de l’Observatoire, définis en partenariat avec une vingtaine d’organisations du domaine socio-sanitaire, reflètent la volonté de créer un lieu non seulement d’analyse mais aussi d’échange sur l’action sociale, dans lequel les publics concernés trouveront également leur place. L’Observatoire disposera aussi bien des compétences académiques présentes au sein de la HETSL et au-delà, dans les domaines des politiques sociales, du travail social et de la santé que de celles qui sont issues des terrains professionnels. Il sera ainsi capable de réagir rapidement aux sollicitations et de fournir à moyen terme un monitoring et une meilleure compréhension des précarités et de leurs multiples causes.
Pour Emilie Rosenstein, Professeure HES associée et responsable du nouvel Observatoire des précarités, les objectifs de ce dernier sont au nombre de trois. Il s’agira tout d’abord de documenter les enjeux liés aux questions de précarités à travers la réalisation de projets de recherche. L’objectif sera de prendre la mesure des conséquences directes de la pandémie et des effets des dispositifs socio-sanitaires déployés pour y faire face, et d’offrir un suivi sur le long terme des problématiques observées. Parallèlement, il s’agira de mettre en dialogue les savoirs autour des précarités en organisant des moments de rencontre destinés à partager les expériences, et en développant des outils participatifs permettant de croiser la diversité des regards et des compétences pratiques, académiques et expérentielles. Il s’agira enfin d’accompagner les partenaires de terrain en élaborant avec elles et eux des programmes de formation continue, notamment des formations brèves, en fonction des besoins professionnels et des thèmes émergents. La démarche s’inscrit dans le cadre d’une vision stratégique que la HETSL s’est fixée à l’horizon 2025.
Un premier événement de lancement en mai 2022
Afin de joindre la parole aux actes, la HETSL et ses partenaires proposeront un premier moment d’échange en mai 2022 dans une formule "5à7". Au programme de l’événement inaugural: des mini conférences et une table ronde pour les professionne-le-s de terrain, les étudiant-e-s et le personnel des Hautes écoles ainsi que toute personne intéressée à débattre sur les thématiques principales de la précarité et lancer concrètement l’Observatoire des précarités.