Après avoir mené une carrière militaire, Jean-Daniel Henry de Mollins, seigneur de Montagny, achète en 1776 des terres au Petit-Ouchy, sur lesquelles il confie à l’architecte lausannois Abraham Fraisse la construction, de 1780 à 1783, d’une demeure qui verra ensuite se succéder d’illustres occupants, comme Madame de Staël en 1807. D’origine française, Valentin de Satgé, 1er Vicomte de Saint-Jean, devient propriétaire du domaine en 1834, date à laquelle le nom de l’Élysée est mentionné pour la première fois.
L’Etat de Vaud acquiert en 1971 la propriété qui est alors restaurée et transformée en lieu public de 1978 à 1980 par les architectes Claude Jaccottet, Ronald Gaberell et Marx Lévy. Le bâtiment est divisé en deux secteurs: le Conseil d’Etat occupe le rez-de-chaussée ainsi qu’une partie du 1er étage pour certaines de ses réunions et ses réceptions officielles, alors que les sous-sols, l’autre partie de l’étage, l’annexe et les combles sont consacrés à l’image, l’estampe et la photographie. En 1985, le Conseil d’Etat décide d’une affectation exclusivement photographique de la partie muséale, laquelle donne naissance sous la direction de Charles-Henri Favrod au Musée de l’Élysée qui connaîtra une renommée internationale.
Inscrite en note 1 au recensement architectural du canton de Vaud, la maison de l’Élysée est considérée comme l’un des plus beaux édifices du 18e siècle à Lausanne. Son architecture de style baroque a été peu modifiée depuis sa construction, à l’exception de l’ajout de l’annexe sur sa façade nord-ouest. En 2017, le Grand Conseil octroie un crédit de 100'000 francs pour des études de programmation et de planification en vue d’une nouvelle affectation des espaces libérés par le musée, transféré dès 2022 sur le site de Plateforme 10. En outre, le bâtiment fait partie des 77 constructions de l’Etat dont l’assainissement énergétique est priorisé par le Gouvernement dans le cadre de son Plan climat.
En concordance avec sa Stratégie immobilière, qui privilégie notamment la propriété plutôt que la location, le Conseil d’Etat souhaite accueillir dans la maison de l’Élysée la direction du Service des affaires culturelles (SERAC – DFJC) et l’Office des affaires extérieures (OAE – DFIRE). Deux organismes emblématiques des missions du Canton, dont les locaux loués actuellement pourront être libérés. Les futurs bureaux se déploieront principalement dans l’annexe, du rez-de-chaussée aux combles, ainsi que sur une partie du 1er étage. L’avant-projet prévoit la réorganisation et la séparation des espaces afin de créer une réception, des salles de conférences et des bureaux fermés ou ouverts.
Les espaces du 1er sous-sol (technique et dépôts) et du 2e sous-sol (salle de conférence commune) subiront peu de modifications. Très bien conservés, les combles du corps principal seront réaménagés en une vaste salle polyvalente d’une centaine de places qui pourra être mise à disposition de tiers sur demande. Les espaces réservés au Conseil d’Etat seront également peu touchés. Les sanitaires seront rénovés, les cuisines du rez-de-chaussée réorganisées et un ascenseur permettant l’accès aux PMR distribuera les différents niveaux. Desservi par le grand escalier, l’espace central du 1er étage sera remis dans son état d’origine avec ses boiseries et sa cheminée, retrouvant ainsi sa fonction de grand salon.
Inscrits comme la demeure en note 1, le parc qui l’entoure ainsi que le jardin qui les prolonge magnifiquement vers le lac resteront accessibles au public. Il sera possible également d’ouvrir l’ensemble de la maison au public, lors des Journées du patrimoine par exemple, ou d’organiser gratuitement des visites guidées comme c’est le cas pour le Château Saint-Maire.
Malgré le caractère patrimonial et la bonne tenue générale du bâtiment, les études réalisées font apparaître un important potentiel d’amélioration thermique. Pour satisfaire aux exigences d’exemplarité de l’Etat, le projet prévoit notamment le remplacement de toutes les fenêtres à vitrage simple, ainsi que le renforcement de l’isolation intérieure des murs et des toitures. Ces mesures devraient réduire de près de 40% l’indice de chaleur et les émissions de CO2.
Le crédit d’ouvrage sollicité à hauteur de 7,3 millions permettra de finaliser le projet et de réaliser les travaux de réaffectation et d’assainissement. Après la libération effective des espaces par le Musée de l’Élysée tout au long de l’année prochaine, le chantier devrait débuter en janvier 2023 pour un emménagement des entités concernées en septembre 2024.