Premier auteur romand vivant à entrer dans la prestigieuse collection de La Pléiade, Philippe Jaccottet est le quatrième auteur suisse à être publié dans cette collection après Rousseau, Cendrars et Ramuz. Conçu avec l'étroite collaboration de la poétesse éditrice José-Flore Tappy, aidée par Hervé Ferrage, Doris Jakubec et Jean-Marc Sourdillon, ce 594e volume de la Bibliothèque de La Pléiade paraît le 20 février 2014.
Cette personnalité vaudoise au rayonnement international est l’auteur d’une œuvre immensément riche, composée à la fois de recueils de poésie et de livres de prose, qui été traduite en plusieurs langues. Grand traducteur lui aussi, il a su rendre la voix de grands auteurs comme Thomas Mann, Robert Musil ou encore Rilke, et par son travail de critique, partager ses passions, en présentant les poètes romands dans la Nouvelle Revue Française et les écrivains français dans la Nouvelle Revue de Lausanne et la Gazette littéraire. Il aura ainsi exercé une influence indéniable sur des générations d’écrivains et constitue une figure majeure de la scène littéraire suisse.
Lauréat notamment du Grand Prix Ramuz en 1970, du Grand Prix de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistique en 1991, du Grand Prix de l’Académie française en 1992, du Prix Goncourt pour la Poésie en 2003 et à la fois du Grand Prix Schiller et du Mérite cantonal vaudois en 2010, il a ainsi été reconnu de son vivant tant dans sa patrie d’origine que dans son pays d’accueil.
Né à Moudon en 1925, il fait ses études à l’Université de Lausanne où, à seize ans, il assiste à la cérémonie de remise du prix Rambert à Gustave Roud : c’est C.F. Ramuz qui fait l’éloge du lauréat. Cet événement marquant est évoqué par Jaccottet lui-même dans la Chronologie publiée dans l’édition de ses Œuvres complètes de la Pléiade. Introduit dans les cercles littéraires parisiens en 1946 grâce à l’éditeur Henry-Louis Mermod, il s’est finalement établi dès 1953 dans le sud de la France, à Grignan, où se rendait également régulièrement son ami le peintre-graveur veveysan Gérard de Palézieux. Philippe Jaccottet a maintenu des liens forts avec son pays d’origine, par ses amitiés avec des écrivains, des artistes et ses liens avec les milieux de l’édition.
Patrimoine vaudois inestimable, son œuvre littéraire est présente à la Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne qui a en effet toujours fait une veille active pour acquérir ses manuscrits. Ce fonds a été complété de manière importante par une généreuse donation faite à l’institution vaudoise par le poète lui-même en fin d’année 2020.
Celui pour qui la littérature est "un choix en faveur de ce monde, un pari pour le mieux, et non une chute dans le pire" s’est éteint désormais.La disparition de Philipe Jaccottet représente une immense perte pour le Canton de Vaud comme pour la création littéraire suisse.